100 km… C’est le rayon dans lequel s’inscrivent les activités de la toute jeune entreprise. De la fourche à la fourchette, avec compostage et zéro déchet. Un pari vertueux et exemplaire.
Du riz, de la farine, des pâtes, des lentilles et des pois chiches sans oublier les haricots secs… Des produits bio, poussés tout près, revendus par la SCOP l’EntrePôt à des épiceries vrac, des restaurants et à la restauration collective locale. Le projet a de quoi séduire.
Objectif zéro déchet et compostage
Mais ce n’est pas tout. Lucie Tisserand, gérante, et ses amis coopérateurs ont aussi fait le choix du zéro déchet. Fûts, bidons, boites adaptées lavables sont utilisés de la réception à la livraison des marchandises. Aucun emballage jetable n’entre dans les locaux, même les charlottes, dont le port y est obligatoire sont lavables.
Et tant qu’à livrer, pour éviter de revenir de la tournée à vide, l’EntrePôt recueille également les biodéchets de la restauration et les composte chez une maraîchère voisine. D’autres plates-formes pourront être créées chez d’autres agriculteurs. Difficile de faire mieux en matière d’économie circulaire !
Manger local et sain
Lucie Tisserand, la gérante de la SCOP, ingénieure spécialisée dans l’Industrie Agro-Alimentaire a travaillé plusieurs années dans cette branche. Elle y a constaté le gaspillage en usine. Mais aussi les astuces pour vendre « des produits toujours moins cher grâce à des compositions farfelues »… Pour elle, l’EntrePôt est « la continuation de mon mode de vie zéro déchet et le reflet de mes achats. C’est venu naturellement ».
Un modèle adapté à son temps…
A l’heure où les collectivités doivent offrir de plus en plus de bio et de local dans leurs cantines, et recycler leurs déchets, la proposition de l’EntrePôt apparaît bien comme une solution d’avenir. « Nos clients apprécient la qualité des produits, le service de la collecte des déchets et surtout la proximité des acteurs. Entre eux et le producteur, il n’y a que nous », souligne la responsable.
… Mais pas si facile à pérenniser
Lancée en mai 2021, l’activité de la SCOP n’est pourtant pas encore consolidée. Avec une quinzaine de producteurs et une quarantaine de clients, elle a vendu 10 tonnes de denrées d’épicerie sèche et récolté 7 tonnes de biodéchets l’an dernier. Mais la rentabilité sera au prix de nouveaux contrats, en particulier dans la restauration collective proche. Pas facile à décrocher !
« On attendrait davantage de cohérence entre les propos de certains élus et leurs actes, regrette Lucie Tisserand. Certains privilégient encore des fournisseurs à plusieurs centaines de km. Pourtant, une collectivité qui s’engage auprès d’acteurs locaux a valeur d’exemple ». Forte aujourd’hui de deux salariés et d’une apprentie, la SCOP aurait la capacité de créer des emplois dans la préparation et la livraison.
Former et sensibiliser
L’EntrePôt développe également une troisième activité. L’accompagnement, la formation et la sensibilisation à l’alimentation durable. Un service dont profite le Parc naturel régional du Ventoux, dans le cadre du Projet alimentaire territorial. Ce dernier comprend en effet le volet « Bien manger dans le Ventoux ».
En partenariat avec le Mission locale du Comtat Venaissin, le Parc propose à des jeunes de 18 à 25 ans, toute une série de visites, ateliers, chantiers et cours théoriques et pratiques, non seulement sur la cuisine et l’alimentation mais aussi auprès des agriculteurs. Au total près de 200 jeunes devraient participer à cette opération qui leur permet de rencontrer des acteurs locaux motivés « de la fourche à la fourchette », comme la SCOP l’EntrePôt.
Le PAT du Ventoux
L’an dernier des rencontres entre acteurs et élus ont permis de lancer le diagnostic alimentaire territorial. Objectif ? « Rendre accessible à tous une alimentation durable, locale, saine et de saison ». L’étape en cours consiste à définir différents scenarii pour déboucher sur un plan d’action.
Ces réflexions de fond n’empêchent pas les actions de concertation et d’information/sensibilisation. Notamment avec la restauration collective et le projet en cours « Un chef chez les pitchouns », qui verrait le même jour un menu « spécial Ventoux » servi dans toutes les cantines du territoire, avec un chef gastronomique. Une charte pour l’approvisionnement local est aussi en cours.
Pas d’alimentation durable sans une agriculture durable
Côté agricole, le recensement des maraîchers est en cours. Il devrait permettre de connaître et d’anticiper les capacités de fournitures de produits. Autre piste, une filière blé paysan Ventoux en constitution. Et la recherche de débouchés pour certains fruits tels que les cerises ou le raisin de table.
Comme ceux des autres Parcs, le PAT se construit petit-à-petit, au service d’une agriculture locale et durable et d’une alimentation saine pour la santé et l’environnement, et accessible à tous.