atelier Parc du Luberon ©PNR LUBERON

Au Parc naturel régional du Luberon, l’heure est à la concertation. Il s’agit de décider de la politique du Parc pour les 15 prochaines années, à travers la rédaction de sa nouvelle charte. Et les citoyens, sollicités, ne manquent pas d’idées.

Ce jeudi 27 mai, une bonne centaine de participants sont réunis à Ménerbes. Objectif : finaliser le document de travail issu de la concertation conduite jusque là. Du moins, ajuster précisément les termes qui définissent les défis, les orientations et les mesures de la future charte du Parc.

le parc du Luberon en plein forum

A Ménerbes, une assemblée nombreuse et attentive, dans le respect des consignes sanitaires ©JB

Dans l’assistance, des élus du Parc bien sûr, mais aussi des techniciens, des représentants d’associations et de collectifs pour la transition. Et puis des chercheurs, membres du Conseil scientifique qui apporte ses lumières aux débats. Et bien sûr les citoyens membres du Conseil territorial, mis en place à l’occasion de la procédure de renouvellement de la charte du Parc.

Des points d’accord, et des désaccords

« Changement climatique, érosion de la biodiversité… nous devons nous demander ce que nous voulons transmettre à nos enfants en 2039 », interroge la présidente du Parc et maire d’Apt Dominique Santoni. Pour l’élue, la concertation a montré que de nombreuses valeurs sont partagées : participation, innovation, animation, constat de la crise sanitaire et climatique…

le parc débat de sa charte

Manuka illustre en direct la teneur des débats ©JB

Mais d’autres restent en débat, comme la question de l’artificialisation des sols ou le nom du Parc lorsqu’il sera étendu à une vingtaine de communes supplémentaires (la procédure est en cours et concerne le versant sud de la Montagne de Lure).

les représentants du parc

De gauche à droite à la tribune, Thierry Tatoni, pdt du conseil scientifique, JL Joseph pdt honoraire, M. Goliard directrice de la LPO PACA, D.Santoni pdte du Parc du Luberon et S. Lauro Lillo, membre du Conseil territorial Luberon2039 ©Parc du Luberon

Biodiversité, dérèglement climatique, souveraineté alimentaire

Jean-Louis Joseph, président du Parc du Luberon pendant 20 ans et président pendant 15 ans de la Fédération nationale des PNR, voit trois ouvrages à mettre d’urgence sur le métier : le respect de l’environnement et la reconquête de la biodiversité, l’adaptation des cultures et de la gestion forestière face au dérèglement climatique et enfin la souveraineté alimentaire, gage de santé.

Un débat riche et nourri

Dans l’assistance, plusieurs représentants d’associations se sont montrés pugnaces et porteurs de propositions innovantes. Sur la question de l’artificialisation des sols, par exemple, pourquoi ne pas instituer la réversibilité des ouvrages (routes, centres commerciaux), comme pour l’industrie ou encore instaurer la maîtrise d’usage comme critère pour approuver les projets.

le parc et la charte

Le Parc du Luberon, un espace préservé où vivent 184 000 habitants ©JB

En réponse sur cette question, Jean-Louis Joseph, président honoraire, souligne que « le Parc n’a pas le pouvoir réglementaire, mais il peut donner son avis, convaincre. Il ne faut pas éluder la question des projets d’aménagement à Pertuis et à Cavaillon, mais prendre en compte l’agriculture et les paysages. Certes il faut du développement, mais pas n’importe lequel. »

Autre question soulevée au cours du débat avec la salle : celle du manque d’information des habitants sur les activités et la politique du Parc.

Transition énergétique et maîtrise de l’urbanisme

Du côté du Conseil territorial, les 53 citoyens qui se sont engagés n’ont pas chômé. Après bien des discussions, ils ont défini 7 thématiques prioritaires. Parmi elles, la préservation des terres, la réduction des gaz à effet de serre, ou encore l’importance de l’agriculture et de l’alimentation locale. « L’expérience démocratique est intéressante, souligne Sébastien Lauro Lillo, d’Apt. Quand on cherche un consentement mutuel, on arrive à intégrer des idées différentes, mais elles apportent au débat ». Les membres du conseil territorial souhaitent, après cette expérience positive et enrichissante, que l’instance soit pérennisée.

les habitants du Parc s'affichent

Quand les habitants du Parc s’expriment sur cette institution ©JB

Après cette journée riche en échanges, le Comité syndical du Parc se prononcera sur le projet de charte le 8 juin prochain. Dès cet été s’engagera la phase suivante : déclinaison en actions et écriture concertée du projet de territoire. La procédure suivra son cours, jusqu’à son terme prévu en 2024.

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Pour aller plus loin

Le conseil territorial Luberon2039

Afin de redéfinir les futures ambitions pour le Parc du Luberon et son nouveau projet de développement durable pour 2024-2039, les élus ont souhaité donner la parole aux habitants. Ils ont ainsi créé un conseil territorial fort de 50 membres, représentatifs du territoire. Cette instance citoyenne émet des avis et propositions tout au long de la démarche de renouvellement de la charte.

Le conseil scientifique

Depuis 20 ans, cette structure accompagne le Parc dans ses choix. Par ses connaissances scientifiques, mais aussi par l’apport de méthodologies. Il est une aide à la décision et apporte aux élus un regard extérieur. Il est interdisciplinaire et constitué de 25 membres.

Thierry Tatoni, pdt du conseil scientifique du Parc et Jean-Louis Joseph, pdt honoraire ©JB

Thierry Tatoni, biologiste-écologue est professeur à l’Université d’Aix-Marseille. Il est le président du conseil scientifique du Parc du Luberon. Il considère que cette structure a une longueur d’avance sur bien d’autres. Aux yeux du chercheur, les options de la charte doivent être ambitieuses car il y a urgence.

L’urgence de la transition

« Il faut mettre le changement dès aujourd’hui dans cette charte, explique-t-il. En 2039, il sera trop tard ! Pour moi, la priorité c’est le climat, même la biodiversité en dépend. Il faut réduire notre consommation d’énergie et modifier nos comportements : achat de biens de consommation, mobilité… Le Parc peut amener l’éducation, la pédagogie.» Pour Thierry Tatoni, se posera la question de la mise en application de la charte. « La transition est complexe, elle peut faire peur. Les mentalités passéistes, la politique politicienne peuvent être des freins. Alors il faut espérer une charte à la hauteur, au rendez-vous de la transition. Et puis la coconstruction est un atout. Elle permet l’adhésion des citoyens, leur engagement. Et cela peut aider les élus à aller plus loin. En tout cas, c’est un rendez-vous à ne pas manquer ».

Pour voir le film « La charte d’un parc naturel régional, qu’est-ce que c’est ? », cliquer ici
Et pour voir la présentation du territoire pour mieux comprendre les enjeux, cliquer là