La cité voit dans la transition écologique un facteur d’attractivité. Autour de l’économie circulaire, de l’alimentation durable et de la nature en ville, les visites proposées le 24 mars dans le cadre du Biodiv’Tour ont permis à des élus et techniciens de la région de partager son expérience.
Mis en œuvre par l’Agence Régionale pour la Biodiversité et l’Environnement (ARBE) de Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Biodiv’Tour est un ensemble de visites de terrain, professionnelles et gratuites. Elles sont organisées le temps d’une journée pour présenter à d’autres communes des initiatives innovantes et reproductibles. Le 24 mars, il faisait étape à Miramas, dans l’ouest des Bouches-du-Rhône.
Les élus de cette ville de 27 000 habitants, nœud ferroviaire et important pôle logistique, étaient bien sûr aux premières loges pour vanter les actions engagées par la commune depuis 2008. « Ici, il s’agit bien de rendre la nature aux habitants. L’engagement de la ville n’a rien d’un projet politique, mais s’inscrit plutôt dans une démarche structurante sur le long terme. Nous mettons en œuvre notamment une gestion écologique des espaces verts en « zéro phyto » et des projets d’envergure de renaturation », témoigne Géraldine Buti, adjointe à la mairie de Miramas, déléguée à l’environnement et au développement durable.
Trois axes de transition écologique
Contrairement peut-être aux idées reçues, l’espace urbain ne représente à Miramas qu’un tiers de sa superficie. Surfaces naturelles et agricoles sont donc majoritaires. Pour les protéger, la ville veille notamment à une gestion saine de ses déchets. Depuis 2015, Miramas est ainsi labellisée « Territoire zéro déchet ». Elle souhaite encore améliorer ses performances en s’attaquant aux détritus du BTP, après avoir mis en œuvre en 2021 le compostage des déchets des cantines scolaires. Ces actions s’inscrivent dans son programme d’« économie circulaire ». Le second volet du plan d’action 2022 concerne l’alimentation durable. L’objectif est notamment de favoriser la réinstallation d’agriculteurs (un projet en cours) et le développement des jardins partagés (143 parcelles à ce jour sur des terrains communaux).
Le programme régional Nature for City Life
Mais le plus visible est aujourd’hui le concept de « Nature en ville ». Miramas adhère au programme régional « Nature for City Life » (voir encadré) et les actions menées sont particulièrement visibles. La visite nous emmène ainsi Boulevard Aubanel. Désimperméabilisé à 80% et agrémenté d’espaces verts, il a bénéficié d’un soin tout particulier apporté aux choix des essences. Une apicultrice a installé des ruches. Cet équipement à vocation pédagogique a permis de récolter 60 kg de miel dès l’année dernière. L’autre grand projet concerne la désimperméabilisation des cours d’école. L’objectif annoncé est de réduire les îlots de chaleur tout en gérant l’eau sur les sites, mais aussi de réintroduire de la biodiversité. Il s’agit de faire acte de pédagogie vis-à-vis des élèves. En 2023 la commune lance un concours, « Rêve ta Cour » !
Gestion de l’eau et végétalisation
La gestion de l’eau passe également par la création de « noues », sortes de fossés peu profonds et larges, végétalisés, qui recueillent provisoirement l’eau de ruissellement. Le but est de décharger le réseau pluvial, pour répondre entre autres aux conditions extrêmes que l’on connaît de plus en plus fréquemment.
Autre exemple d’action innovante : la mise en œuvre d’un permis de végétaliser, « On sème pour la Vi[ll]e ». Il concerne habitants comme entreprises ou commerçants, avec un engagement demandé à celui/celle qui souhaite y contribuer. Ce souhait de végétaliser est illustré par une commerçante du centre- ville venue présenter son expérience, et qui prend visiblement plaisir à en raconter les retombées : amélioration et attractivité de son enseigne mais aussi création de lien social … La transformation des habitants en contributeurs à l’embellissement de leur ville est un des objectifs de ce futur projet.
Mobiliser la population
Mais le principal frein reste, malgré les efforts, la mobilisation de la population. C’est la raison pour laquelle la ville a lancé une enquête de satisfaction auprès des habitants, afin qu’ils puissent s’exprimer sur le changement constaté après les travaux d’aménagement menés sur les cours. Le maire, Frédéric Vigouroux, explique cependant que « chaque décision se situe à la confluence de choix face à des contradictions. Pour autant, la pédagogie est sans conteste l’art de la répétition. Et il est essentiel, pour qu’adhèrent les habitants, de co-construire leur ville avec eux. Sans véritable concertation, les projets ont peu de chance de perdurer et d’être vraiment acceptés ».
A chaque commune d’adapter ses actions…
L’expérience de Miramas peut-elle servir ailleurs ? Audrey Michel, directrice de l’ARBE, en est convaincue., Elle rappelle aux participants que « tout est possible à toutes les échelles. Accompagner, informer et former, améliorer les connaissances et animer le réseau des communes du Biodiv’tour permet à chacune d’adapter ses actions à son territoire et aux attentes de ses habitants ».
Ce projet régional destiné à développer la nature en ville pour s’adapter aux changements climatiques s’est construit autour d’un partenariat entre 5 des plus importantes collectivités de la région Sud (le Conseil régional, les trois Métropoles et la ville de Marseille), l’Université d’Aix-Marseille LPED (Laboratoire Population Environnement et Développement), ATMOSUD (association en charge de la surveillance de la qualité de l’air) et le Bureau des Guides du GR2013.