Début juillet, à Marseille, ces assises ont été l’occasion d’échanger et de partager des retours d’expériences, mais surtout d’imaginer des solutions pour répondre à l’effondrement de la biodiversité. En agriculture, les initiatives existent au niveau local.
Sans agriculture, pas de biodiversité. Personne ne contredit cette évidence et le rôle des agriculteurs comme acteurs incontournables de sa préservation. Par leur place dans le milieu naturel et leurs pratiques, ils sont en première ligne. Autant vilipendés pour certaines méthodes de travail trop intensives que considérés comme des acteurs majeurs de l’environnement, ils sont logiquement au centre des recherches et réflexions pour l’amélioration de cette biodiversité.
Des accompagnements nombreux…
Ainsi, de nombreux programmes d’accompagnement sont proposés aux agriculteurs par différentes structures, au moyen de dispositifs spécifiques et de financements publics/privés. Dans les Bouches-du-Rhône, 80 exploitants sont par exemple suivis dans le cadre du projet SAE² (Services Agro-Ecologiques et Economiques). Il s’agit d’une démarche de mise en place de pratiques et d’aménagements favorables à la biodiversité. Au programme : la plantation de haies, la pose de nichoirs, l’enherbement de parcelles, la lutte naturelle contre les ravageurs…
… mais des réglementations contraignantes
Sauf qu’à écouter la représentante des Chambres d’Agriculture France (ex APCA), la plus grande contrainte pour les agriculteurs, dont l’action face au changement climatique est une évidence et une nécessité, est la superposition des différentes réglementations, nationale et européenne… qui parfois se contredisent. Un maquis législatif peu encourageant ni propice à la réactivité.
Protocoles d’observation avec les agriculteurs
Au niveau national, 1 800 exploitations suivent ou ont suivi la biodiversité de leurs parcelles grâce aux protocoles de l’Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB). Ces suivis sont proposés aux agriculteurs sur la base du volontariat. Piloté par le Ministère de l’Agriculture, sa coordination scientifique est confiée au Muséum National d’Histoire naturelle. Composants du réseau Vigie-Nature, ces protocoles répondent à un manque avéré d’indicateurs de suivi de l’état de la biodiversité en milieu agricole. Grâce à la co-construction des protocoles entre scientifiques et agriculteurs à l’origine du projet, la profession peut participer à l’étude d’espèces ou de sous-espèces spécifiques – les taxons. Comme par exemple le suivi des abeilles solitaires, en lien avec la thématique de la pollinisation et de la qualité des paysages.
Garantir un revenu
Pour Patrick Lévêque, président de la Chambre d’Agriculture 13, les agriculteurs ont prouvé par le passé leur capacité d’adaptation. Ils sont passés de l’agriculture intensive à la prise en compte de la préservation de l’environnement et de la biodiversité. En mettant en oeuvre au fil du temps les étapes de qualité puis de traçabilité. Mais aujourd’hui, au-delà des exigences sociétales, il s’agit de préserver pour ces agriculteurs un revenu décent. Le contexte est connu : d’ici 10 ans, près de la moitié des exploitants va partir à la retraite. Pour Marion Maréchal cheffe de projets « agriculture, alimentation, eau » chez Terre de Liens, cet enjeu est également majeur. Leur programme d’acquisition de terres pour installer des exploitants en agro-écologie est un des leviers pour y répondre.
Restaurer plutôt que reconstruire
De même, elle insiste sur la nécessité de cesser d’opposer biodiversité cultivée, domestiquée et sauvage. Il s’agit plutôt de favoriser une mosaïque d’habitats naturels, favorables au maintien de cette biodiversité. Citant en exemple le programme de plantation de haies, c’est plutôt leur restauration et le maintien des haies existantes qui devraient être privilégiés. Depuis 1950, 70% d’entre elles ont disparu…
Photo de 1 : Mas de Terrusse reconstitution de haies – SAE² @ Chambre d’Agriculture du 13
Restaurer la biodiversité dans les cours d’école
La végétalisation des cours d’école et l’animation en classe sur les sujets de biodiversité ne sont plus des épiphénomènes. Le CEREMA et la LPO PACA mènent différentes expériences sur le territoire. Ces projets nécessitent une adhésion pleine et entière des chefs d’établissements, mais aussi des parents et des enseignants. Que ce soit pour engager les travaux de remise en forme de la cour d’école (par exemple les cours OASIS*) ou pour le suivi de la gestion écologique des espaces aménagés. Les outils sont là, les compétences aussi, restent à combattre les blocages issus d’un manque de connaissances, sans oublier une mobilisation sur le long terme.
* Les cours OASIS font partie du projet européen du même nom. Il vise à réduire les effets négatifs du réchauffement climatique avec le remplacement des surfaces asphaltées (matériaux innovants, perméables, création de zones de pleine terre). Mais aussi le renforcement de la végétalisation. En favorisant la transformation des cours d’école en îlots de fraîcheur, il encourage la création de zones ombragées, contribuant ainsi à l’amélioration des conditions de vie des enfants.
A Tarascon, le collège Ste Marthe pense « développement durable »
L’équipe pédagogique mène depuis 6 ans de nombreux projet en développement durable. Sur place, ont été aménagés un observatoire des saisons et un potager auquel participent les parents d’élèves. Les collégiens ont aussi participé l’année dernière, avec le Parc naturel régional des Alpilles et d’autres collèges du territoire, à la rédaction de la Charte Forestière de Territoire des Jeunes.
Ils ont également organisé un Forum en novembre 2022 et animé les différents ateliers proposés. Un projet de végétalisation de la cour maternelle a également été lancé. Mais comme le précise Valérie Bagnon, enseignante, « tout ceci est le résultat d’une mobilisation sans faille de l’équipe et des parents d’élèves».