Regroupant des appellations comme les AOP, AOC ou IGP, ces « signes » intéressent de plus en plus de filières agricoles. En obtenir une est la reconnaissance d’une origine et d’un savoir-faire… même si la valorisation est pour l’heure plus économique qu’environnementale.
AOC, AOP, IGP, Label Rouge, AB… Ces appellations qui parlent à peu près à tout le monde sont des Signes d’Identification de la Qualité et de l’Origine (SIQO). Tel est l’acronyme ombrelle sous lequel la France a réuni ces labels. Et c’est peu de dire que la Provence agricole en possède, des « signes de qualité » !
Références de qualité
Huiles essentielles de lavande de Haute-Provence, Taureau de Camargue et Huile d’Olive de la Vallée des Baux (AOP), Figue de Solliès, Fromage de Banon et Foin de Crau (AOC et AOP), Thym de Provence, Citron de Menton, Riz de Camargue et Petit Epeautre de Haute Provence (IGP), Agneau de Sisteron et Miels de Provence (IGP et Label Rouge)… Tous ces produits sont connus du grand public grâce à ces labels, qui les ont « installés » comme des références en matière de qualité.
Protéger une identité
Alors pour aller plus loin, un collectif régional de SIQO, piloté par la chambre Régionale d’Agriculture PACA (CRA PACA), s’est monté en 2019. Objectif : renforcer l’élan autour des signes de qualité existants et accompagner l’émergence de nouveaux. « Il existe une dynamique positive en Région Sud PACA. Des filières agricoles veulent se différencier par rapport à d’autres et protéger leur origine géographique. Obtenir un SIQO permet de mieux communiquer sur les produits et de protéger une identité parfois usurpée par d’autres », éclaire Eva Juge, chargée d’études « filières sous SIQO » à la CRA PACA, animatrice sur le stand au Salon des Agricultures, les 2, 3 et 4 juin à Salon de Provence.
Bleu du Queyras
C’est ainsi que le melon de Cavaillon, le Calisson d’Aix, la Fraise de Carpentras, le Sel et la Fleur de Sel de Camargue, le Bleu du Queyras, les Châtaignes et Marrons du Var, la Truffe de Provence, la Prune de Brignoles, l’Ail de Piolenc ou la Pistache de Provence (article à lire ici) sont entrés en « filière d’émergence » SIQO. Des jeunes pousses de l’appellation, désireuses, elles aussi, d’obtenir un label AOC, IGP ou Label Rouge… Mais le chemin est long, très long et dure parfois des années. « Chaque filière doit s’organiser autour d’un Organisme de Défense et de Gestion et réfléchir au label qu’elle souhaite obtenir. Tout en respectant un cahier des charges qui inclut des conditions précises de sélection variétale et de production », poursuit Eva Juge.
Critères agro-écologiques ?
Qui dit conditions de production pourrait signifier agriculture plus vertueuse… Mais c’est encore loin d’être le cas. « Le but des SIQO est de répondre aux attentes sociétales et notamment d’être de plus en plus respectueux de l’environnement », estime pourtant la chargée d’études. Sauf que l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité), qui gère les SIQO, n’a pu intégrer de critères agro-écologiques dans le cahier des charges. « Cela n’a pas été validé car c’était compliqué pour certaines filières », reconnait Eva Juge.
« Petit Epeautre de Haute Provence » en bio…
Si l’INAO continue à faire acte de prosélytisme auprès des SIQO pour encourager des pratiques culturales et d’élevage plus saines – elle organise ainsi les premières rencontres régionales sur le thème « Les SIQO face aux attentes sociétales » le 19 juin à Avignon -, la situation diffère beaucoup selon les filières. IGP depuis 2009, le Petit Epeautre de Haute Provence « est presque totalement en bio », rappelle Eva Juge. Dans d’autres filières, on se targue d’être HVE (Haute Valeur Environnementale), ce label décrié par beaucoup d’associations qui prétend imposer l’idée auprès des consommateurs que les produits seraient plus sains.
… mais seulement 4 à 5 bios parmi les 40 melonniers de Cavaillon
Du côté du Melon de Cavaillon, qui court derrière une IGP depuis 2017, on ne compte ainsi que 4 à 5 « bios » parmi les 40 producteurs, réunis dans le Syndicat des Maîtres melonniers de Cavaillon, porteur de la démarche SIQO. Majoritaires, les « gros faiseurs » de ce melon local sont des champions du volume en agriculture conventionnelle, beaucoup moins des modes culturaux agro-écologiques.
Meilleure rémunération des producteurs
Car au final, quels sont les avantages d’un label SIQO ? « Il valorise le savoir-faire historique mais aussi le terroir et le revenu », dit Océane Freydier, animatrice du syndicat des melonniers. « Cela permet de se différencier sur le marché et d’avoir une meilleure rémunération des producteurs et de la répartition de la valeur ajoutée », renchérit Eva Juge. Même respectable en termes de visibilité et d’encouragement à la consommation de produits issus d’une tradition locale, la démarche SIQO doit encore poursuivre le combat, si elle le peut, pour prouver qu’elle est aussi une incitation forte et contraignante à des pratiques agricoles plus durables.