Dans moins d’un mois, c’est l’élection des députés au Parlement européen. Un scrutin clé pour l’agriculture et l’environnement, alors que l’Europe tente de peser pour une production plus durable et responsable. Qu’en est-il dans notre région ?
Longtemps concentrée sur les grandes exploitations céréalières, la politique agricole commune s’est recentrée vers l’Est et le Sud de la France, dont la région Paca. Mais pas toujours avec succès en matière d’environnement.
230 millions d’euros chaque année. C’est en moyenne ce que l’Europe verse aux agriculteur.ices de Paca en aides directes ou indirectes, au travers de sa politique agricole commune (PAC). Pilier de la politique européenne, la PAC a longtemps bénéficié surtout aux grandes exploitations du Nord et de l’Ouest de la France, principalement céréalières, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture. Mais depuis les années 2010, la donne a changé. Avec de nouveaux critères pour l’attribution des aides, « un rééquilibrage progressif s’opère entre 2013 et 2017, note un rapport Agreste. Les aides perçues par les exploitations des Hauts-de-France diminuent en moyenne de 18 %, alors que celles perçues par les exploitations de Paca augmentent en moyenne de 37 % ». Parallèlement, la hausse au sein de la PAC des indemnités compensatoires de handicap naturels, qui viennent contrebalancer des difficultés liés aux territoires comme la montagne ou le piémont, a soutenu les agriculteurs dans les départements alpins. Les aides à l’agriculture biologique sont aussi particulièrement importantes pour Paca, dans une région qui se situe au premier rang français en termes de surfaces engagées en bio.
Du vert mais trop clair
Tout est donc parfait, il n’y a plus rien à changer ? Bien au contraire. D’abord parce que, contrairement à ce que l’Europe proclame, la PAC ne participe pas assez à la lutte contre le réchauffement climatique, qui perturbe pourtant l’agriculture. Selon une étude de la Cour des comptes européennes, dans la viticulture et l’arboriculture, deux productions phares de Paca, seuls seulement 5 % et 15 % des dépenses de la PAC ciblent des objectifs climatiques, alors que l’ambition était d’atteindre… 40 % ! Tout aussi inquiétant pour une région de plus en plus frappée par la sécheresse, la PAC a eu peu d’impact sur la consommation d’eau. Ses aides « n’incitent pas à utiliser l’eau de manière rationnelle [et] favorisent le drainage des champs plutôt que la rétention d’eau, dénonce la Cour des comptes européennes. Dans les faits, le verdissement [des aides de la PAC] n’a suscité des changements dans les pratiques agricoles que sur quelque 5 % de l’ensemble des terres agricoles de l’Union européennes. »
Quatre ans de réflexion
La prochaine mouture de la PAC prévue de 2028 à 2032 sera donc l’un des grands dossiers des futurs députés européens, qui en partagent désormais l’élaboration avec la Commission européenne et le Conseil européen, regroupant qui représente les gouvernements. Un thème de campagne qui, pour le moment, passe sous les radars politiques et médiatiques. Mais qui pourrait rebondir à l’occasion du projet de loi agricole, présenté cette semaine à l’Assemblée nationale après les manifestations au dernier Salon de l’Agriculture.