Le procédé est simple, peu onéreux, naturel et efficace. La chaleur du soleil est captée le jour et restituée la nuit. Les serres bioclimatiques se multiplient dans la région. Visite à Pernes-les-Fontaines (84) avec des candidats à l’installation.
Emilie Barde s’est installée il y a trois ans à la ferme L’alchimie des plantes. Elle produit des plants vendus aux particuliers, sur les marchés et à la ferme, et des plantes aromatiques. Elle a choisi une serre tunnel, « c’était le moins cher » sourit-elle. Pour mettre toutes les chances de son côté, elle l’a transformé en serre bioclimatique.
Sur une partie du tunnel, (150 m2 sur les 250 m2 de surface), elle a placé sur deux niveaux un millier de bidons de 20l achetés ou récupérés chez les piscinistes. Coût 2 000€. Remplis d’eau, ils captent les rayons du soleil dans la journée et restituent la chaleur la nuit. Sur les bidons, elle dispose les tablettes contenant ses plants.
Moins de pertes dues au gel
« J’en suis super contente, s’enthousiasme la jeune pépiniériste. Être hors gel toute l’année, c’est une sacrée sécurité, la nuit je dors tranquille, pas de réveil ! Les bidons j’y touche plus, ils sont remplis une fois pour toutes».
L’eau est en effet la meilleure masse thermique. Résultat ? Toutes les serres bioclimatiques de la région sont hors gel, même en altitude. Elles affichent un gain de 5 à 8° de différence la nuit entre intérieur et extérieur. Dans une serre sans aménagement, c’est plutôt 2°.
Chez Émilie, durant l’hiver 2021/2022, l’écart de température entre la serre bioclimatique et l’extérieur, la nuit la plus froide (-6°), a été de 13°. Entre la serre bioclimatique et la serre témoin, l’écart était de 8°.
Voile thermique
Pour réduire les pertes thermiques, la serre bioclimatique doit être isolée. Ici une cloison sépare la partie de la serre non chauffée. Un voile thermique est étendu au plafond et sur les parois. Un investissement de 1200€ pour 300 m2 de filet d’ombrage.
Émilie a alors un peu de travail, mais il n’est pas très pénible. « Tous les matins j’ouvre le toit, les côtés et le sas, et je gère en fonction de la météo. J’ai de bons retours des clients, les plants de tomate, de persil ou de basilic sont costauds ! ».
Convaincre de futurs adeptes
Parmi les visiteurs du jour, Olivier Duguay et son fils Nicolas. Installés en Gaec à Pertuis, ils produisent du maraîchage et des plants dans une serre tunnel, eux aussi. Curieux et séduits par le procédé et son investissement réduit, ils projettent d’aménager leur serre en bioclimatique dès cette année. Objectif : être hors gel toute l’année. Samira a un projet d’installation. Elle a travaillé dans une serre. Ce qui l’intéresse ici, c’est le côté zéro carbone et les méthodes naturelles.
Réduire la facture énergétique régionale
Car les serres représentent un poste lourd de la dépense énergétique de l’agriculture en Provence Alpes Côte d’Azur, avec le besoin de froid pour la vinification et la conservation en chambres froides. Selon un diagnostic paru en 2015*, notre région consomme 14% d’énergie de plus que la moyenne nationale. La serre bioclimatique apparait comme une bonne alternative.
C’est en tout cas le credo du GERES qui promeut et accompagne ces techniques en PACA mais aussi dans le monde entier. Ici, avec le concours du GRAB (groupement de recherche pour l’agriculture biologique) et du bureau d’étude Agrithermic.
Serres tunnel mais aussi serres chapelle ou serre en dur (plus onéreuses) : toutes se prêtent à l’installation bioclimatique. Altitude, conditions pédoclimatiques et budget du producteur conditionnent les choix et les modalités de l’installation. L’ADEME et la Région financent le GERES dans ces actions de réduction des gaz à effet de serre.
Aujourd’hui douze serres bioclimatiques sont en production dans la région. Intérêt ? Réduire la production de gaz à effet de serre à partir d’énergies fossiles, s’adapter au changement climatique et préserver l’environnement.