Protéger la côte tout en l’ouvrant au public. Tel est l’un des enjeux du Parc naturel régional de Camargue, chargé de contrôler sa fréquentation. Depuis 2012, des éco-gardes saisonniers renforcent les équipes au cœur de l’été. La sensibilisation peut aller jusqu’à la verbalisation.

Pêcheurs, plaisanciers, kitesurfeurs, plagistes, baigneurs, cabanonniers, randonneurs… Ils sont nombreux à vouloir profiter du littoral camarguais, longtemps ouvert à tous les vents faute de réglementation bien appliquée. Qui a oublié l’affaire des cabanons de Beauduc, détruits à partir de 2004 en exécution de décisions de justice confirmant leur illégalité sur le domaine public maritime ?

Près de 10 000 ha gérés par le Parc

Pour certains, Beauduc en a perdu son âme. Mais le site est désormais régulé et l’anarchie n’existe plus.

Au sein du PNR de Camargue et de son pôle Gestion des espaces naturels, Laetitia Poulet est aussi « chargée d’études faune, flore et habitats ». Crédit Philippe Bourget. (Photo de Une : pique-niqueurs à l’embouchure du Grand Rhône. Crédit Ph. Bourget)

 

La mission de surveillance incombe au Parc naturel régional (PNR). Près de 10 000 ha, propriétés du Conservatoire du Littoral, sont gérés par le parc dans le cadre d’un partenariat. Il y a Beauduc mais aussi le Domaine de la Palissade, d’anciens salins du Midi, Les They de Roustan, Le Grand Radeau, les rives du Petit Rhône, le domaine de Maguelonne… Autant d’espaces naturels fragiles sur lesquels s’appliquent des plans de gestion.

Conventions d’usage

« Nous participons avec le Conservatoire du Littoral à la définition des objectifs et des enjeux. Chaque site dispose d’une convention d’usage qui fixe notamment les règles en matière agricole et de fréquentation », éclaire Laetitia Poulet, adjointe au chef de pôle en charge de la gestion des espaces naturels.

Colonie de cygnes sur un étang du Domaine de la Palissade, à Salin-de-Giraud. Crédit Philippe Bourget

Eco-gardes financés par le Région

Aux quatre agents du PNR assermentés viennent ainsi s’ajouter depuis huit ans des éco-gardes littoraux. « Quatre sont recrutés chaque année de juin à septembre. Ils sont financés par la Région Sud PACA. Affectés à Beauduc, ils sont désormais présents sur d’autres sites », précise Laetitia Poulet. Leur rôle : sensibiliser le public au bon usage du littoral… et verbaliser si nécessaire.

Camping interdit… pas le bivouac

« Les points de friction concernent la circulation automobile sur la plage [un « sport » local désormais contrôlé, même si les telliniers ont encore le droit d’y rouler] ou le camping. Ce dernier est interdit mais le bivouac, lui, reste autorisé ». Pour faire passer les messages auprès des acteurs, le parc travaille en amont avec les associations, comme celle des cabanonniers.

Des chevaux de race Camargue en pâture, image d’Epinal du territoire. Crédit Philippe Bourget

Un comité de gestion se tient aussi une fois par an entre les usagers (plaisanciers, kitesurfeurs, pêcheurs…) et le Conservatoire du Littoral.

Piémanson sans voiture

« L’idée générale est de sectoriser les activités et de canaliser les flux », dit Laetitia Poulet. Il faut désormais marcher pour se rendre à Beauduc. Au Grand Radeau, site plus sauvage et moins accessible, la fréquentation est surtout pédestre et plaisancière. La plage de Piémanson, elle, semble débarrassée des voitures. « Les locaux retrouvent la plage de leur enfance », se félicite Laetitia Poulet.

Toilettes et poubelles en déficit

Les éco-gardes ont aussi pour mission de mener des enquêtes. Où il ressort que poubelles et toilettes font encore défaut au public… En revanche, l’ouverture en 2018 du camping Les Bois Flottés de Camargue, à Salin-de-Giraud, « a entrainé une baisse notable du camping sauvage à Piémanson ».

L’extrémité est de la plage de Piémanson, à l’embouchure du Grand Rhône. Des kilomètres de sable à préserver. Crédit Philippe Bourget

Mai à octobre plutôt que juin à septembre…

Reste que le dispositif est perfectible. La plage de Piémanson n’appartient pas au Conservatoire du Littoral mais à l’Etat (c’est le Domaine Public Maritime) : le PNR n’exerce pas de gestion directe et le rôle des éco-gardes y est plus limité. Surtout, le temps d’activité de ces gardes semble trop court. « Nous regrettons de ne pas couvrir une période plus large. Les avoir avec nous de mai à octobre serait bien mieux », reconnait Laure Bou, directrice-adjointe du PNR, responsable des pôles biodiversité, gestion des espaces naturels, élevage et tourisme.

Des taureaux de race Camargue dans une manade. Environ 18 000 têtes sont recensées sur le territoire. Crédit Philippe Bourget

Confinement et envies de nature

Car le tourisme, justement, est prospère sur les côtes de Camargue. « Le confinement a fait naître des envies de nature. La fréquentation a été plus importante cet été, avec un tourisme plus local et des gens moins habitués à venir sur nos espaces », dit Laetitia Poulet. L’intérêt de sensibiliser n’en semble que plus criant, histoire d’habituer ces nouveaux venus à un usage respectueux de la Camargue.

Une maigre végétation pousse sur les dunes de la plage de Piémanson. Crédit Philippe Bourget

Pour en savoir plus

En mer aussi !

Depuis 2019, le PNR bénéficie du projet Life-Marha (pour « Marine Habitats »), destiné à favoriser la biodiversité marine et à protéger l’environnement sur les sites Natura 2000. Deux zones de protection renforcée ont été créées. Elles visent notamment à améliorer les connaissances et à réduire les impacts sur les habitats sableux, comme le dragage ou le chalutage. Au PNR, un éco-garde marin permanent assure cette mission.

Parc naturel régional de Camargue

Mas du Pont de Rousty

13200 Arles

04 90 97 10 82

parc-camargue.fr