L’annonce de son lancement a été relativement discrète. Le 21 décembre, à la veille des vacances, un décret du Premier Ministre officialisait la création du Parc naturel régional de la Sainte-Baume, le 52ème de France. Un territoire de 81 000 ha à cheval entre Var et Bouches-du-Rhône dont 80% est couvert d’espaces naturels. Une identité géologique et paysagère remarquable et un patrimoine spirituel unique.
On ne peut que se réjouir d’une telle création. Par l’image positive qu’ils véhiculent, les parcs régionaux sont un vecteur de développement d’un tourisme et d’une agriculture respectueux des paysages et des hommes. Le mode de gestion « partagé » encourage l’essor d’activités et d’initiatives vertueuses.
On se souvient de ce néo-agriculteur de Plan d’Aups rencontré en 2017 engagé dans la création d’une exploitation de lavande. Sa conviction était que le parc, en boostant la fréquentation touristique, allait lui permettre de viabiliser son entreprise.
Reste que ce développement, s’il ne fait pas débat lorsqu’il s’agit d’activités touristiques ou agricoles « raisonnables », menées dans un souci de partage ou d’éducation, est d’une nature beaucoup plus polémique quand on parle d’industrie et d’énergie.
Quel développement pour la Sainte-Baume ?
La question, c’est : un parc naturel régional peut-il aussi accepter sur son sol des équipements de ce type ? Plusieurs projets en cours divisent dans la Sainte-Baume partisans et opposants.
Passons sur l’unité de fabrication de bitume à Signes, portée par une société d’Orange (84). Elle a obtenu de la préfecture une autorisation d’exploitation. L’association Signes Environnement s’y oppose et nous partageons son point de vue, eu égard aux risques de pollution de l’eau, de l’air et olfactive qu’elle entrainerait.
Nous sommes aussi d’accord avec ceux qui se dressent (dont l’association Objectif PNR) contre le projet de parc éolien de Siou Blanc, à Solliès-Toucas. Un parc, ce sont d’abord des paysages, une harmonie agréable à l’oeil. On nous dira ce qu’on voudra mais plusieurs éoliennes dressées dans le ciel côte à côte, c’est de la pollution visuelle et elles n’ont pas leur place, à notre avis, dans un parc régional à vocation touristique.
Et l’énergie ?
Reste les parcs photovoltaïques. Un projet de 9 ha est prévu sur la commune de Mazauges (Var). Et bien là nous disons pourquoi pas ? Certes, il va nécessiter l’abattage d’arbres et aura un impact sur une zone humide. Mais si l’on veut réaliser la transition énergétique dans ce pays, il faudra bien s’autoriser quelques entorses au puritanisme écologique.
La Provence est une terre de soleil et l’énergie photovoltaïque y est encore balbutiante. Les centrales de taille raisonnable ont un impact visuel modéré. Un équipement solaire dans un parc du Sud aurait du sens. Tout projet a ses contraintes et aucune énergie renouvelable n’est à 100% incolore ni inodore. Celle-là nous parait la moins impactante.
Avec 52 parcs régionaux en France, c’est 15% du territoire national qui est couvert. Si on l’exclue totalement du champ des énergies renouvelables – et encore une fois le solaire nous parait être la meilleure solution -, notre pays plutôt ensoleillé n’est pas prêt de rattraper son retard photovoltaïque sur ses voisins nordiques, pourtant moins gâtés en la matière mais dont le pragmatisme l’emporte souvent sur des considérations éthiques tortueuses dont seul notre pays a le secret…