Les Etats-Généraux de l’Alimentation au milieu du gué
Lancés par le Président de la République en juillet dernier, ces ateliers ont bouclé leur première phase le 11 octobre après le discours incisif d’Emmanuel Macron à Rungis, plutôt bien reçu par le monde agricole. Mais aussi par les représentants de la société civile, pourtant très critiques jusque là. Reste à confirmer le cap, à l’occasion de la seconde phase qui débute en novembre.
« Mieux rémunérer les agriculteurs et assurer la sécurité alimentaire », c’était l’objectif des Etats-Généraux de l’Alimentation (EGA). Un temps de réflexion partagé entre tous les acteurs. Professionnels, mais aussi associatifs et citoyens. Afin de construire collectivement des solutions nouvelles.
Un modèle en crise
Selon les observateurs, les ateliers ont mis en lumière – pour ceux qui en doutaient encore – les déséquilibres du rapport de force entre les agriculteurs d’une part, et l’industrie et la grande distribution d’autre part. Et les chiffres de la Mutualité Sociale Agricole sont sans appel : 30% des producteurs vivent avec moins de 350 € par mois, et le revenu annuel moyen s’établit entre 13 et 15 000 €.
Ces constats posés, à l’issue des quelques semaines de discussion, la désillusion avait saisi une cinquantaine d’ONG. Réunies dans la Plateforme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire, elles ont adressé au Président de la République une lettre pour exprimer leur déconvenue. Elles considéraient n’être pas écoutées et leurs propositions « évacuées d’un revers de main. » Certaines étaient à deux doigts de quitter les Etats-Généraux.
Un changement de cap ?
Mais dans son discours du 11 octobre, le Président de la République a choisi un ton offensif qui a rasséréné les sceptiques. Avec deux propositions phares, qui pourraient bien changer un modèle agricole aujourd’hui en crise.
Tout d’abord, une loi permettra que les coûts soient fixés non plus par la distribution (en fonction des marchés), mais par les producteurs, selon leurs coûts de production. Une décision qui semble de bon sens. Mais qui ne va pas de soi dans le monde agricole – exception faite du principe général d’interdiction de vente à perte.
Ensuite, Emmanuel Macron attend de la profession agricole qu’elle se structure et se réorganise. Et qu’elle monte en gamme, autrement dit qu’elle joue la qualité et les labels. Faut-il lire ici une critique de l’agro-industrie à bas coût ?
Des réactions positives
La FNSEA, syndicat agricole majoritaire, a apprécié les propositions du Président de la République, tout en restant prudente. L’organisation demande des clarifications sur les engagements et a néanmoins critiqué « le ton caricatural » d’un président « donneur de leçons ».
La Confédération Paysanne parle elle « d’un tournant de la politique agricole ». Concernant la fixation des prix, le syndicat réclamait une loi et se réjouit de l’avoir obtenue. Mais il veut rester vigilant quant à la réelle mise en œuvre des propositions.
Car tous les précédents essais de rééquilibrer les relations entre agriculteurs, industriels et grande distribution ont échoué. Reste qu’aujourd’hui, la prise de conscience d’un modèle à bout de souffle allant droit dans le mur semble se répandre, en particulier dans la société.
Un deuxième chantier s’ouvre
Fin novembre, le second chantier des Etats-Généraux de l’Alimentation va débuter. Son thème : « Une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous ». Pour les tenants d’une vraie transition agro-écologique, des solutions existent déjà et méritent d’être développées. Elles ont pour nom agro-écologie, agriculture biologique, circuits courts, commerce équitable, ou encore Projets Alimentaires Territoriaux.
Ce nouveau modèle passe par la relocalisation des systèmes alimentaires. Et la généralisation des bonnes pratiques environnementales, sociales et sanitaires.
Un chantier de bon augure à condition que la voix des partenaires de terrain soit encore mieux entendue.
Dernière minute
Vendredi 20 octobre, 4 ONG ont quitté la réunion de l’atelier 12 des Etats-Généraux de l’Alimentation. Cette réunion était la seule qui devrait traiter de l’insécurité alimentaire au niveau international.
Ces 4 associations remettent en cause « le manque d’ambition des propositions » et dénoncent » l’absence de tout débat de fond sur la solidarité internationale alors que la faim est remontée pour la première fois dans le monde depuis longtemps. » Déclaration de Clara Jamont, pour Oxfam France.
A 25 ans, elle quitte la Provence et s’installe à Bordeaux où elle exercera son métier de journaliste à la télévision régionale. Avec une préférence pour les reportages sur l’environnement qu’elle tourne en Aquitaine mais aussi dans d’autres régions et d’autres pays. De retour en Provence en 2014, elle rencontre le projet Bleu Tomate qui répond pleinement à son envie de témoigner et d’agir sur le terrain, pour les humains et la planète.
2 réponses
Bonjour, SVP : pouvez-vous écrire agroécologie en un seul mot? ceci est la reconnaissance que cette discipline est un tout! Elle englobe plus que l’agriculture, mais aussi notre rapport au monde et à la Nature. Elle place l’humain et la souveraineté alimentaire au cœur du projet. Très cordialement. Caroline PIERRET
Bonjour Caroline, merci pour votre remarque. Allons-y pour agroécologie, même si le tiret n’enlevait rien -dans notre esprit- à une agroécologie globale !:-)
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *
Gérer le consentement aux cookies
Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons AU MINIMUM des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données de visites du site, pour pouvoir nous envoyer un message via formulaire... Il n'y a aucun but publicitaire sur ces cookies techniques. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.
Fonctionnel Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’internaute, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou la personne utilisant le service.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’internautes afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’internaute sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.
2 réponses
Bonjour,
SVP : pouvez-vous écrire agroécologie en un seul mot? ceci est la reconnaissance que cette discipline est un tout! Elle englobe plus que l’agriculture, mais aussi notre rapport au monde et à la Nature. Elle place l’humain et la souveraineté alimentaire au cœur du projet. Très cordialement.
Caroline PIERRET
Bonjour Caroline, merci pour votre remarque. Allons-y pour agroécologie, même si
le tiret n’enlevait rien -dans notre esprit- à une agroécologie globale !:-)