Les premières Rencontres nationales des fermes municipales ont eu lieu les 20 et 21 juin dans la cité des Alpes Maritimes. Pionnière de l’alimentation bio et locale, grâce à sa régie agricole, Mouans Sartoux étudiée, visitée et imitée assume son rôle de locomotive auprès des acteurs des territoires.
Gilles Pérole adjoint à l’enfance, l’éducation et l’alimentation est l’homme-orchestre des Rencontres. A l’issue de ces deux journées d’échanges, il se dit heureux de cette initiative souhaitée depuis de nombreuses années. Près de 140 personnes réunies, représentant plus de 40 collectivités, communes, Parcs naturels régionaux, départements ou EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale).
La force du réseau
« Tout le monde a pris plaisir à partager et voir qu’ensemble, on peut trouver des solutions plus fortes et plus vite, c’est la force d’un réseau, constate Gilles Pérole. L’enjeu est de porter des politiques publiques de l’alimentation ambitieuses, au service de la restauration collective mais aussi de tous les habitants ». Car pour l’élu, créer des fermes municipales, c’est beaucoup plus que produire –grâce à des employés communaux maraîchers- des légumes bio pour la cantine.
« C’est porter un projet territorial d’alimentation, avoir une action écologique et environnementale, préserver du foncier agricole, de la biodiversité, la qualité de l’eau et de la terre poursuit l’élu. C’est aussi lutter contre le réchauffement climatique ». En France, l’alimentation représente en effet près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. En changeant notre manière de manger, on agit positivement sur le climat.
Réfléchir à une autre PAC
Et ce n’est pas tout. En rémunérant justement les maraîchers, les collectivités assument un surcoût (à Mouans Sartoux, il est de 40%) sur le prix des légumes. Mais cet effort financier couvre aussi de nombreux services rendus. A l’environnement, mais aussi à travers tout le volet pédagogique et éducatif auprès des scolaires et de tous les habitants.
Pour Gilles Pérole, tous ces services sont des gains, et il souhaite réfléchir à ce que pourrait être une autre PAC. Aujourd’hui, la politique agricole commune aide principalement à la production. Elle pourrait aussi rémunérer les services environnementaux et de sensibilisation à l’alimentation durable.
Convaincre l’État et l’Europe
« Les agriculteurs auraient une meilleure rémunération et on avancerait plus dans les politiques publiques. C’est ce qu’on essaie de faire à une toute petite échelle dans nos communes. On part du local et on espère que ça va aller au global, à l’Europe » s’enthousiasme l’élu.
Pour autant, il ne souhaite pas forcément une gouvernance nationale de ces enjeux portés par les territoires et leurs spécificités. Mais plutôt un financement et un accompagnement des projets, plus conséquents et plus réguliers. Autre enjeu, l’évolution de la réglementation européenne sur l’alimentation bio et locale. Des politiques qui se font attendre. « On est dans une période trouble, constate Gilles Pérole. Heureusement que les collectivités agissent pour la santé, la biodiversité, le climat et l’environnement ».
Un combat quotidien qui dépasse le simple fait de bien manger.