Le lycée hôtelier Anne Sophie Pic, à Toulon, nous a ouvert ses portes. Au menu : un potager qui s’implante sur son toit. Carine Chevrier, fondatrice de l’entreprise Sème et Récolte, est à l’origine du projet.
Clotilde Pradeau, Professeure référente du projet et Bob Bruzzese, Professeur de cuisine, nous racontent…
Commencé en 2021, le potager se concentre autour de 5 m² de fruits et de légumes, 3m² de culture d’aromatiques et 1 m² de fleurs. Dans le cadre de son entreprise, Carine Chevrier est chargée de s’occuper du jardin. C’est elle qui fournit le matériel et anime des ateliers auprès des lycéens. Et le choix de la culture en bac ne s’est pas fait par hasard. « On utilise un arrosage par subirrigation avec une réserve d’eau remplie par tube, puis l’eau remonte par capillarité », nous explique-t-elle. « L’intérêt est d’avoir de l’eau à disponibilité et de ne pas arroser tous les jours. Cela permet au système racinaire de favoriser l’enracinement profond et donc d’être plus résistant à la sécheresse. Aussi, cela sert à garder un paillage par le dessus, et de conserver la fraîcheur ».
Un potager pédagogique …
« Il s’agit d’un projet pluridisciplinaire, que j’ai relié à l’alimentation écoresponsable. Mais d’autres professeurs se servent du carré de potager, par exemple les professeurs de service, pour expliquer ce que l’on peut faire avec les eaux aromatisées », explique Clotilde Pradeau. « Et les professeurs de français peuvent trouver un thème commun et environnemental sur le sujet ».
L’accès au jardin est libre, mais un planning a été mis en place en partenariat avec Carine Chevrier. « Celle-ci vient une fois par mois pendant 2h pour expliquer les bases du jardinage et aider à planter, semer, entretenir et choisir les variétés », poursuit Clotilde Pradeau.
Les sections « fleuriste » et « cuisine » assistent aux ateliers potagers le plus souvent, mais parfois d’autres classes les rejoignent sur des thématiques particulières. Par exemple, c’est le cas des sections « barman » avec les aromatiques et les infusions.
… pour sensibiliser élèves et professeurs
« L’idée est de sensibiliser les élèves à la saisonnalité des produits. C’est aussi l’occasion de leur faire connaitre la vie d’un produit, sa fraîcheur, quelques notions de maraîchage, le coût environnemental du transport, etc… », affirme Bob Bruzzese. « Par exemple, la plupart des élèves ne savaient pas que les petits pois poussaient dans des cosses ! ».
De plus, les cours autour du potager abordent la question de l’agriculture et de la consommation locale en circuit court. Une partie sur le fonctionnement des bacs, la gestion de l’eau et les apports de la biodiversité est aussi abordée. « Les ateliers pratiques se font sur les semis, l’entretien et la récolte », précise Carine Chevrier.
Enfin, le potager sensibilise de plus en plus les enseignants. « On a commencé avec 3-4 professeurs intéressés par le projet. Doucement l’idée s’installe et les professeurs réfléchissent à l’utilisation et à l’ouverture du jardin. Maintenant une dizaine de professeurs prennent part au projet », déclare Clotilde Pradeau.
Réussir à cultiver sur quelques mètres carrés
Néanmoins, quelques difficultés subsistent. « Le principal challenge est d’arriver à une production suffisante, sur un petit espace et avec des aléas météo, pour être utilisée en cuisine. Le suivi des bacs est aussi compliqué car personne au lycée n’a de formation agricole. Enfin, il faut arriver à adapter les plantations aux besoins pédagogiques », affirme Carine Chevrier. Sans oublier les pressions exercées par les insectes, puisqu’aucun pesticide n’est utilisé !
Un bel avenir pour ce projet unique en France
« L’objectif principal est d’augmenter et d’être plus régulier sur la quantité à servir dans le restaurant. Aussi, de continuer à sensibiliser les élèves mais surtout les professeurs », déclare Bob Bruzzese. De plus, il faudrait « trouver le bon mode d’implication entre les objectifs pédagogiques et le jardin, avoir quelques bacs supplémentaires, travailler sur les plantes qui ont le plus d’intérêt et optimiser l’arrosage des structures », précise Carine Chevrier.
En effet, pour le moment les quantités produites restent anecdotiques, à peine 40 kg à l’année. Cela représente 5% de la totalité des produits cuisinés dans les restaurants du lycée. Cependant, le potager reste un très bon outil pédagogique. « Cela apporte une plus-value au lycée en termes d’image. Grâce au projet, l’établissement a pu obtenir le premier niveau de labélisation E3D (Ecole ou Etablissement en Démarche globale de Développement Durable) », affirme Clotilde Pradeau. Il s’agit d’un label développé par le ministère de l’éducation nationale pour reconnaitre les établissements scolaires engagés dans le développement durable. Un très bon encouragement pour le potager du lycée !
Crédits de la Une : Lycée Anne Sophie Pic