Élève appliquée à fort potentiel… mais peut mieux faire ! Elle est partie beaucoup plus tard que d’autres régions, pourtant bien moins pourvues. Mais PACA progresse pour rattraper son retard en énergies renouvelables.
C’est en tout cas le verdict du dernier baromètre 2023 réalisé par l’observatoire Observ’ER, en partenariat avec l’Ademe. Septième région de l’Hexagone en terme de population, Paca est au troisième rang en production d’électricité hydraulique et photovoltaïque mais… dernière pour l’éolien, malgré un formidable gisement de vent !
Les raisons sont multiples : manque de terrains, difficulté à intégrer les éoliennes dans des paysages qui sont souvent des arguments touristiques, proximité d’aéroport civils ou militaires, résistance des futurs riverains… « Sur l’éolien, on s’arrache les cheveux, c’est particulièrement compliqué en Paca, reconnaît Matthieu Pailler, référent énergies renouvelables à l’Ademe. La solution c’est l’éolien off shore, qui commence à s’implanter sur la façade Méditerranée. » Sur l’hydraulique, les barrages ont continué à représenter près de 3 300 mégawatts de capacité, l’équivalent de 10 mini-réacteurs nucléaires modulaires (SMR) que l’État veut implanter dans tout le territoire. La production hydro-électrique s’est maintenue, malgré les épisodes de sécheresses. « Cela a pu être anticipé et géré par les exploitants, note Matthieu Pailler. Et dans les prochaines années, les projets de micro-centrales qui se multiplient dans la région devraient permettre de compenser les baisses de production liées à la sécheresse pour les grandes structures. »
Le solaire grimpe sur les toits
Pour le photovoltaïque, les gisements potentiels sont encore très importants, notamment sur les toitures. Car une attention plus grande va être nécessaire pour les « champs » de panneaux solaires, qui se sont parfois implantés sur des terrains qui auraient pu être valorisés autrement, notamment pour l’agriculture. Jusqu’à voir des forêts parfois coupées pour implanter des panneaux solaires, comme dans la montagne de Lure, des initiatives contestées par des associations environnementales. « Il reste encore pas mal d’endroits dans la région où l’on pourrait faire des champs, note Matthieu Pailler. Comme des friches industrielles ou des terrains délaissés d’autoroutes. »
Autre point positif : l’explosion de l’équipement en autoconsommation photovoltaïque, comme celle de la société Lucisol (Luberon Citoyen Solaire). Ces installations permettent aux occupants d’un bâtiment de gérer eux mêmes la production de l’électricité. « En plus d’être économique, cela entraîne un vrai cercle vertueux pour maîtriser sa consommation, souligne Matthieu Pailler. Par exemple on va faire tourner sa machine à laver l’après-midi, quand les panneaux solaires produisent le plus. »
Mer à température constante
Mais Paca avance sur une source d’énergie tout aussi prometteuse : la géothermie-thalassothermie. En clair : utiliser la température du sous-sol ou de la mer pour alimenter des boucles de chaleur ou de froid. Car les besoins en chaleur et en froid représentent aujourd’hui 45 % de l’énergie finale consommée en France. Et, jusqu’à présent, cette énergie est produite à 60 % par des énergies fossiles. Or la thalassothermie est désormais une technologie éprouvée et rentable : « Nice, Cannes, Toulon et Marseille s’y sont attelées, pour créer des grands réseaux de chaud/froid, qui peuvent alimenter plusieurs bâtiments, rappelle Matthieu Pailler. L’avantage de cette technique est qu’en mer on a accès à faible profondeur à une température constante, tout au long de l’année. »
Les nouveaux objectifs régionaux en énergies renouvelables pour l’horizon 2030, élaborés entre l’État et la région, devraient être fixés dans le courant de l’été.