Alors que l’Organisation Mondiale du Tourisme débattait mi-octobre en Chine sur le tourisme durable, il semble que des citoyens aient pris cet été les devants en exposant – parfois maladroitement – leur vision du voyage « raisonnable ».
Trop, c’est trop, semblent dire ces habitants de Barcelone, Dubrovnik, Palma de Majorque, en voyant les milliers de croisiéristes et excursionnistes déambuler dans leur cité en bandes organisées. Bus tagué à Barcelone, banderoles hostiles aux touristes à Majorque, pique-niqueurs verbalisés à Venise… Ici et là, le point de bascule entre l’intérêt commercial de recevoir du monde et la qualité de vie semble avoir été franchi. Et c’est nouveau.
Le vent tourne
La faute à qui ? A certains voyageurs, c’est sûr, irrespectueux des lieux et des habitants… A la culture touristique ordinaire, nourrie par des tours opérateurs attachés à augmenter leur volume d’affaires. Plutôt qu’à soutenir le voyage responsable… Aux responsables locaux, qui n’ont pas vu le vent tourner. Ils s’escriment maintenant à imaginer des mesures palliatives (quotas de visiteurs, réservations anticipées…).
La « faute », aussi, à la croissance mondiale de la population et à celle, économique, de pays en développement. Conséquence : une classe moyenne avide de voyager émerge et des millions de nouveaux passagers se jettent dans les aéroports.
Nous voyons plutôt dans ce ras-le-bol – rêvons un peu – un avantage. Celui de faire prendre conscience, enfin, que voyager n’est pas un acte de consommation banal. Qu’il nécessite du savoir-être, de l’éthique, du respect, une forme de recul. Et que l’écoute d’un peuple et de sa culture sera toujours plus féconde que de cocher au retour d’un voyage une carte sur un atlas en disant : « ce pays, je l’ai fait ».