Les abeilles sont menacées d’extinction en Europe. Le constat, sans appel, est confirmé par une palanquée d’études scientifiques démontrant la vulnérabilité de ces pollinisateurs aux insecticides, et notamment aux fameux néonicotinoïdes. Moins d’abeilles et c’est toute la chaine alimentaire qui est menacée. Car c’est le principal insecte pollinisateur, celui qui porte le pollen aux plantes et leur permet de se reproduire
En votant en 2016 la loi Biodiversité interdisant pour 2020 l’usage de ces substances, la France avait apparemment pris la mesure du problème. Sauf que… cette loi n’interdit pas la mise en marché de nouvelles molécules. Une faille que les géants de la chimie ont bien exploitée.
En octobre 2015, leurs doléances auprès de Bruxelles avaient déjà abouti : la Commission européenne autorisait la mise en marché du sulfoxaflor, un « néo-néonicotinoïde » dont même l’EFSA, l’autorité européenne de sécurité alimentaire, soulignait qu’il présentait un risque élevé pour les abeilles.
Voilà que la France, à son tour, a cédé. L’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail) a, sans tapage, autorisé en septembre deux insecticides du chimiste Dow Agroscience, le Closer et Transform, contenant du sulfoxaflor.
Pour Europe Ecologie Les Verts, c’est « une décision scandaleuse à rebours de la loi ». Pollinis, association européenne indépendante militant pour sortir l’Europe du système agricole intensif y voit « un mépris de tout principe de précaution ». On les comprend. Et on regrette de ne pas être la petite abeille qui bourdonne discrètement dans les couloirs dorés du pouvoir afin de démêler les processus délétères qui aboutissent à ces décisions iniques. Une fois de plus, le bon sens et la conscience de l’avenir ne sont pas les valeurs les mieux partagées.
Lire aussi l’article de Bleu Tomate sur la manif du 3 novembre à Avignon. Tous les acteurs de la filière apicole se sont réunis pour sauver l’ITSAP, l’Institut de l’abeille, menacé de dépôt de bilan.