A l’heure du bilan de la récolte 2015, qualitative mais inférieure à l’an dernier, il ressort que si le bio progresse, c’est surtout l’export qui distingue les vins provençaux. Le point avec le Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence.
Avec 96% de la production AOP des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes, le Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence (CIVP) est l’acteur majeur du vin provençal. Ses chiffres ont valeur d’étalon. Que disent-ils après la récolte 2015 ? « Les volumes de production sont inférieurs à 2014, qui était une excellente année. Les pressées ont été moins généreuses en jus car il a fait très chaud. Les volumes de rosés devraient être stables, à 88% du total. Et on s’attend à une légère hausse des rouges, de 7,5% en 2014 à 8% cette année », indique Michel Couderc, responsable du service Economie et Etudes au CIVP.
Des rosés clairs, ronds, très aromatiques
Le climat, « sans accident majeur, avec un mistral favorable au bon état sanitaire de la vigne », présage d’une excellente qualité. « Les rosés seront clairs, ronds, très aromatiques. Les rouges, équilibrés », promet Michel Couderc. Et le bio dans tout ça ? Les trois départements constituent le second territoire français en surfaces cultivées, après Languedoc-Roussillon. Et le premier en proportion, avec 2 400 hectares de vignes, soit 7 à 8 % du total viticole. Un bilan a priori satisfaisant, sauf que la progression est lente. « En Provence, le marché conventionnel reste suffisamment porteur pour que les producteurs se concentrent d’abord sur leur marque avant le mode cultural », indique le responsable.
Par conviction personnelle, plus que par nécessité économique
Même si tout le monde en parle, « le vin bio ne représente que 1,2% des volumes de ventes en grande distribution ». La pénétration des vins « verts » de Provence en GDS est cependant meilleure, avec 3,2% des ventes. Mais il existe un autre frein au bio. « Si l’offre est supérieure à la demande, les prix et les marges baissent », rappelle Michel Couderc. Selon le CIVP, la conversion en bio des viticulteurs du Var et des Bouches-du-Rhône serait donc surtout dictée par une conviction personnelle, plus que par nécessité économique. Une situation différente du Vaucluse où une stratégie bio de pénétration de marché aurait conduit de nombreux exploitants à se convertir, autant par souci de rentabilité, cette fois, que par philosophie.
Provence, un mot « magique »
Car là est l’avantage différencié des vins de Provence. Un mot « magique » qui, sur son seul nom – et l’étiquette ! – aide à convaincre bien des clients, notamment à l’export. Depuis des années, le CIVP s’est engagé dans une démarche qualitative et de valorisation qui porte ses fruits. « Nous tirons le produit vers le haut. Nous travaillons sur l’image. Pour le reste, la combinaison des mots Provence et Rosé sur les bouteilles est le plus souvent gagnante », précise Michel Couderc.
Vers l’étranger, les vins de Provence auraient enregistré « 32 % de ventes en plus de janvier à fin septembre 2015, comparé à la même période de 2014 ». Et 9% de progression sur les prix. La hausse à l’export avait déjà atteint 12% en 2014. Première destination impactée : les Etats-Unis. Ils représentent désormais un tiers des ventes exports des vins AOP de Provence. « Les Américains se tournent vers des vins rosés secs, aromatiques, moins sucrés », dit Michel Couderc. Le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne sont grosso modo sur la même tendance. Peu importe que les vins de Provence soient bios, du moment qu’ils sont bons et proviennent d’une région mondialement célèbre.
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