La métropole Aix-Marseille et les Bouches-du-Rhône ont lancé un plan d’actions en faveur de la souveraineté alimentaire. Un des axes forts de ce plan d’action est le développement des circuits courts. Thierry et Virginie Gozzerino ont ainsi présenté leur exploitation, emblématique des circuits courts à Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence.
Changer de modèle pour ne pas sombrer. Thierry Gozzerino débute dans le milieu agricole à 16 ans. Issu d’une famille paysanne, dans des moyens de production classiques, son père est victime du cancer des agriculteurs. Lorsqu’il commence le métier, Thierry reprend les schémas qui lui ont été appris. Mais il décide d’en changer. « Les moyens de production classiques m’ont mené dans le mur ». Une rencontre avec un réseau associatif lui fait connaître les Paniers Marseillais dont il est devenu président. Cette AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) est en recherche de producteurs, à condition qu’ils changent leur modèle de production. L’aventure commence pour Thierry, rapidement rejoint par Virginie.
Un modèle simple…
Sur les 5 à 6 hectares, sont produits assez de légumes pour 400 familles, soit environ 1000 personnes. Une production 100 % locale, et 100 % bio. Entre 5 et 8 employés y travaillent, avec des profils différents. Parmi eux, Gilles, 37 ans, ancien professeur de mathématiques en reconversion professionnelle. Un besoin de retour à la terre, de reconnexion aux choses essentielles, qu’il peut assouvir ici. Mais aussi Badr, d’une famille marocaine qui travaille dans l’exploitation à l’année. Le fonctionnement est simple : les clients des Gozzerino sont des « abonnés ». Chaque semaine, les légumes leur sont vendus sous forme de paniers, entre 18 et 19 euros. Le contenu dépend de la saison et de la production, et suffit à une semaine de consommation pour 2 à 3 personnes. Pour Thierry, ce fonctionnement est préférable à d’autres, plus complexes et moins efficaces : « On arrête de réinventer l’eau chaude chacun de son côté ». Avec lui, sa femme Virginie. Elle se charge plutôt de la relation client : « Je m’occupe plutôt du côté administratif, je préfère savoir mon mari concentré à 100 % sur l’exploitation ».
Et rentable
Économiquement, le modèle fonctionne. Virginie confie : « Financièrement, ça marche très bien. Nous tirons un bénéfice que nous réinvestissons dans du matériel plus robuste ou dans le rachat d’exploitations. Le fait que la production soit vendue à l’avance est rassurant pour les financeurs ». Mais alors pourquoi toutes les exploitations ne fonctionnent-elles pas comme celle des Gozzerino ?
Les freins restent nombreux. Le premier, foncier. L’accès à la propriété est compliqué et les prix d’acquisitions élevés. Les charges salariales restent importantes, et la baisse récente du pouvoir d’achat entraîne une baisse de près de 40% de la consommation de fruits et légumes. Autre frein, la technique. Une exploitation de ce genre, c’est plus de 40 variétés différentes dont il faut maîtriser la production. Un coût que le couple est prêt à payer : « Nourrir correctement les gens est très valorisant ».