Début novembre, les différents acteurs de l’apiculture ont manifesté ensemble à Avignon, pour défendre l’ITSAP. L’organisme, en panne de trésorerie, est menacé de dépôt de bilan. Une issue qui nuirait gravement à toute la filière.
Pour cet apiculteur bio, cet organisme est indispensable. Avec les techniciens des ADA (Association de Développement de l’Apiculture), il applique sur le terrain les protocoles définis par les chercheurs de l’ITSAB. Par exemple avec les produits pour lutter contre le varroa, ce parasite venu d’Asie et qui infeste aujourd’hui les colonies. Les différentes solutions une fois testées chez les apiculteurs, les chercheurs de l’Institut font les synthèses et des recommandations.
Et Hervé Parain a une autre bonne raison d’apprécier tous les jours les services rendus par l’Institut. « La dimension bio est prise en compte, bien mieux que dans d’autres filières »constate-t-il.
L’ITSAP au bord du dépôt de bilan
Les salariés de l’ITSAP ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme. Ils ont adressé une lettre ouverte à toute la filière. Car c’est aujourd’hui une question de survie pour cet Institut créé en 2009 par l’Etat mais jamais doté d’un fonds de roulement. « Dans le cadre du PDDA, (Plan de Développement Durable de l’Apiculture), le Ministère de l’Agriculture a chargé la barque très fort. De 6 à 7 salariés, on est passés à 30 salariés avec 3 millions d’€ d’activité. Mais sans dotation depuis le début, aujourd’hui la trésorerie est trop défaillante. Tout le monde nous sollicite, mais nous n’avons pas definancement. On ne peut plus faire le grand écart » explique Jean-Yves Foignet, le président de l’ITSAP. Car comme dans toute entreprise, les recettes rentrent après que les dépenses ont été engagées.
La disparition de l’Institut de l’abeille laisserait une trentaine de chercheurs et techniciens sur le carreau et une filière – déjà en difficulté – en pleine déshérence.
Apprécié par tous
« J’ai bien peur que l’on se rende compte de l’intérêt de l’Institut quand il sera mort ! ». C’est le cri d’alarme du Président de l’ITSAP.
Pourtant, en peu d’années, les chercheurs de l’Institut ont montré leur efficacité. L’étude publiée en 2013 sur le non-retour des abeilles à la ruche, c’est eux. En cause, les noénicotinoïdes. S’en est suivi l’interdiction prononcée par le Ministère. Les tests sur le nouveau produit proposé ? C’est l’ITSAP qui doit s’en charger…
Une partie des manifestants écoute les prises de parole
Mobilisation de toute la filière
Alors ce jour de manif, vendredi 3 novembre, ils étaient une bonne centaine devant les locaux de l’INRA à Avignon. C’est là que travaille une partie des salariés de l’Institut. Les apiculteurs bien sûr, venus de Provence mais aussi de Corse, du Centre ou de l’Occitanie. Beaucoup, comme Hervé et sa compagne, étaient en tenue de travail, avec leurs camions-plateaux chargés de ruches vides. Mais aussi leurs associations. Et encore les syndicats, FNSEA et Confédération Paysanne. Et enfin les négociants et les fabricants de matériel.
Pour une fois unanime
Un petit tour de force, pour une filière qui a bien du mal à parler d’une même voix. Cette situation d’ailleurs ne facilite pas les choses. Car depuis des années, les pouvoirs publics demandent l’organisation de l’Interprofession.
Quelles solutions ?
Rendez-vous est pris au Ministère pour le 13 novembre. Le Président de l’Institut affirme chercher tous les jours d’autres sources de financement. Mais elles sont bien insuffisantes. « Ce que je demande aujourd’hui, c’est un accompagnement pour éviter l’énorme galère que représenterait la fermeture de l’Institut ».
L’organisme espère aussi que l’Interprofession financera une partie du budget.
Pour Hervé Parain, l’apiculteur bio, membre de la Confédération Paysanne, « la filière apicole est parmi les moins aidées de la PAC. Ce serait juste que l’Etat aide l’Institut, comme pour d’autres filières ».
Mobilisation de la filière apicole pour l’Institut de l’abeille
Encore des réactions
La FNSEA doit également rencontrer le ministère, le 7 novembre. Pour son représentant à la manif, « il y a un besoin urgent de sauver l’Institut. Le ministère doit le faire. Et tous les acteurs de la filière doivent mobiliser leur député ! ».
Le président du Syndicat National des Apiculteurs explique que l’heure est à la création d’un réseau européen des Instituts de l’abeille. Comment envisager alors la disparition de l’outil français ? Il propose un financement à 4 ministères (Agriculture-Santé-Recherche-Environnement), ce qui représenterait une somme minime pour chacun, de l’ordre de 200 000 €.
Enfin la Confédération Paysanne dénonce « un immense gâchis, des projets en cours qui n’aboutiront pas, des salariés sans boulot, des ADA qui vont plonger avec, alors que ce sont nos outils de terrain. L’Etat doit assumer son rôle et remettre des billes. »
L’abeille et l’humanité
En attendant des solutions pratiques et financières, les salariés de l’Institut misent sur la sensibilisation des pouvoirs publics et de la société civile. Car à leurs yeux, au-delà du sort des abeilles, c’est l’avenir des humains qui est en jeu. En effet, l’Institut de l’abeille est aussi chargé d’optimiser l’agriculture par de bonnes conditions de pollinisation. Autrement dit, une mission d’intérêt général qui va bien au-delà des petites butineuses et intéresse non seulement l’agriculture mais aussi toute la société.
Pour aller plus loin
La filière
Environ 3 000 apiculteurs professionnels, qui détiennent 70% du cheptel, et 3 000 à 4 000 apiculteurs de loisirs. Mais aussi des dizaines d’associations, une bonne demi-douzaine de syndicats, les négociants, les industriels… Et beaucoup d’intérêts pas forcément convergents, d’où les difficultés de tous ces acteurs pour parler d’une seule voix.
L’ITSAP, objet et missions
C’est un outil au service des pouvoirs publics et de la filière, notamment pour la recherche appliquée. Sa mission principale est la santé et la préservation du cheptel. Grâce au développement de l’apiculture à travers l’expérimentation, la recherche appliquée, l’assistance technico-éco, l’animation, la diffusion et la formation. Son personnel travaille avec d’autres instituts du végétal.
Il conduit les actions décidées par les représentants professionnels. Pour cela, il travaille en réseau avec les ADA (Associations de Développement Apicole). Celles-ci mettent en application sur le terrain, les résultats des recherches.
A 25 ans, elle quitte la Provence et s’installe à Bordeaux où elle exercera son métier de journaliste à la télévision régionale. Avec une préférence pour les reportages sur l’environnement qu’elle tourne en Aquitaine mais aussi dans d’autres régions et d’autres pays. De retour en Provence en 2014, elle rencontre le projet Bleu Tomate qui répond pleinement à son envie de témoigner et d’agir sur le terrain, pour les humains et la planète.
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