Un véhicule futuriste bleu scintillant qui se déplace tout seul sur les routes de garrigue. Nous ne sommes pas dans un film de science-fiction, mais à la Duranne, près d’Aix-en-Provence. Après des mois de tests, la Demoiselle, navette autonome est désormais en circulation entre the camp et la gare Aix-TGV. On embarque ?
Elle s’appelle Demoiselle, du nom de « l’agrion bleuissant ». Une demoiselle, cousine de la libellule, espèce protégée sur le plateau de l’Arbois. Car l’une des motivations profondes de ce projet, c’est bien la préservation de l’environnement. « La Demoiselle est née de la volonté de thecamp, centre d’innovation positive, d’œuvrer pour un monde plus durable, plus humain et plus respectueux » raconte Jonathan Blaise, chef de projet. « Thecamp est situé dans une zone de garrigue, mal desservie par les transports en commun. Nos visiteurs viennent le plus souvent en taxi ou en voiture. Nous avons donc recherché des solutions de mobilité intelligente pour nous relier à l’écosystème. En parallèle, la Métropole Aix-Marseille Provence cherchait à expérimenter des transports par navette modulaire à énergie propre et autonome pour des zones peu denses. »
Télédétection par laser
S’il existe déjà des navettes autonomes, celles-ci sont le plus souvent urbaines, comme sur le parvis de La Défense ou à Lyon Confluence. « Ces navettes roulent très lentement et les passagers sont debout. Le trajet que nous avons défini parcourt 10 kilomètres. Nous recherchions donc plus de vitesse et de confort ». Le modèle retenu, un véhicule électrique de la société française Milla, basée à Meudon est capable de passer d’un mode manuel, roulant à une vitesse classique, à la fonction « autonome », soit sans l’aide d’un chauffeur, pouvant circuler entre 30 et 50 km/h.
La voiture s’adapte à son environnement immédiat, grâce à ses nombreux capteurs, et notamment son système de capteurs de télédétection par laser appelé « lidar ». Cette technique de mesure à distance est fondée sur l’analyse des propriétés d’un faisceau de lumière renvoyé vers son émetteur. Il permet à la Demoiselle de s’orienter et d’anticiper les obstacles en temps réel. Le montant global du projet, de 1,3 million d’euros, est financé par thecamp, la Métropole, l’État et la région Sud.
10 kilomètres en 25 minutes
Depuis le 1er janvier 2022, la Demoiselle fonctionne du mardi au vendredi entre la gare Aix-TGV et la zone d’activités de la Duranne. Elle est réservable à la demande, via une application dédiée développée par Dev-id, une start-up marseillaise. Cinq passagers peuvent y prendre place. La Demoiselle met 25 minutes à effectuer les 10 kilomètres du parcours. Pendant le trajet, ils bénéficient d’informations sur l’environnement et le patrimoine. « La Demoiselle ne passe pas par le chemin le plus évident, mais par un chemin rural après le technopôle de l’Arbois, non bitumé, dans la garrigue, pour arriver sur la route départementale de la Mérindole » souligne Jonathan Blaise. « L’environnement est à la fois varié et complexe, avec une zone d’activités à forte circulation, un chemin rural, une route départementale sinueuse. C’est aussi ce qui fait l’intérêt du projet. »
Pendant la phase d’expérimentation, prévue pour durer six mois, la Demoiselle embarque un chauffeur de sécurité, qui reprend la main sur la route de la Mérindole, où les véhicules roulent vite. « Nous allons faire évoluer notre proposition en fonction des retours des utilisateurs. L’expérimentation nous aide aussi à identifier des problématiques et à trouver des solutions techniques. Par exemple, lorsque la végétation pousse, il arrive que la Demoiselle s’arrête car elle pense qu’il s’agit d’un obstacle. »
Pour le moment, l’utilisation de la navette est réservée aux salariés, clients ou visiteurs des entreprises adhérentes à l’association, qui paient une adhésion de 2 500 euros. À terme, l’objectif est de permettre à toutes les personnes qui le souhaitent d’emprunter la Demoiselle. Et d’essaimer ces petits véhicules pour désenclaver certains territoires isolés.