La race du mérinos d’Arles a été créée voici plus de 200 ans en Pays d’Arles. Tombée dans l’oubli, sa laine de grande qualité revient en force. Une belle aventure portée par la Maison de la Transhumance en partenariat avec le Collectif pour la Promotion du Mérinos d’Arles.
L’animal est reconnu pour la qualité de sa laine fine et gonflante. Saviez vous qu’elle était la plus fine d’Europe ? C’est une des raisons qui a conduit la Maison de la Transhumance à rechercher des débouchés. La relance de la filière ne sera réussie qu’en lui garantissant une véritable vocation économique .
Valoriser la race de la grande transhumance
Après avoir été jusque dans les années 1950 la base d’une économie florissante, la laine n’est plus qu’un «sous-produit» de l’élevage ovin, plutôt orienté vers la production de viande d’agneau. C’est un berger qui, il y a près d’une dizaine d’année, a suggéré l’idée de la valoriser en réalisant des vêtements techniques. Bon à savoir, ce type de produit destiné à une clientèle exigeante existe depuis plus de 20 ans. Mais à ce jour la production est essentiellement originaire de l’hémisphère sud.
Une exigence maîtrisée à chaque étape de la filière
Avant d’obtenir ce produit d’exception, il s’agit d’accompagner les éleveurs dans la mise en œuvre de conditions d’élevage idéales. La laine doit correspondre aux exigences des futurs produits. 65 à 70 éleveurs produisent cette laine qui sera transformée. Et l’option choisie n’est pas d’augmenter le nombre de troupeaux, mais plutôt d’en améliorer la production.
Pour répondre au cahier des charges, l’éleveur doit procéder à un travail de sélection des animaux reproducteurs, ainsi qu’à une conduite adaptée des troupeaux. Le pâturage extensif en est un des moyens.
Le chantier de tonte quant à lui nécessite un personnel expérimenté. Une fois par an, des équipes mobiles de tondeurs, souvent anglo-saxons, vont ainsi d’élevage en élevage, sur tous les continents.
Partager rôles et savoir-faire
L’élevage mérinos représente 300.000 à 310.000 têtes dans le Sud Est. Une brebis porte environ 2.5 kg de laine, un bélier 4 à 5 kgs. Ce sont donc près de 140 tonnes de laine qui sont collectées, soit ¼ de la production totale de laine sur la région.
La laine parcourt des kilomètres…moins cependant que pour aller en Chine comme habituellement ! Elle est triée sur le plateau de Valensole, puis part pour être lavée, cardée et filée en Piémont italien. Pourquoi ?? Parce qu’en France, le savoir-faire s’est perdu. Et qu’une unité de laverie nécessite des investissements élevés, difficiles à rentabiliser. La commercialisation est assurée par une société basée en Allemagne (Dal Grande Naturfasen), qui a accepté de prendre le risque financier de lancer cette nouvelle filière.
L’objectif commercial est d’élargir le potentiel de développement. Le pratiquant d’activités de pleine nature est la cible sur les marchés de proximité : Allemagne, Suisse, Italie, Autriche et bien sûr France.
Rester maître de son produit
La question est posée quant à un rapprochement avec de grandes enseignes d’équipement sportif. Elles pourraient permettre des débouchés plus garantis. La réponse de Patrick Fabre, directeur de la Maison de la Transhumance, est claire. Le choix a été fait de conserver la maîtrise du produit en développant la gamme de vêtements sous la marque La Routo®. Et ce sont 50 à 60 modèles d’ores déjà en phase de fabrication.
La Routo®, une mise en application grandeur nature du projet
La réflexion sur la relance de la filière dans la région Sud s’est construite parallèlement à la naissance du projet La Routo®, itinéraire de randonnée de 33 étapes. La Fédération Française de la Randonnée Pédestre l’a labellisé en juin 2020. Le GR®69 emmène donc les randonneurs « Sur les Chemins de la Transhumance ». Il utilise les anciennes drailles et carraires, entre plaines de basse Provence et vallées alpines du Piémont. Il suit ainsi sur 540 kms les traces des troupeaux ovins qui pratiquaient la grande transhumance estivale.
Tourisme et économie, l’équation vertueuse ?
Ce projet franco-italien vise le développement des territoires autour de la pratique de la transhumance et de l’itinérance touristique. Il est issu de plus de dix ans d’échanges entre la Maison de la transhumance de Salon-de-Provence, et l’Unione Montana Valle Stura dans le Piémont italien. Il ambitionne de mettre en œuvre et d’animer un itinéraire et un réseau transfrontaliers entre plaine de la Crau et vallée de la Stura.
Pour Patrick Fabre, initiateur du projet La Routo®, associer la création de vêtements à cet itinéraire de randonnée, permet de créer et d’entretenir un cercle vertueux.
Photo de 1 : La race Mérinos d’Arles vieille de 200 ans © Maison de la Transhumance Patrick
Le Collectif pour la Promotion du Mérinos d’Arles
Organisé en GIEE (environnemental) depuis 2018, labellisé par le Ministère de l’Agriculture, il est animé par la Maison Régionale de l’Elevage, la Chambre d’Agriculture des Bouches-du-Rhône et la Maison de la Transhumance. La Chambre de Commerce du Pays d’Arles les accompagne pour la partie commercialisation avec un financement assuré par la Région Sud.
Les Secondes Rencontres du Mérinos d’Arles se tiendront les 26 et 27 novembre prochain.
Une gamme complète de vêtements avec une vraie traçabilité
Les tee-shirts et leggings sont un mélange de laine de mérinos d’Arles, et de Mérinos des Iles Falkland (encore plus qualitative). Les pulls, vestes et chaussettes sont 100% issus des élevages du Sud Est. La laine mérinos est une fibre naturelle et performante, chaude dans le froid et fraîche dans la chaleur. Elle est de plus respirante pour empêcher la moiteur. Les produits sont commercialisés sous les marques déposées Mérinos d’Arles Sélection® et La Routo®. Une boutique en ligne complètera l’offre en magasins spécialisés.