C’est une Première pour une Appellation d’Origine Contrôlée. L’AOC Ventoux se dote d’une « raison d’être ». Objectif : favoriser l’équilibre vertueux entre les humains et la nature. Annonce faite le 30 septembre à Carpentras (84).
La récolte en cours devrait être de qualité, mais les volumes ne sont pas au rendez-vous. Episodes climatiques en cause. Un constat posé par le président de l’AOC Ventoux. Frédéric Chaudière ajoute que l’appellation a pris le changement climatique en compte depuis 20 ans déjà. Ainsi une Charte paysagère et environnementale, a été mise en place, puis des Mesures Agro-Environnementales (MAE) pour préserver les couverts végétaux…
Mais depuis 2019, la démarche s’est accélérée. Forum ouvert, ateliers participatifs, conférences et multi-partenariats –notamment scientifiques- ont permis de tracer la route. Aujourd’hui, l’engagement à l’horizon 2030 a pris la forme d’une « raison d’être ». Son projet : « Réunis pour partager, protéger et cultiver le Sommet du Vivant ». Ambition affichée : « devenir un exemple de développement harmonieux et durable en protégeant le vivant et sa culture ».
Un territoire exceptionnel
Au confluent de deux Parcs naturels régionaux (Luberon et Ventoux) et de deux Réserves de biosphère UNESCO, l’appellation bénéficie d’un environnement particulièrement riche mais fragile. « Avec 30 000 ha de forêts préservées, nous sommes dépositaires d’une formidable biodiversité », souligne Frédéric Chaudière.
Parmi les engagements, celui de réduire les émissions de Gaz à effet de serre de 30% d’ici 2030. Pour y parvenir, les vignerons visent à multiplier par trois les surfaces couvertes, -enherbées ou semées- afin d’augmenter la séquestration de carbone. Elles représentent aujourd’hui 700 ha.
Autre poste lourd en carbone, celui du verre. En projet, un réseau de consigne et l’installation locale d’une unité de nettoyage des bouteilles. D’ici 2023, elle permettra d’en réutiliser 300 000. Aujourd’hui, 22 millions de bouteilles par an sont nécessaires.
Soigner les sols
Pour protéger les sols, le couvert végétal est appelé à se développer, y compris avec de nouvelles semences bien adaptées au terroir du Ventoux. Une solution qui aère et enrichit les sols et permet un moindre recours aux produits chimiques.
Et puis l’Appellation s’engage à planter 30 000 arbres d’ici 2030. Sur des friches mais aussi auprès des cultures, avec des essais d’agroforesterie.
Côté adaptation, plusieurs pistes sont ouvertes, de l’introduction de nouveaux cépages, mieux adaptés aux nouvelles conditions climatiques, à la réorganisation des plantations dans l’espace en passant par de nouvelles pratiques agricoles.
Réduire l’empreinte carbone
Celle de l’appellation en général, et celle de chacun des vignerons en particulier, grâce à un diagnostic sur l’énergie et les déchets et la mise en place de mesures dans les deux ans. La structure soutiendra les démarches individuelles.
Depuis cet été, l’AOC a recruté une chargée de mission, elle complète une équipe de désormais 5 personnes dédiées au projet. Et un Comité de pilotage se réunira tous les 6 mois pour analyser les actions et jouer le rôle « d’alliés critiques ». Représentants des vignerons, des deux Parcs, de la Chambre d’Agriculture et de Vaucluse Provence Attractivité ainsi qu’un représentant de l’INRAE et un autre de la société civile y siègeront. Leur avis sera consultatif.
La loi PACTE a introduit « La raison d’être » dans le droit des sociétés en 2019. L’article 1835 du Code Civil stipule désormais : « Les statuts peuvent préciser une raison d’être, constituée des principes dont la société se dote et pour le respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité ». L’AOC Ventoux, pionnière en la matière, espère que d’autres suivront son exemple.
L’AOC Ventoux
Elle s’étend sur 5700 ha et deux Parcs régionaux. Elle comprend 700 coopérateurs, réunis dans 13 caves, et 130 particuliers. 16% des surfaces sont en bio, soit environ 13% des volumes, avec une hausse de 1 à 2% par an. Le syndicat vigneron créé en 1949 est devenu AOC Ventoux en 1973.
L’AOC Ventoux se dote d’un tout nouveau site à compter du 1er octobre.
A 25 ans, elle quitte la Provence et s’installe à Bordeaux où elle exercera son métier de journaliste à la télévision régionale. Avec une préférence pour les reportages sur l’environnement qu’elle tourne en Aquitaine mais aussi dans d’autres régions et d’autres pays. De retour en Provence en 2014, elle rencontre le projet Bleu Tomate qui répond pleinement à son envie de témoigner et d’agir sur le terrain, pour les humains et la planète.
