Pour la santé et l’environnement : mangez des grenades !

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Pour la santé et l’environnement : mangez des grenades ! Bleu Tomate le mag

Les producteurs de grenade se sont réunis dans la Drôme, le 11 mars dernier sous la bannière de leur syndicat France Grenade. A l’ordre du jour de leur assemblée générale, la reconnaissance par les scientifiques des bienfaits de ce fruit méconnu et son installation durable dans les paniers des consommateurs.

Ils sont une quarantaine d’adhérents de France Grenade à se retrouver chez l’un des leurs. « J’ai toujours connu les grenadiers, c’est un fruit que j’aime. Les arbres poussaient sur les talus. Mais on ne les cultivait pas ». Quand il s’installe, au titre de la quatrième génération sur le domaine viticole du Petit Barbaras, à Bouchet, dans le sud de la Drôme, Wilson Feschet constate la nécessité de développer la polyculture.

Verger à 90% bio

Alors au lieu de planter cinq hectares de vigne chaque année, il opte pour les grenadiers. Et s’en réjouit encore : « Je suis content, quand  c’est nouveau, ça donne envie. Et aujourd’hui, les « palais méditerranéens » retrouvent le goût pour ce fruit ». Sept ans plus tard, il exploite en bio huit hectares de grenadiers dont il vend les fruits et le jus en gros, à la ferme et dans des épiceries locales.

serre de plants de grenadiers
Dans ses pépinières Thomas Saleilles fait pousser ses futurs grenadiers et ceux qu’il vend à ses collègues ©la-grenattitude

Thomas Saleilles, lui aussi viticulteur mais à Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, a fait le même choix de diversification, il y a quinze ans déjà, sur un hectare, pour commencer. « C’était un pari, ça a bien poussé. La plante est bien adaptée à notre climat ».

Résistant aux maladies, au chaud et au froid

Et comme il avait des difficultés pour trouver des plants, il s’y est mis lui-même. Aujourd’hui il est donc producteur sur vingt-deux hectares en bio et pépiniériste de grenadiers. « La variété Provence est très bien adaptée et a beaucoup de qualités», précise Thomas Saleilles, qui transforme aussi ses grenades en jus.

le pressoir pour fabriquer le jus de grenade
Thomas transforme une partie de ses fruits et ceux d’autres producteurs en jus de grenade ©La-grenattitude

« En tant que viticulteur, j’avais l’habitude de transformer mes récoltes, poursuit le producteur. Pour un jus français de qualité, il faut des outils spécifiques, mettre en avant l’origine française du produit ne suffit pas. Il faut améliorer la qualité ». Alors il transforme aussi pour des collègues, et souhaite développer cette activité.

Principalement implanté dans le Sud-Est, France Grenade regroupe près de 80 producteurs sur 240 hectares et représente environ la moitié de la production et des surfaces plantées en grenadiers. Côté production, pas de problèmes. L’arbre résiste aux maladies, se passe d’irrigation et ne craint ni les fortes températures ni le gel.

« Il faut prouver au consommateur qu’il existe une vraie différence dans la qualité des produits »

Les principaux défis sont en aval. La grenade française est une culture toute jeune, qui doit trouver sa place face à la concurrence sur le marché français.

« On ne pourra jamais lutter contre l’Espagne qui aligne 7 à 800 ha de grenadiers, notre force, c’est de nous regrouper pour imposer notre qualité ». Jean-François Rispoli, producteur de grenades à la Tour d’Aigues (84) est le président du Syndicat.

AG syndicat France Grenade mars 2025 Bouchet Drôme
Les producteurs du Syndicat France Grenade réunis en assemblée générale à Bouchet (26) ©JB

Les grenades de Turquie ou du Maroc arrivent à des prix plus bas. Mais elles nécessitent logistique, transport et pasteurisations multiples dont on soupçonne qu’elles altèrent les qualités nutritionnelles des jus.

« Les tanins et anti-oxydants sont-ils encore présents, avec ces modes de fabrication ? Nous avons besoin d’études scientifiques pour clarifier ce point. Elles nous permettraient de justifier un prix supérieur », poursuit le Président du Syndicat.

Depuis de nombreuses années, études et chercheurs ont établi que les capacités anti-oxydantes et anti-inflammatoires de la grenade, pourrait être utiles pour la prévention des maladies cardiovasculaires et de certains types de cancer. Encore faut-il faire passer le message auprès des consommateurs, dont certains pensent encore que la grenade est un fruit exotique.

Vers une charte de qualité

« Beaucoup de plantations vont arriver en  production, comment les transformer et les commercialiser ?  On a besoin d’un gros travail pédagogique et de communication. La filière en est à ses débuts, elle doit devenir une vraie culture », conclut Jean-Francis Rispoli.

Des grenades et des pépins
La grenade se déguste fraiche l’hiver et se décline en jus, confiture, sirop et cosmétiques ©JB

Région et départements ont accueilli France Grenade au Salon de l’Agriculture. Un point positif, mais il faut aller plus loin. Les producteurs veulent établir une charte de qualité et travaillent sur les coproduits (la peau et les pépins intéressent la cosmétique) et un prix de vente collectif. Et aussi sur les signes de qualité, même si la production est encore insuffisante.

Les défis sont nombreux pour les producteurs de grenade française.  Mais celle-ci ne manque pas d’atouts. Sur le marché de la restauration rapide par exemple, pour ses qualités nutritionnelles, pour la santé… Et simplement comme fruit d’hiver, au moment où les étals sont dégarnis.

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