pour l'avenir du foncier agricole

2/ La reconquête des friches

Après l’inquiétude de la SAFER PACA sur les ventes de part sociales, autre enjeu, autre échelle. Dans le Luberon, les acteurs ont lancé une action de récupération des friches. Sur une quinzaine de communes, 1 000 hectares pourraient être remis en culture. Un projet soutenu par l’Europe et la Région.

Paradoxe apparent : sur le territoire de l’agglomération Luberon-Monts-de-Vaucluse (LMV), les parcelles en friche sont nombreuses. Et la recherche de foncier par de jeunes candidats à l’installation l’est tout autant !

l'avenir dans la reconquête des friches

Depuis les Monts de Vaucluse, une plaine agricole où les parcelles en friche sont nombreuses-©J.B.

Voilà donc le projet « Reconquête des friches » lancé et doté d’un million et demi d’euros ! De nombreuses fées se sont penchées sur son berceau, de l’Europe à la Région et à l’association Terre de Liens en passant par le Parc naturel régional du Luberon, la Chambre d’agriculture du Vaucluse et bien sûr les communes. Et aussi plusieurs caves coopératives du territoire.

1000 hectares sur 10 communes

Objectif : remettre en culture des terres abandonnées, soit en les vendant, soit en les louant. La SAFER Vaucluse en a repéré 1 000 hectares. La Chambre d’agriculture du Vaucluse procède donc à un recensement précis et une étude fine des caractéristiques de chacune des parcelles éligibles (de la nature des sols aux conditions d’accès ou d’irrigation)… Un ordre de priorité est établi et contact est pris avec les propriétaires.

vignes abandonnées sans avenir

Reconquérir les vignes abandonnées-©J.B.

L’idée est de leur demander quelle est leur intention : vente, location… ou rien ? Dans les deux premiers cas, seulement, l’opération peut être poursuivie. Après l’intervention de la SAFER et recours à Terre de Liens, les parcelles peuvent être achetées par des agriculteurs ou par les caves ou encore par l’agglomération LMV. Et louées à des producteurs.

Parallèlement à ce travail, des démarches en aval de la filière sont conduites, notamment par le Parc du Luberon. Producteurs en circuits courts, magasins de producteurs, il s’agit de recueillir les besoins afin d’adapter les installations à la demande. Objectif : la vente en circuits courts de produits locaux.

Bilan après quelques mois ?

La Chambre d’agriculture a identifié 190 ha de friches à mettre en culture en priorité, sur les communes de Cabrières, Lagnes et Maubec. A Oppède, un maraîcher s’installe sur 3 ha, et un éleveur de volailles sur 1.4 ha à Cabrières. A Robion, c’est l’agglo qui achète 2.5 ha de vignes qui seront louées à un viticulteur de la cave de Maubec.

l'avenir des friches

Un millier d’hectares de friches recensés sur 10 communes de l’agglo LMV ©J.B.

L’opération « friches » doit durer 3 ans, trop court estiment certains acteurs, qui souhaitent qu’elle soit reconduite. Même si les résultats resteront sans doute modestes. Notamment au regard des efforts entrepris, de la complexité et de la sensibilité du sujet du foncier. Néanmoins, chacun s’accorde à la trouver pertinente et intéressante.

Des contradictions demeurent

Autre point positif, l’engagement des élus. Une bonne nouvelle pour les tenants de l’alimentation locale et des circuits courts. A condition qu’ils ne s’installent pas dans une attitude paradoxale :  en continuant par exemple à bétonner des terres  fertiles au profit de zones urbaines et commerciales. Rappelons à ce sujet que l’agglomération LMV porte à Cavaillon le projet de la ZAC Natura’Lub, contesté par de nombreuses associations, réunies au sein du Collectif Sauvons Nos Terres 84. (lire les articles Bleu Tomate ici et ).

Terrains en friche à Cavaillon promis à l'artificialisation

A Cavaillon, ces friches en bord de Durance ne sont pas concernées par l’opération « reconquête » de l’agglo ©J.B.

Le travail collectif d’un grand nombre d’acteurs, publics et privés est aussi porteur d’espoir. Et puis la reconquête des friches est une victoire : pour les paysages, la richesse des sols et la vitalité des territoires, comme pour la relocalisation des productions. Et donc pour la bonne santé des consommateurs et de la planète.


Pour aller plus loin

la SAFER PACA cherche du foncier/ La SAFER PACA

Société anonyme sans but lucratif mais avec missions d’intérêt général, la Société d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural a près de 60 ans et 4 missions : 
-elle assure la transparence du marché foncier rural
-elle contribue à la protection des espaces agricoles, naturels et forestiers
– ainsi qu’au développement d’une agriculture dynamique et durable
-elle préserve les ressources naturelles et les paysages. 
La SAFER PACA couvre les 6 départements  et emploie  90 salariés.

/ Reconquête des friches : comment ça marche ?

12 communes étudiées, 3 sites pilote identifiés, Lagnes, Cabrières et Maubec, après un travail précis d’études et de cartographie. Objectif : connaître les qualités agricoles ou viticoles des parcelles. Une quinzaine d’acteurs économiques –dont les caves coopératives – sont sollicités pour cibler leurs besoins et débouchés commerciaux. Ce travail fera l’objet d’une synthèse. L’idée est que la remise en culture des terres soit durable. Qu’elle consolide les filières en place et celles en devenir. Qu’elle favorise le maintien et l’installation des agriculteurs sur le territoire.

du foncier perdu, les friches

Open Friche Map, l’appli pour recenser les friches de la SAFER PACA

/ Aux friches, citoyens !

Parce que la question de la reconquête des friches concerne tout le monde, le public est invité à y participer. Deux outils existent.

-Pour l’opération « reconquête », les acteurs ont mis au point un quizz sur la question des friches. 
Pédagogique et amusant, il balaie allègrement bon nombre d’idées reçues. Accessible depuis le site de la Communauté de communes, il sera bientôt visible chez tous les acteurs concernés, et sous forme de flyer, distribué dans tous les événements et RV agricoles de la région (quand la Covid le permettra). 

-A la disposition du public, la carte interactive qu’a créé la SAFER PACA « Open Friches Map », téléchargeable depuis le site ou en cliquant ici
Concrètement, chacun peut télécharger l’application. En balade, hop ! une parcelle semble en friche ? Le citoyen concerné se situe grâce au GPS du téléphone et « tague » la parcelle. Il peut la qualifier (pré, terre, vigne…) et même adresser une photo. Le tour est joué, et la base de données de la SAFER enrichie !