Nina et Sebastian ont posé leur petite usine au MIN de Cavaillon. De là partent leurs bouteilles de kombucha Lökki, thé fermenté aux différents parfums, à boire glacé. Un bienfait pour l’intestin, un choc pour les papilles, une entreprise exemplaire…
Lökki, c’est le dieu scandinave de la discorde, l’esprit rebelle qui remet en cause l’ordre établi. A l’image de la boisson qu’ont inventée Nina et Sebastian, qui ont baptisé leur entreprise ainsi. « Notre thé Lökki, c’est une boisson vivante, un peu sauvage, elle n’en fait qu’à sa tête » explique Nina Lausecker dans un sourire. « Notre produit de base c’est le thé fermenté, le kombucha. »
A un thé vert sucré qu’ils font infuser, les deux jeunes créateurs ajoutent une mère de kombucha, comme pour le vinaigre. La fermentation opère pendant deux à trois semaines. Elle consomme la plus grande partie du sucre et produit des bactéries très utiles pour la flore intestinale. Reste alors à soutirer le liquide et à lui ajouter les jus de fruits pressés à froid. Ou bien la spiruline et l’hibiscus, infusés.
Lökki, un caractère bien trempé
A l’arrivée, une boisson au goût original, qui laissera les palais sucrés interloqués ! Derrière le plaisir des bulles, des parfums subtils, très peu de sucre, et un effet rafraichissant particulièrement bien venu par temps de canicule. Avec l’envie instantanée de goûter d’autres recettes et d’y revenir ! Il suffit d’accepter de changer un brin ses habitudes de consommation…
Comme le kefir, le ginger bug ou le cidre, le thé Lökki est fermenté et non pasteurisé. Autrement dit, c’est une boisson vivante, dont le taux de sucre continue à être réduit, si on ne le conserve pas au frais. Après une semaine, s’il n’a plus de gaz, les inventeurs préconisent de l’utiliser dans … une vinaigrette !
Vive la fermentation !
Et s’il l’a lancé comme une alternative aux sodas et alcools, Sebastian Landaeus, très branché diététique, y voit bien les avantages pour la santé. « Aujourd’hui nos intestins sont de plus en plus faibles, avec les pesticides et la pasteurisation, on tue notre flore intestinale », constate-t-il.
A l’heure où la science met en avant l’importance de « notre deuxième cerveau », la consommation régulière de produits fermentés –kefir, choucroute… et kombucha – permet de reconstituer l’indispensable flore intestinale. Ces produits apportent une aide au rétablissement du transit, par exemple après des traitements médicamenteux lourds. Certains adeptes en font des cures saisonnières. « Mais bien sûr, notre kombucha reste une boisson plaisir ! » souligne Nina.
Sebastian le magicien aux fourneaux
D’un côté, Sebastian, à l’affut de trouvailles pour une bonne alimentation. « J’ai toujours aimé cuisiner, se souvient-il, avec des produits de saison, de bonne qualité, et des choses simples. Grand consommateur de thé, je me suis naturellement tourné vers la fermentation. » Et après une expérience décevante en marketing, explique-t-il, « je prends plaisir à faire bien quelque chose à quoi je crois profondément. Et à le faire avec des gens qui partagent mon ambition ».
Nina la fée de l’économie sociale et solidaire
De l’autre côté, Nina écolo depuis sa plus tendre enfance. Elle se souvient d’être souvent passée derrière sa famille pour éteindre les lumières, ou comment elle organisait le tri sélectif à la maison ! Passionnée par l’entreprenariat social et toujours en quête de sens, elle a créé, avec Seb, Lökki : une petite entreprise vertueuse installée sur le MIN à Cavaillon (84).
Les produits de base (thé du VietNam et sucre du Paraguay) sont certifiés bio et équitables. Bio aussi les carottes de Gordes, le curcuma ou le gingembre. La spiruline, produite sainement, n’a pas encore de label ! « On essaie d’être le plus cohérent possible » explique Nina, qui applique un management participatif et développe la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE).
Lökki montre l’exemple
Lökki, ou la petite entreprise parfaite ? Pas loin… Qu’on en juge. Electricité ? Achetée chez Enercoop, le seul fournisseur réellement vert. Banques ? Le Crédit Coopératif et la NEF, ennemis des paradis fiscaux… Déchets organiques ? Compostés. Autres ? Recyclés…
Pour le verre, matériau entièrement recyclable, l’idée est de suivre le réseau « Consigne », qui se met en place. En projet, la vente en vrac. Et puis Lökki adhère à la monnaie locale « la Roue ».
Bref, Nina et Seb, c’est un concentré de convictions (au plan de l’environnement, de la santé, de l’économie) et en face de ces choix, des actes… Alors tant pis si tout coûte plus cher. Leur objectif, c’est de montrer que leurs choix sont viables. Même s’ils concèdent qu’il n’est pas facile de créer une entreprise responsable qui ne voit pas tout à travers le prisme de la croissance. « On n’a pas envie de devenir trop grands », conclut Nina, qui aime à citer l’anthropologue américaine Margareth Mead : « Ne doutez pas qu’un petit groupe de personnes peut changer le monde, c’est toujours ainsi que le monde a changé. »
On peut toujours commencer par changer nos pratiques et goûts alimentaires et déguster régulièrement leur thé fermenté !
Pour aller plus loin
A sa création, Lökki a reçu l’aide de la BPI, un prêt d’honneur de l’association « Initiatives » et été lauréate du Réseau Entreprendre (84).
L’entreprise est certifiée Bio par Ecocert et a le label « Bio Partenaire ».
Lökki c’est aussi Ghislaine à la production et à l’embouteillage, Julien à la production et à la logistique et Joyce à la qualité et à la communication.
Dans quelques mois, un renfort en commercial est prévu.