Reconnue internationalement pour ses bienfaits, la diète méditerranéenne est cependant menacée par la standardisation et l’industrialisation de l’alimentation. En Provence Alpes Côte d’Azur, beaucoup s’activent à la remettre dans les assiettes. Exemple avec le PNR du Luberon, pionnier en la matière.
Ce que l’on a nommé « le régime crétois », ou la « diète méditerranéenne » est basé sur un apport énergétique modéré, beaucoup de légumes et de légumes secs, de fruits, ainsi que des céréales – peu raffinées – peu de viande et de poisson, encore moins de viande rouge, du vin modérément, et très peu de sucreries.
La santé humaine et environnementale
Un régime qui a prouvé ses qualités pour les humains : plus grande longévité, moins d’obésité, de maladies cardio-vasculaires et de cancers. Mais aussi pour l’environnement et ses ressources. « C’est clair que cette alimentation méditerranéenne, basée sur une production locale et bio, à base de végétaux et peu transformée a moins d’impact sur l’environnement », explique Denis Lairon, nutritionniste et directeur de recherche émérite à l’INSERM.
En Espagne et en France, des études récentes ont montré qu’elle réduit la consommation de terre, d’eau et d’énergie et la production de gaz à effet de serre, de 23 à 72% selon les indicateurs.
Reconnaissance mondiale
A tel point d’ailleurs que l’Unesco a reconnu ses bienfaits. L’organisme l’a inscrite en 2010 sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité. Quant à l’ONU, qui a déterminé 17 objectifs pour lutter contre les fléaux mondiaux, elle a noté dans son 12e objectif : la consommation et la production durables.
Un PNNS offensif…
Enfin, le dernier Programme National Nutrition Santé (2018/2022) a inscrit les préceptes de la diète méditerranéenne dans ses recommandations. En plus des légumes et fruits – et pour la première fois – les légumineuses et les fruits à coque sont recommandés. Viande, poisson et laitages doivent être moins consommés, et les céréales peu raffinés ou complètes. Enfin, le PNNS recommande de privilégier l’agriculture bio. Car, là encore études à l’appui, la présence de pesticides dans la moitié des végétaux conventionnels est dommageable pour la santé et l’environnement.
…Mais des recommandations discrètes
Ces préconisations vont tout à fait dans le sens de la diète méditerranéenne. Problème : aucune communication n’a accompagné la publication du Programme. Ni envers le grand public, ni envers les institutions, ni envers les professionnels de la santé et de l’alimentation. Un état de fait que déplore Denis Lairon.
Des progrès sur le terrain
Le territoire de la région PACA se caractérise par une multiplicité de producteurs et de produits locaux, une riche biodiversité, ou encore le désir de tenir compte de la nature. Et les surfaces en bio – près de 30% de la Surface Agricole Utile- sont quatre fois plus importantes que dans le reste de la France. Un atout supplémentaire pour une bonne alimentation.
Un peu partout, les acteurs de terrain mettent en place des Projets Alimentaires Territoriaux. La prise de conscience avance. De quoi encourager toutes celles et ceux qui se battent au quotidien pour défendre une alimentation qui a fait ses preuves.
Dernier ouvrage de Denis Lairon
« Manger sain et durable, de notre assiette à la planète » Editions QUAE INRA 2020
« Le Luberon, une montagne de santé »
Zoom sur le Projet Alimentaire Territorial du Parc Naturel du Luberon
Le territoire du Parc (77 communes sur deux départements, le Vaucluse et les Alpes de Haute Provence), consacre 30% de sa surface à l’agriculture. Près de 2 000 agriculteurs, dont 23% en bio y produisent à peu près toutes les composantes de la diète méditerranéenne. Des productions de qualité, officialisées par 13 AOP/IGP.
Ce patrimoine agricole exceptionnel a conduit les responsables du Parc à définir dans sa charte l’agriculture comme « un enjeu de développement durable » et à développer un Projet alimentaire territorial.
Le PAT se décline suivant plusieurs axes :
Dès 1981 les marchés paysans répondent à la demande conjointe des producteurs et des consommateurs de vente directe. Aujourd’hui 150 lieux de vente collective existent sur le territoire et 8 magasins de producteurs.
Côté production de qualité, le Parc lance dans les années 2000 une filière panicole. Tous les acteurs recherchent et analysent les variétés anciennes. Aujourd’hui la filière « pain paysan bio » est active et 10 paysans-boulangers y travaillent.
La Thomassine
A Manosque, la Maison de la Biodiversité conserve, entretient et développe un verger de variétés anciennes. Elle travaille avec un réseau de producteurs et d’associations qui plantent ces variétés, sous l’œil vigilant des chercheurs du GRAB et de l’INRA.
Le Parc n’oublie pas la question du foncier. Il coopère avec la SAFER, l’ADEAR et Terre de Liens pour aider à la préservation et à la transmission des terres. Il travaille à la création de Zones Agricoles Protégées. Celle du territoire Durance Luberon Verdon Agglomération couvre 8 000 ha.
Les scolaires
Autre axe d’actions d’importance, l’éducation et l’information. Depuis 2009, l’opération « de la ferme à ta cantine », a mobilise différents acteurs et 30 communes. 6 000 enfants ont été sensibilisés à l’alimentation locale et bio. Autre initiative, les classes vertes « de la fourche à la fourchette » et un programme de sensibilisation intitulé « s’engager dans la transition agricole et alimentaire ».
Mobiliser les collectivités
Le Parc les sensibilise et les accompagne notamment grâce à des formations destinées aux élus, techniciens et cantiniers.
Le PAT du Luberon atteindra sa pleine dimension quand l’ensemble des communes et intercommunalités intègreront cette thématique dans leur quotidien. Tant elle est liée à la biodiversité, aux paysages, mais aussi à l’économie, au domaine social ou encore à la santé.