Projets alimentaires territoriaux : relocaliser l’agriculture
Les Projets alimentaires territoriaux (PAT) sont des initiatives collectives visant à relocaliser l’agriculture et l’alimentation dans un territoire spécifique. Concrètement, un PAT rassemble collectivités territoriales, agriculteurs, entreprises agricoles et agroalimentaires, citoyens et associations autour d’un objectif commun : renforcer l’accès à une alimentation saine, durable et locale.
Par exemple, un PAT peut permettre à une commune rurale de développer des circuits courts en approvisionnant directement les cantines scolaires avec des produits issus de fermes locales.
Qui développe les Projets alimentaires territoriaux ?
Le plus souvent, les Projets alimentaires territoriaux (PAT) sont portés par des collectivités territoriales (communes, communautés d’agglomération, départements ou régions). Ils sont élaborés de manière participative, en associant différents acteurs locaux tels que :
- Collectivités territoriales (municipalités, départements, régions)
- Producteurs agricoles et entreprises agroalimentaires
- Artisans et commerçants locaux
- Citoyens et consommateurs engagés
- Associations et acteurs de l’économie sociale et solidaire
Qu’est-ce qu’un projet alimentaire de référence ?
Un projet alimentaire de référence (PAR) est une déclinaison locale et concrète d’un PAT, généralement orienté vers des secteurs spécifiques comme la restauration collective (écoles, hôpitaux, EHPAD). Le PAR permet de fixer des objectifs précis tels que la réduction du gaspillage alimentaire, l’augmentation de la part des produits locaux et biologiques, ou encore la diminution des emballages plastiques. C’est un outil opérationnel qui vient structurer les ambitions d’un PAT sur une commune ou une collectivité spécifique.
Historique des Projets alimentaires territoriaux
2014-2020 : Lancement et reconnaissance
Les Projets alimentaires territoriaux (PAT) ont été introduits en 2014 avec la Loi d’Avenir pour l’Agriculture. Durant cette période, plusieurs PAT émergents ont été soutenus financièrement et reconnus progressivement à travers le Programme National pour l’Alimentation (PNA). Cette phase initiale a permis de poser les bases des premiers projets locaux et d’établir un cadre national.
2021-2024 : Accélération et structuration
La crise sanitaire du Covid-19 a considérablement renforcé l’importance des PAT, en soulignant le besoin crucial de résilience alimentaire des territoires. À partir de 2021, le dispositif des PAT s’est structuré davantage avec la création du portail France PAT. Deux niveaux de labellisation ont également été introduits pour distinguer les PAT en émergence (niveau 1) de ceux déjà opérationnels (niveau 2).
Objectifs des PAT
Les Projets alimentaires territoriaux répondent à un ou plusieurs de ces enjeux majeurs
- Relocaliser l’agriculture et favoriser les circuits courts
- Réduire la précarité alimentaire et améliorer l’accès à une alimentation saine
- Soutenir la transition écologique des territoires
- Valoriser la biodiversité locale
- Renforcer la résilience alimentaire face aux crises
Comment construire un PAT ?
Diagnostic territorial
La première étape consiste à analyser les besoins et les ressources du territoire : quelles sont les productions locales existantes ? Quels sont les circuits d’approvisionnement ? Par exemple, une communauté de communes peut réaliser une étude sur les habitudes alimentaires de ses habitants et identifier les producteurs locaux pour construire son diagnostic.
Co-construction
Cette étape implique des réunions et ateliers participatifs regroupant l’ensemble des acteurs locaux. L’objectif est d’échanger, de partager des visions et de définir ensemble les priorités du territoire. Par exemple, un atelier participatif peut permettre aux citoyens de proposer des solutions concrètes comme l’installation d’un marché hebdomadaire de producteurs locaux.
Élaboration d’un plan d’action
Ici, les participants définissent les actions précises à mettre en œuvre : soutien aux circuits courts, développement de filières locales, amélioration de la restauration collective, lutte contre le gaspillage alimentaire. Par exemple, une ville peut décider de créer une plateforme numérique répertoriant tous les producteurs locaux pour faciliter l’approvisionnement des restaurants et des écoles.
Mise en œuvre opérationnelle et suivi
La dernière étape consiste à animer régulièrement le réseau d’acteurs, à mettre en œuvre les actions prévues, et à mesurer régulièrement l’impact grâce à des indicateurs précis. Par exemple, la diminution effective du gaspillage alimentaire dans les cantines scolaires peut être mesurée et communiquée régulièrement pour ajuster les actions.
Exemple concret de PAT : le cas de Mouans-Sartoux
Le Projet Alimentaire Territorial (PAT) de Mouans-Sartoux, une commune des Alpes-Maritimes, est souvent cité comme un modèle en France. Depuis 2012, la ville sert des repas 100% bio dans ses cantines scolaires, sans surcoût, grâce à une réduction de 80% du gaspillage alimentaire.
Voici quelques particularités de ce projet :
- Régie agricole municipale : En 2011, Mouans-Sartoux a créé une régie agricole municipale pour approvisionner directement les cantines scolaires en légumes bio. Trois agriculteurs salariés de la commune cultivent environ 25 tonnes de légumes par an sur six hectares.
Actions éducatives : La Maison d’Éducation à l’Alimentation Durable (MEAD), créée en 2016, anime le PAT et propose des ateliers de jardinage, de cuisine et de nutrition pour les élèves, ainsi que des défis « Foyers à alimentation positive » pour les familles.
Réduction du gaspillage alimentaire : Grâce à une lutte efficace contre le gaspillage, 66% des familles déclarent avoir diminué le gaspillage alimentaire !
Ce PAT est reconnu pour son approche systémique et intégrée, impliquant l’ensemble de la communauté dans une transition vers une alimentation durable.
Le succès si tout le monde s’implique
Les Projets alimentaires territoriaux (PAT) incarnent une dynamique territoriale forte en faveur d’une alimentation plus durable, locale et accessible à tous. Leur succès repose sur l’implication de l’ensemble des acteurs locaux et une vision globale intégrant les dimensions sociales, économiques et environnementales. Le développement et l’accompagnement continu par les autorités publiques, notamment à travers le portail France PAT, permettent d’amplifier leur impact positif et d’accélérer la transition écologique de nos territoires.
