A Esparron et Saint-Martin-de-Pallières, dans le Haut-Var, des agriculteurs ont créé l’association « Producteurs des Pallières ». D’animations festives et gourmandes en réinvestissement de friches agricoles, le collectif s’impose comme une force de poids pour défendre la ruralité et la vie au pays.
Plaine agricole historiquement viticole et céréalière, Les Pallières se situent presque aux confins du Var, entre Verdon et Provence Verte. Loin de l’agitation des centres urbains, le lieu est paisible, voire un peu désuet pour le promeneur du dimanche qui s’aventure loin de ses pénates. Et pourtant, la vie et les projets bouillonnent. Grâce à de jeunes agriculteurs installés récemment ou issus de familles de producteurs locaux depuis plusieurs générations.
Une volonté de partager leur quotidien
De l’aveu de Claire Duval, éleveuse laitière de brebis à la Ferme des Bréguières et présidente de l’association Producteurs des Pallières, créée en 2019, « il faut dépoussiérer le métier d’agriculteur, montrer qu’on peut en vivre et faire vivre le territoire d’accueil ». L’accueil justement, c’est bien une réalité dans ce collectif né autour de verres partagés lors de soirées festives. Néo-ruraux et « souchiens » se mêlent pour inventer l’avenir de la plaine et porter des projets concrets. Chacun avec son histoire, ses bagages et ses rêves. Claire ajoute : « il nous faut prendre notre place et nous entraider. Il est plus facile de rester dans son exploitation que d’en sortir, mais ce n’est pas comme ça qu’on sera entendu et soutenu ». Et la population apprécie les festivités estivales ou les points de vente directe, renforcés par les confinements de 2020.
Animer les villages et la plaine
Même si les centres-villages paraissent endormis (encore plus en cette saison hivernale et de crise sanitaire !), la plaine est vivante. Et ses habitants sont convaincus de la richesse de leur vie au grand air. Vignerons, éleveurs, brasseurs, maraîchers, producteurs d’herbes aromatiques : ils sont tous animés par la volonté de partager leur passion et leurs produits. En 2018, c’est avec « l’envie de dynamiser le village d’Esparron » qu’ils organisent la Fête du Tonneau, fin juillet. Un vrai succès dans tout le canton, qui les pousse à poursuivre la promotion de la gastronomie campagnarde et la transmission auprès du public.
L’école devient bistro
Ça tombe bien, à Esparron, la mairie a transformé les murs de l’école communale en bistro-école. Et confié la gérance à Alima et Grégory, pour le plaisir de tous les habitants. Il y a ceux qui passent dire bonjour et prendre le petit café du matin. Le lieu s’anime aussi avec les soirées-concerts, dès que la température permet de rester sous la voûte étoilée. A Saint-Martin-de-Pallières, le bistrot de pays offre également une cuisine de terroir avec des produits locaux.
Partage, transmission et promotion du bien manger
C’est toute leur philosophie et en 2021, ils ne perdent pas espoir en prévoyant un programme riche dès le printemps (sous réserve, évidemment !). Devraient ainsi avoir lieu : « Des Pallières à l’assiette », le 18 avril, une prestation culinaire avec les produits du terroir par Grégory, le chef du bistrot-école ; « Du chœur à l’assiette », le 19 juin, un concert lyrique des élèves du Conservatoire de Manosque, avec répertoire de chants sur le thème de la gastronomie et dégustation des produits du terroir ; « Les Rendez-Vous des Producteurs », les 2, 9 et 16 juillet et 6, 13 et 30 août, un marché des producteurs, concert et assiettes-tapas au bistrot-école ; « La Fête du Tonneau, le 30 juillet, une fête patronale avec jeux, kermesse et concert-repas à partir des produits du terroir. Ainsi que d’autres projets en cours de préparation et axés sur l’action culturelle et la jeunesse.
Prendre sa place et agir collectivement
Et s’il y a bien un sujet qui les rassemble aussi, c’est la question du foncier. Entre fermage et propriété, chacun se pose la question de la pérennité de son exploitation. « Investir dans de nouvelles terres, s’agrandir, reconquérir les friches, se diversifier avec de l’accueil touristique, pourquoi pas », disent-ils. Autant de réflexions qu’ils partagent pour avancer collectivement. Ainsi, quand la mairie, la Communauté de Communes Provence Verdon, la SAFER et la Chambre d’Agriculture du Var entament un plan de reconquête agricole, ils voient l’opportunité de se faire connaître et de participer activement aux travaux.
Réussir la greffe entre néo-ruraux et souchiens
Après l’inventaire et la caractérisation agronomique des terres, des pistes se dessinent. Procédure de remise en culture des terres incultes, projet de Zone Agricole Protégée, réflexion commune sur les besoins de chaque exploitation, accueil d’autres agriculteurs pour diversifier les produits de la plaine…. autant de sujets qui méritent que les premiers intéressés soient présents et donnent leur point de vue. Selon Claire Duval, « sur ces sujets délicats, avec un certain passif dans la plaine, se parler, réfléchir ensemble, c’est mettre toutes les chances de notre côté pour réussir la greffe entre néo-ruraux et souchiens. Pour que vivent nos exploitations dans une entente cordiale ». Fiers de leurs métiers, de leurs produits et bien décidés à poursuivre la dynamique, c’est avec espoir qu’ils entament 2021. Celui de continuer à vivre et travailler dans de si beaux paysages.
Pour aller plus loin
Retrouvez les Producteurs des Pallières : la Ferme des Jovents (éleveur(se) de chèvres, fromage fermier et glace fermière) ; La Ferme des Bréguières (éleveur(se) de brebis, fromage et yaourt fermier) ; le Domaine Myrko Tepus (vigneron) ; Les Chiens d’la Casse (vigneron) ; Truc & Co (herbes aromatiques) ; Brasserie Esperluette ; Willy Bellu (plantes aromatiques) ; Benoît Florens (éleveur de brebis) ; Simon de Boisgelin (plantes aromatiques et éleveur bovin) ; Arnaud Bauduen (viticulteur) ; Maison Patoulatchie (maraîchers, arboriculteurs et transformateurs) ; Delis’Oeuf (œufs fermiers).