A Marseille, des citoyens ont décidé de prendre en main le destin de leur ville en rejoignant le mouvement de la transition de Rob Hopkins. Les 5 et 6 juin, le collectif organise son premier événement grand public. Florence Kongphengta, coordinatrice, dévoile les coulisses de l’aventure.
Rappelons-le, le mouvement des Initiatives en transition a été initié en 2005 par Rob Hopkins, professeur en permaculture, dans la ville de Totnes en Angleterre (pour en savoir plus : « Ecouter Rob Hopkins à Velaux »). Son idée ? Chaque communauté peut imaginer son futur et construire collectivement un mode de vie alternatif et résilient. Inspirés par cette philosophie empreinte de solidarité, de partage et de respect de l’environnement, des Marseillais ont décidé en décembre dernier de développer le mouvement dans la cité : Marseille en transition.
Les 5 et 6 juin aura lieu leur premier événement ouvert à toutes et tous au cœur du Parc Longchamp. Le Village en Transition sera un espace d’échanges multi-associatifs avec des acteurs sociaux, écologiques et culturels, des commerçants et habitants du quartier des Chartreux, des représentants de la mairie du 4-5, des urbanistes et architectes mais également des membres de la Convention Citoyenne pour le Climat.
Florence Kongphengta a rejoint l’initiative dès la première heure. En pleine organisation de ce week-end tant attendu, elle prend le temps de nous raconter.
Bleu Tomate : Avant tout, peux-tu nous expliquer ce qu’est une Ville en transition ?
Florence : « Une ville en transition, c’est une ville dont les citoyens ont choisi de travailler ensemble pour mettre en avant des initiatives de transition. Le but est de construire une structure résiliente pour chaque ville, choisie par ses habitants. Ce mouvement citoyen a été initié par Rob Hopkins. Il est aujourd’hui international. De nombreuses villes en France ont commencé leur transition. »
Bleu Tomate : Il existe déjà des mouvements écologiques et sociaux à Marseille, qu’est-ce qui vous a attiré dans ce mouvement ? (Florence)
Bleu Tomate : Qui est derrière Marseille en transition ?
Florence : « Deux bénévoles de la Base (Shannon et Christophe) en sont à l’origine. Ils connaissaient bien les livres de Hopkins et estimaient que l’on était en retard à Marseille. Ils en ont parlé autour d’eux, ils ont organisé des réunions de présentation de la philosophie de Rob Hopkins. Rapidement, un groupe s’est créé et on a commencé à mettre en place des projets dans le quartier des Chartreux. On s’est dit qu’il ne fallait pas se limiter : si on a envie de le faire, on va s’en donner les moyens. Après seulement quelques mois, 250 bénévoles sont impliqués (étudiants, salariés, freelances, de tout corps de métier, avec des compétences complémentaires). Nous sommes une quinzaine de coordinateurs pour le lancement de « Village en transition », notre première initiative à grande échelle et grand public ! »
Bleu Tomate : Que se passera-t-il lors de cet événement inédit ?
Florence : « Le village sera un espace de rencontre entre différents acteurs du territoire. Vous trouverez des stands tenus par des associations qui présenteront les alternatives présentes à Marseille. Les habitants du quartier proposeront un vide grenier. Le samedi aura lieu une agora citoyenne pour permettre à chacun de s’exprimer librement. Nous avons envoyé des invitations aux élus concernés par le quartier afin qu’il puisse y avoir un échange avec les citoyens.
Ce n’est pas tout ! Nous avons également ouvert la programmation à des événements culturels (pièces de théâtre, concerts), une course de lenteur à vélos, une bibliothèque nomade avec une conteuse, des fresques du climat sous forme de quiz, l’installation d’un compost pour le quartier, un kiosque des sciences, des restaurateurs en transition, des jeux en bois, une animation sur le zéro déchet… Nous avons également un partenariat avec la fête du vélo qui se tiendra sur la Canebière, une navette permettra de circuler d’un événement à l’autre. »
Bleu Tomate : Comment avez-vous structuré votre démarche ?
Florence : « Nous voulions mettre en avant les alternatives existant déjà à Marseille, car elles sont nombreuses mais ne sont pas toujours visibles, ou bien les personnes qui ne sont pas dans une démarche personnelle de transition ne les connaissent pas. Pour cela, nous avons invité des associations proches du quartier que nous mélangeront avec les habitants exposants pour le vide grenier. Nous avons ensuite réparti ces acteurs en groupes de travail selon 9 thématiques : l’alimentation, le logement, la gestion des déchets, la transition énergétique, les moyens d’échange, la biodiversité, la mobilité, l’autogestion et la culture. Ce qui nous a plu dans cette idée de réunir plusieurs associations sur une même thématique, c’est de leur permettre de travailler ensemble plutôt que chacune de leur côté. On a démarré ces groupes de travail principalement pour le Village en transition, mais nous garderons cette structure pour la suite. Proposer des thématiques différentes, c’est aussi permettre aux citoyens qui n’ont pas tous les mêmes intérêts, de trouver des initiatives qui leur parlent. Notre objectif est de montrer que ce n’est pas toujours contraignant ou compliqué de s’engager dans une transition, tout le monde peut s’y mettre, selon ses appétences et ses envies. »
Bleu Tomate : Quelles sont les prochaines actions au programme ?
Florence : « Notre point de départ consiste à créer un mouvement sur le quartier des Chartreux, car le collectif est relié à La Base. Dans ce quartier, il y a une bonne dynamique, les gens se retrouvent déjà dans la rue pour discuter. On voudrait leur proposer d’autres moments pour approfondir leurs idées, se poser d’autres questions et se mettre à l’action. Le but n’est pas de leur proposer des projets, mais bien de faire ressortir leurs envies et besoins et de leur montrer qu’ils peuvent agir. Nous serons là ensuite pour les accompagner et les soutenir. Notre volonté est que les habitants prennent leur destin en main et soient fiers de leurs actions. »
Bleu Tomate : Les habitants du quartier des Chartreux ont-ils déjà proposé des projets ? (Florence)
Bleu Tomate : Et pourquoi pas dans les autres quartiers ?
Florence : « Marseille est une grande cité. Le mouvement en transition est plus facile à créer dans des villages ou petites villes. Faire un changement à grande échelle nous paraissait compliqué pour commencer. Nous avons donc décidé de cibler une zone géographique. Mais nous espérons donner envie à d’autres de transformer leur arrondissement. Nous serons là avec plaisir pour aider ces initiatives, au sein de l’équipe nous habitons tous aux quatre coins de la ville ! Les quartiers à Marseille fonctionnent comme des villages, il nous paraissait logique de développer le mouvement ainsi. »
Bleu Tomate : Travaillez-vous en réseau avec d’autres villes en transition ?
Florence : « Pour l’instant nous avons surtout des prises de contact. Nous sommes prochainement invités par Cabriès en transition mais par la suite nous aimerions nous réunir avec d’autres villes en transition dans la région afin de partager nos expériences et échanger sur les différentes initiatives. »
Bleu Tomate : Un mot pour finir ? (Florence)
Découvrez le manuel de la transition de Rob Hopkins ici.
Crédits photos : Olivier Raynaud