Malgré le récent abandon du projet d’usine de méthanisation à Sénas, la question des biodéchets demeure. La loi Agec (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) stipule qu’au 1er janvier 2024 il sera obligatoire pour tous a minima de trier à la source. Nous sommes donc partis découvrir un nouveau modèle répondant à ces exigences.
Depuis le 1er janvier 2023, les producteurs de plus de 5 tonnes de biodéchets doivent collecter et traiter, et ce sera bientôt le cas des particuliers et petites exploitations. Alors des initiatives fleurissent comme à « la Ferme Bio de Catherine Ponçon ». Salonaise de toujours, Catherine Ponçon est une agricultrice engagée, productrice en maraîchage bio et fourrage, bien connue sur le secteur. Nous l’avons rencontrée sur son exploitation, en compagnie de Guillaume CHAIRAT de la société AGROCIBIO.
S’inscrire dans un cercle vertueux
A écouter Catherine Ponçon, la mise en œuvre de cette micro-plateforme de compostage est une évidence. « Il suffit de disposer de 2000 m² de surface pour l’aménager. Pour mon exploitation, d’autant plus en bio, j’ai besoin de matière organique. Jusqu’à présent, les volumes que je récupérais en fumier de mouton et de cheval auprès de l’hippodrome suffisaient à mes besoins. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. La solution que m’apporte Agrocibio me convient bien ! J’utilise une parcelle dont je ne pouvais rien faire, je produis mon compost que je réintègre immédiatement sur mes terres, et en plus je contribue au recyclage des déchets de mon secteur. Economie circulaire parfaite, et économie de temps, d’argent…et de production de CO² ! »
Vous avez dit « biodéchets » ??
Tout d’abord, une précision : les biodéchets sont les déchets organiques issus de ressources naturelles végétales ou animales. Par exemple les restes alimentaires, les déchets verts du jardin. Ils sont biodégradables et peuvent être valorisés en compost, un engrais riche en nutriments et en éléments fertilisants pour les plantes.
Agir au plus près du territoire
Guillaume CHAIRAT apporte quant à lui les explications techniques. « Nous faisons partie d’un groupe, Compost in situ, qui développe sur tout le territoire des solutions de compostage et de recyclage des déchets ménagers, au profit des particuliers et petites entreprises. Dans le cas présent, la microplateforme de compostage s’adresse à tous les producteurs de biodéchets. Et en premier lieu les gros producteurs (restauration collective, restauration commerciale, traiteurs, marchés).
Elle s’inscrit totalement dans l’économie circulaire d’un territoire, tout en répondant aux exigences sanitaires actuelles. Nous avons travaillé pendant 4 ans avec deux bureaux d’études spécialisés dans la gestion de l’eau et la valorisation des matières organiques pour aboutir à ce projet auquel nous croyons beaucoup !».
Un projet qui s’inscrit dans la durée
Le principe de base de ces solutions est d’être vertueux : traiter en local pour réduire le transport de déchets organiques. Pour Guillaume Chairat, l’objectif est de récupérer des déchets localisés tout au plus à 30 kms de la plateforme.
« L’unité que nous venons d’aménager chez Catherine Ponçon permettra de traiter jusqu’à 400 tonnes de déchets alimentaires par an, soit environ 2 tonnes par jour de matières récupérées. Ce projet a été validé et financé par la Région Sud dans le cadre de l’appel à projet Biodéchets. L’agriculteur demande le permis d’aménager dans le respect du Règlement sanitaire départemental (proximité d’habitations et de forages). Quant à nous nous sollicitons l’agrément sanitaire de la DDPP ».
Trouver des sources d’approvisionnement
Mais aujourd’hui la plateforme démarre et il lui faut trouver de l’approvisionnement. Des accords ont été passés ou sont en cours de réflexion avec des écoles de Miramas, Grans ou Salon. Traiter avec les grandes surfaces parait une évidence mais la complexité des manipulations n’a pas encore été totalement levée. Eh oui, se pose entre autres le problème des emballages… Cette source de matière correspondraient cependant tout à fait aux besoins de la plateforme…et des grandes surfaces ! Par ailleurs, la concurrence s’organise aussi…
Recycler aussi les déchets verts
Pour fonctionner correctement, la micro-plateforme doit associer déchets alimentaires et déchets verts. Les particuliers comme les professionnels de l’entretien des espaces verts pourraient donc valoriser leurs déchets via cette plateforme, dès lors qu’ils seraient broyés afin de pouvoir les mélanger aux biodéchets.
Techniquement, le système est organisé en 3 espaces. Une fosse recueille les biodéchets, la seconde permet de les mélanger aux déchets verts. Tous les jours les fosses sont travaillées pour favoriser la montée en température des matières, garantissant ainsi le processus d’hygiénisation. Puis le compost est extrait et installé sous des bâches pour une durée lui permettant de remplir son office : enrichir le sol de la Ferme Bio de Catherine !
Le gaspillage alimentaire
En France, chaque année, 10 millions de tonnes d’aliments sont perdues, c’est deux fois plus qu’il y a 40 ans. Les phases de perte : 32% en phase de production, 21% en phase de transformation, 14 % en phase de distribution et 33 % en phase de consommation. Ce gaspillage alimentaire représente 3% des émissions de gaz à effet de serre au niveau national.