Écouter la parole des jeunes et les accompagner sur les méthodes afin qu’ils confirment leur rôle d’acteur d’un territoire inclusif et durable, tel est l’objectif du projet TiDE! Portée par l’Union Nationale des Maisons Familiales Rurales (MFR) avec la Fédération Régionale des MFR de Provence, cette expérimentation nationale se déploie en Luberon Haute-Provence. Décryptage.

Qu’il s’agisse d’éco-citoyenneté, mobilité, inclusion, accès à la culture, écologie…tous les sujets sont permis, la parole est ouverte. Mais comment fédérer les jeunes, comment les mettre en confiance ? « Nous sommes partis des besoins identifiés, explique Ronan Devaux, animateur territorial. Un exemple très parlant est l’orientation. La plupart des jeunes a des vraies interrogations, beaucoup d’entre eux tâtonnent. Notre défi a été comment en parler autrement… comment sortir du cadre scolaire et éviter les raccourcis ? »

Sortir des cases

Ainsi, TiDE!, c’est-à-dire « Territoires ruraux Inclusifs pour le Développement durable en Europe », propose aux jeunes des ateliers d’intelligence collective pour prendre le temps d’aller jusqu’au bout de la réflexion. Les MFR, établissements scolaires privés sous statut associatif (loi 1901), sont notamment au cœur des dispositifs qui ont permis de se former à un nombre de jeunes qui ont peu d’option en dehors de la voie scolaire classique.  « Pour sortir des cases, les animateurs posent des questions qui ne sont pas forcément confortables mais qui finissent par libérer la parole et faire ressortir les envies et les rêves les plus profonds. L’étape suivante est la prise de conscience que, oui, même en étant jeunes en zone rurale, il est possible d’agir », revendique Ronan.

C’est d’ailleurs le credo de Lou Gineste, fondatrice et co-présidente de l’association JAIM, qui anime un des ateliers du projet. « Ce n’est pas parce qu’on est jeunes que l’on ne peut rien faire », affirme-t-elle haut et fort. « Du haut de ses 23 ans, Lou a une connaissance approfondie du fonctionnement des financements européens. Elle porte un projet par les jeunes et pour les jeunes pour leur dire que, si on a une idée, les moyens de la mettre en forme et de la développer existent, même en milieu rural ! », précise Ronan.

Ronan Devaux, animateur territorial en charge du projet TiDE! © TiDE!

L’Europe n’est pas une terre lointaine

Au lendemain des élections européennes, l’ambition de TiDE! est aussi de montrer que les actions de l’Europe peuvent toucher les jeunes de façon très pratique. « L’Europe semble toujours empêcher quelque chose, constate l’animateur, alors qu’elle en permet beaucoup d’autres. Les fonds LEADER, notamment, financent des actions concrètes avec une portée très positive. Cela vaut le coup de s’investir pour enrichir le rapport entre les politiques nationale et européenne ! »  Parmi les actions phares évoquées, il y a notamment l’InterRail pour lequel chaque pays finance des billets de train pour que les jeunes puissent voyager gratuitement à travers l’Europe. « Peu de jeunes finalement sont au courant de cette opportunité, précise Ronan. Mon poste est financé à 100% par le fond LEADER et, si les ateliers TiDE! se passent, c’est grâce à l’Europe ». C’est notamment le Programme LEADER, porté par le GAL Haute Provence Luberon (Groupe d’Action Locale) avec le concours du Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural et celui de la Région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui finance cette expérimentation.

Les participants au 1er atelier TiDE! 2024 © TiDE!

Grand forum en octobre

Avec ses 8 ateliers, le projet va fédérer 200 jeunes en direct, avant d’aboutir à un grand forum de restitution en octobre. L’objectif ici est de toucher toutes les jeunesses du territoire pour capter également ceux qui sont sortis de tous les radars. « Pour cela, il faut les rejoindre sur leur terrain, explique l’animateur. Si je leur demande de venir tout de suite dans mon univers c’est trop pour eux. C’est moi qui dois faire l’effort d’aller dans leur terrain pour les amener dans l’espace de la rencontre, affirme Ronan. Pour briser la glace, par exemple, je suis partisan de parler leur langage, de les interpeller avec des choses qu’ils aiment. Si cela doit passer par un goûter gratuit à base de bonbons, soit. Une fois qu’ils se sentent vraiment écoutés, ils libèrent leur parole… »