Elles et ils étaient près de 250 à participer à l’anniversaire de l’Union Régionale des SCOP et SCIC PACA le 29 juin à Aix. Réunis autour d’une ambition : apporter la preuve que le modèle de la coopération est le plus pertinent face aux enjeux sociétaux. Rencontres.
Pour Eric Julien, qui côtoie depuis plus de 30 ans les Indiens Kogis de Colombie, il faut réveiller le vivant. Et son propos trouve sa concrétisation dans le système coopératif. Faire le choix du vivant, c’est remettre de l’enthousiasme dans nos vies, c’est approfondir le dialogue pour trouver de nouvelles solutions, c’est nourrir la confiance et la capacité à unir nos forces. C’est enfin être créatif. Un concept plusieurs fois évoqué ce jour.
Faire le choix du vivant, un principe de vie
Au cours de la table ronde qui suit, les différents intervenants confirment ses propos. La coopération est un modèle en phase avec les aspirations actuelles : recherche de sens, dans sa vie personnelle et professionnelle. Tout converge. En faisant se rejoindre projet personnel et projet de l’entreprise, on apprend à « faire ensemble » à nouveau.
Si la mise en œuvre de la coopération peut parfois ressembler à une perte de pouvoir, elle se transforme très vite au contraire en responsabilisation individuelle de chaque coopérateur. Elle permet de sortir de sa zone de confort tout en acceptant de se tromper collectivement. C’est la conclusion que Sabah Rahmani, journaliste et anthropologue propose à la salle : face à la peur, on se fige, on fuit, on attaque…ou on crée !
Plus qu’oléiculteur, oliveron !!
Patrick et Chantal OCHS ont écouté leur désir de créer. Accompagnés par l’URSCOP, ils préparent la mise en place d’une SCOP avec 7 autres « oliverons » qui partagent le même challenge. Leur objectif : produire une huile riche en polyphénols, garantie d’un produit gustativement et nutritionnellement hautement qualitatif.
Et pour atteindre ce résultat, une solution simple : réduire le délai entre cueillette et trituration des olives. Pour ce faire, la future SCOP prévoit de créer un moulin ambulant. Et oui ! chaque producteur pourra immédiatement presser ses olives et stocker chez lui le résultat de sa cueillette. Ils ne sont donc plus simplement des oléiculteurs, mais des oliverons…
Le modèle SCOP, pour partager
A la question « pourquoi créer une SCOP », la réponse fuse, accompagnée d’un grand sourire. « Pour partager, pour faire ensemble. Depuis 20 ans que nous exploitons ces terres, il était important pour nous de nous retrouver avec des personnes qui ont les mêmes valeurs que nous. C’est rassurant de s’apercevoir que l’envie de mener un projet collectif est partagé. C’est stimulant de travailler sur l’objectif de tendre vers la qualité optimale d’un produit que l’on aime et que l’on respecte ».
D’autres moulins ambulants pourraient suivre
« En travaillant sur ce projet, la réflexion collective permet d’envisager de travailler nos oliviers encore mieux qu’aujourd’hui, pour produire une huile de très haute qualité. Et de plus, on évitera tous les aller/retour au moulin (donc économie de CO²) puisque c’est le moulin qui viendra à nous ! ». Patrick et Chantal sont particulièrement enthousiastes. C’est la presse de leur domaine le Terroir de St Laurent à Beaumont de Pertuis qui sera mobile. Elle sera mise en commun avec les 9 oliverons embarqués dans ce projet. Et si d’autres souhaitent les rejoindre, ils envisagent déjà un second moulin ambulant.
Partager les savoir-faire en créant un campus
« La magie de nos oliviers nous fascine. Nous veillons à l’équilibre micro biologique de nos vergers : aucun produit chimique, aucun engrais, c’est avec la nature que nous conjuguons notre savoir-faire grâce à un travail très méticuleux du sol ».
Leur projet ne s’arrête donc pas là. Quel intérêt de créer une chaine de valeur si elle n’est pas transmise ? C’est pourquoi il est question de créer un campus, dont l’objet serait de former les agriculteurs intéressés à leurs méthodes de travail, tant en gestion d’un oliveraie qu’en terme de trituration. D’autre part ils imaginent déjà un « incubateur d’oliverons », une sorte de pépinière d’entreprises. Sa vocation, au-delà de la formation, pourrait être une aide à l’acquisition de terres, sur le même modèle que la SCIC Terre Adonis, également grand témoin à l’Assemblée Générale.
Pour l’IRFEED être une SCIC est le marqueur d’origine
Fanny Courry, responsable de la formation au sein de l’IRFEED (Institut Régional de Formation à l’Environnement et au Développement Durable) retrouve les mêmes accents enthousiastes. Elle nous explique en quoi travailler dans une SCIC change tout. « Je travaille pour l’IRFEED depuis 2 ans. Ce que j’apprécie dans ce fonctionnement, c’est l’autonomie dont bénéficie chaque salarié. Bien sûr, nous disposons d’une organisation hiérarchique, mais contrairement à une structure conventionnelle, nous participons tous à la prise de décision et nous vivons au quotidien le modèle de gouvernance partagée ». Les 9 salariés de la structure sont à ses yeux des « couteaux suisses ». Mais visiblement, être responsable individuellement n’a que des avantages : un investissement personnel sans commune mesure avec celui vécu dans une structure classique.