Parmi les effets du COVID 19, l’aggravation des difficultés alimentaires pour les personnes les plus précaires, et la perte de débouchés pour les producteurs locaux. Alors dans les Bouches-du-Rhône, tous les acteurs se sont mobilisés pour créer « les Paniers partagés du Pays d’Arles ».
« Dès le début du confinement, on n’a plus pu vendre nos asperges. Alors on a commencé à livrer, et la demande a explosé pour d’autres produits aussi. On a proposé des paniers, explique Vincent Marcel, arboriculteur à Tarascon. Et quand le PETR (Pôle d’Equilibre Territorial et Rural) du Pays d’Arles nous a proposé les paniers sociaux, on a accepté tout de suite. C’est une démarche sociale, et une belle expérience, on se devait d’y répondre ». Et une charge de travail supplémentaire acceptée volontiers. Une façon aussi pour les producteurs de promouvoir leurs produits.
Produits locaux et sous signe de qualité
L’opération se déroule sur un mois,depuis le 23 avril, et la collectivité y consacre 46 000 €. 2700 paniers auront ainsi été distribués aux bénéficiaires de l’aide alimentaire, dans vingt communes. Des paniers emplis de produits frais, locaux, et de qualité, fruits, légumes, riz de Camargue, fournis par une quinzaine de producteurs.
Avec le double objectif de soutenir des producteurs locaux désorganisés et des familles fragilisées par la crise.
Public et privé solidaires
Alors chacun a retroussé ses manches. Depuis les producteurs qui assurent les livraisons, en passant par les différentes collectivités locales, jusqu’aux associations chargées de la distribution. « Ce sont des produits locaux, souvent bio, de qualité, remarque Michel Mourier, trésorier du Comité du Secours Populaire du Pays d’Arles. Habituellement, nous distribuons plutôt les invendus de la grande distribution, même si certains producteurs locaux nous aident aussi, mais cela reste à la marge. Et les bénéficiaires semblent apprécier. « Aujourd’hui c’est tout nouveau, mais quand on reviendra au service d’avant, ils vont se rendre compte que ce n’est pas la même qualité !».
En attendant, l’association a vu arriver de nouveaux bénévoles, désoeuvrés pour cause de confinement. Ils ont été les bienvenus car l’opération mobilise des véhicules et des bras en nombre pour préparer les colis. « L’opération n’a pas été facile à mettre en place, mais elle est positive. Il faudrait trouver des solutions pour la pérenniser ».
Aller plus loin
Alors au-delà de la crise, comment poursuivre cet effort, et permettre aux plus démunis de continuer à bénéficier de produits de qualité ? Chacun y réfléchit évidemment.
Même si elle a été montée dans l’urgence, l’opération s’inscrit dans la politique du Projet Alimentaire Territorial, copiloté avec la Communauté d’Agglomération Aix-Marseille-Provence. Objectif ? Favoriser les producteurs locaux et assurer une alimentation de qualité en circuits courts pour la population, et permettre au plus grand nombre « de consommer ici ce qui est produit ici ».
« C’est un problème d’argent et d’offre, aujourd’hui, plus de 90% de la production quitte le département », souligne Lucien Limousin, maire de Tarascon et vice-président de la commission agricole du PETR. « Le département soutient l’installation, en particulier pour les bios. Dans les 4 à 5 ans, 150 fermes devraient ouvrir ».
Local et bon pour tout le monde ?
« Nous on n’a pas les financements nécessaires », regrette Michel Mourier. « Les fruits et légumes français sont plus chers. Mais on est prêts à travailler ensemble pour chercher des solutions. Une volonté politique pourrait nous aider ».
Côté producteurs, même envie d’aller plus loin… ou plutôt plus près ! « Il faut réduire les délais et les distances. C’est la proximité qui fait un bon produit, cueilli à maturité, plus que le prix. Et puis c’est mieux pour les consommateurs et pour l’environnement», constate Vincent Marcel.
Et le producteur tire déjà des leçons de la crise. « Le confinement nous a appris qu’on a tous besoin les uns des autres, tout le monde s’est rapproché, et je pense qu’il y aura une prise de conscience ».
De fait, de nombreux consommateurs auront appris à acheter et manger différemment pendant la crise du COVID 19. Reste à savoir s’ils s’en souviendront.
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Pour aller plus loin
Les partenaires des Paniers partagés du Pays d’Arles
Les communautés d’agglomération et de communes, la sous-préfecture, la Chambre d’agriculture 13, les communes et leurs Centres Communaux d’Action Sociale (CCAS), les Maisons départementales de la Solidarité et les associations telles que le Secours Populaire, la Croix Rouge, les Paniers Solidaires ou encore l’Epicerie du Pays d’Arles.
Le PETR du Pays d’Arles
La structure compte 29 communes, 170 000 habitants et s’étend sur 230 000 hectares, entre Méditerranée, Rhône et Durance. Près des ¾ du territoire font partie des Parcs naturels régionaux de Camargue et des Alpilles. Autour d’Arles, de grandes zones homogènes sur le plan agricole et paysager sont dédiées au riz, aux céréales, à l’élevage, au maraîchage et à la vigne.
Le pôle a une vocation de développement de projets dans les domaines économique, écologique, culturel et social.
Les 20 communes où ont lieu les distributions
Ville d’Arles,Tarascon, Saint-Martin-de-Crau, Saintes Maries de la Mer – Capitale de la Camargue CHATEAURENARD, Barbentane, Noves, Cabannes 13440, Mollégès, Saint-Andiol, Orgon, Plan-d’Orgon, Graveson, Maillane Saint-Rémy-de-Provence, Maussane-les-Alpilles, Mouriès, Le Paradou, Aureille.