A l’initiative du Parc naturel régional du Verdon, depuis 2018 les agriculteurs du plateau de Valensole sont encouragés à planter des haies sur leur exploitation. Emmanuelle Ravel, du domaine La Plane à Roumoules, a souhaité associer à cette opération des collégiens de Riez.
270 plants ont été livrés par la pépinière Ecosud. Ils ont été financés par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, dans le cadre de son programme Eau et Biodiversité. Les écodélégués ont choisi de se mobiliser sur cette action, sur la proposition du Parc du Verdon. Il accompagne depuis 2018 les agriculteurs du plateau de Valensole (Alpes-de-Haute-Provence) à la plantation de haies, et plus généralement à la restauration des continuités écologiques. Nous avons donc rencontré Cécile Ahmed Abdi, référente EDD (Education au Développement Durable) du collège Javelly de Riez, accompagnée de deux autres enseignantes. Elles encadrent tout la journée neuf élèves, écodélégués en 5ème et 4ème, qui se sont portés volontaires.
Une tradition familiale
Installés depuis 1997 sur l’exploitation familiale, Emmanuelle et son compagnon Bruno Charpin produisent des plantes à parfum, des céréales, ainsi que de l’huile d’olive, et des pommes de terre en vente directe. Leur production est unique sur le plateau de Valensole : des roses pour la parfumerie et les cosmétiques. Elle a répondu favorablement à l’appel à projets car elle cherche à protéger ses plants du vent et accueillir davantage de faune sauvage. L’objectif est de renforcer le maillage des haies de son exploitation.
« Je suis beaucoup plus sensible aujourd’hui à tout ce qui peut contribuer à un meilleur environnement. Mes productions sont utilisées dans la parfumerie et les cosmétiques, et la notion de qualité est essentielle. Nous avons toujours eu une démarche environnementale dans notre manière de conduire notre exploitation. Nous nous préoccupons de la richesse de nos sols, de la sobriété de notre arrosage, du suivi de nos productions en bio. Le métier d’agriculteur a bien changé, il est beaucoup plus administratif qu’avant, c’est parfois un peu décourageant. Mais aujourd’hui, cela me fait chaud au cœur de voir ces enfants à ce point volontaires !! »
Dalles de paillage en jute et chanvre
C’est vrai que l’ambiance est très joyeuse sur le terrain. Les enfants oeuvrent pourtant depuis le matin sous le regard bienveillant et les conseils avisés d’Emmanuelle. Manon, service civique du Parc, l’accompagne et participe. Garçons et filles se sont réparti les rôles. Il y a celui ou celle qui creuse le trou pour installer le plant, qui installe la dalle de paillage accrochée avec des « agrafes » pour éviter le froid et la pousse des mauvaises herbes. Il faut aussi planter les tuteurs pour permettre à la plante de pousser bien droite, sans oublier le grillage qui protégera les jeunes plants de la gourmandise des chevreuils…
Favoriser le retour de biodiversité
Penchée sur les cagettes avec les différents plants, Emmanuelle est concentrée. L’objectif est de bien répartir sur toute la rangée les différentes essences. Il y a les arbres qui deviendront grands, ceux qui resteront buissonnants, mais aussi des plantes mellifères et des arbres fruitiers. Une belle diversité végétale qui garantira la réussite de cette haie. Elle assurera non seulement la fonction de brise vent, mais aussi et surtout favorisera le retour de la biodiversité. Un réseau de haies continu permet à la faune sauvage (chauve-souris, oiseaux, insectes…) de mieux circuler, de trouver un abri, de nicher etc… L’équilibre naturel est alors rétabli.
Des collégiens exemplaires
En nous approchant des petits groupes très concentrés sur leurs tâches respectives, nous écoutons les commentaires des uns et des autres. Sylvia nous raconte qu’elle a « appris à jardiner avec son papa. Il avait un grand potager ». Quant à Léane, elle « aime bien planter, être dans la nature ». Mais les questions fusent aussi : « de quel côté j’oriente la plante ?? ». « On peut rester un peu plus tard que 15h30 ?.. ». « Mince, l’agrafe s’est tordue, il faut que je la replante »… Le marteau est déjà utilisé ? Pas de problème, on trouvera une pierre qui fera l’affaire. Le petit groupe des filles commence même à chanter. Pendant ce temps les garçons déposent les plaques de laine de mouton devant chaque emplacement. Ils ne pourront cependant pas terminer leur travail avant de retourner au collège : eh oui, certains ont encore des cours qui les attendent. Mais Emmanuelle est très contente de leur journée. Ils ont bien respecté les consignes, aucun ne s’est plaint, et la haie a bien avancé !
Compost et terreau au collège
Pour Cécile Ahmed Abdi, qui a tout au long de la journée travaillé à leurs côtés, cette opération est plus que positive. Le collège Javelly est déjà très engagé dans le développement durable : il pratique le compostage et a déjà récolté son terreau. A ses yeux, l’éducation est un bon levier d’action dans le domaine de l’environnement. Même si les lourdeurs administratives freinent parfois les ardeurs… Elle reste convaincue que c’est par l’action que l’on apprend aux enfants à devenir des citoyens respectueux de la planète.