L’info est arrivée sur notre messagerie au milieu du mois et on a cru à une demi-plaisanterie. Une société française propose ni plus ni moins de développer un système de voyage par procuration grâce aux outils de réalité virtuelle. Et d’avancer dans son communiqué de presse les arguments en faveur de cette solution : « La réalité virtuelle donne la possibilité de voyager dans le monde entier sans danger » ; « Ceci constitue une solution à la surfréquentation des sites » ; « Permettre aux voyageurs de visiter n’importe quel endroit sans partir de chez soi » ; « On peut ressentir le soleil, le sable et la mer sur son canapé »…
Soit le voyage désincarné et aseptisé. La chaleur des tropiques depuis son salon. Le Machu Picchu en buvant sa bière. Un safari après la douche du soir… Ils n’est pas écrit que cela pourrait être aussi un moyen de faire voyager les pauvres incapables d’acheter un billet d’avion pour les Antilles ou la Polynésie mais c’est tout comme…
Tourisme par procuration
Quant à se parer d’une vertu « écolo » (éviter la surfréquentation), belle hypocrisie. L’argument fallacieux masque surtout le souhait de la start-up de trouver toutes les – mauvaises – raisons pour vendre sa solution technologique.
Certes, on ne peut reprocher à une entreprise de vouloir trouver son marché. Nous savons aussi que la réalité virtuelle est un outil d’aide à la décision pour des voyageurs indécis quant à leur destination – le Club Med permet ainsi à ses clients en agences de rentrer dans l’intimité d’un club grâce aux casques de réalité virtuelle, avant de faire leur choix.
Mais de là à remplacer le voyage lui-même par un déplacement par procuration, il y a un gouffre. Que devient l’expérience de la rencontre, le ressenti, l’émotion, le toucher ? Ou passe l’excitation de préparer son voyage, celle de voir la date de départ approcher ? Que fait-on des souvenirs et des moments partagés ensemble lorsqu’on visite une région, un pays, en famille ou avec des amis ? La communication choisie est a minima maladroite. A moins qu’il s’agisse de provocation ?
Connexion avec les peuples
On est tout à fait conscients des excès du tourisme industriel et de ses répercutions néfastes sur l’environnement. Celui qui n’a pour objet que de remplir des avions et des hôtels sans établir de connexion avec les peuples et la culture des pays visités n’est pas notre tasse de thé.
Alors, que la techno soit au service de la santé, des personnes isolées voire de la sécurité, d’accord. Mais qu’elle tue dans l’œuf la relation humaine dans un monde qui en manque déjà terriblement nous parait proprement hallucinant. La réalité virtuelle n’est pas l’avenir du tourisme.
Photo : Crédit Best VR Apps Digital Trends
Seul usage positif, l’accès à des lieux normalement inaccessible à des personnes âgées ou impotentes, dans l’incapacité de se déplacer elles-mêmes…
Oui, vous avez raison, cet aspect là nous avait échappé et semble bien le seul à justifier un tel tourisme « hors sol ». Bien à vous. La rédaction.