La pression des clients et la RSE imposent aux opérateurs de verdir leur offre. En région, le Club de la Croisière Marseille Provence, le CRT PACA et l’Intercontinental s’y obligent. Leur démarche fait écho aux acteurs militants convaincus de longue date des vertus de l’écotourisme.
En matière d’écotourisme, la planète se divise en deux : d’un côté des acteurs de terrain bardés de certitudes responsables, persuadés que le tourisme ne peut en aucun cas être un produit de consommation courante – les vertueux. De l’autre des grands opérateurs obligés d’infléchir leur image et leur offre, challengés par les obligations légales et la demande croissante du marché – les suiveurs.
Les grands acteurs « contraints » au tourisme durable
Du côté des premiers, les initiatives privées ou collectives ont fleuri ces dernières années en Provence. A Bleu Tomate, nous nous en sommes faits régulièrement l’écho : Domaine des Escalavins dans la Sainte-Baume ; Camping Le Vallon à Gordes ; Tourisme ornithologique dans les Alpilles ; Slow rando dans les parcs naturels régionaux…
Au tour désormais des acteurs majeurs de se plier – mais pas toujours avec naturel – aux exigences du tourisme durable. Dans un subtil mélange de convictions affichées, de marketing opportun et d’adaptation aux règles RSE, ils tentent vaille que vaille de s’adapter.
Les défis RSE
C’est ce qu’il ressort du rendez-vous organisé jeudi 12 novembre par le « Hub Tourisme La Provence ». Il réunissait en distanciel le Club de la Croisière Marseille Provence, le Comité Régional du Tourisme PACA et l’hôtel Intercontinental. Thème : « tourisme en Métropole, les défis RSE à relever ».
L’escale de Marseille challengée
« Il y a une contestation du port, nous avons une caisse de résonance énorme », reconnait Jean-François Suhas, président du Club de la Croisière Marseille Provence. Et comment !
Avec leurs milliers de passagers aux escales et leurs rejets de CO² dans l’atmosphère, les navires de croisière sont tout sauf des exemples de tourisme responsable. « Nous travaillons avec les opérateurs pour proposer de meilleurs services. L’alimentation des bateaux au GNL a commencé avec Costa. La vitesse des navires a été abaissée. Les eaux grises, elles, peuvent être valorisées en électricité avec la centrale de Sormiou. MSC participe à ce challenge », veut positiver Jean-François Suhas.
Impact carbone des croisiéristes
A terre, les passagers trimballent pourtant sans états d’âme leur impact carbone. Le plus souvent, d’ailleurs, dans les mêmes lieux : Marseille-ville, Aix-en-Provence, les Alpilles, la Sainte-Victoire… « Notre objectif en 2021 est d’établir une charte des excursions. Des actions seront engagées en matière de transports électriques et de sélection de restaurants prônant les circuits courts. Car les clients peuvent désormais choisir un bateau ou une escale en fonction de leur impact environnemental », estime Jean-François Suhas, très optimiste pour le coup sur l’engagement responsable des passagers croisiéristes…
Label « clef vert »
Du côté de l’hôtel Intercontinental Marseille Hôtel-Dieu, fleuron de l’hébergement marseillais, on affiche aussi son engagement. « Depuis deux ans et demi, nous travaillons la protection environnementale, le social et l’économique », résume Leslie Cherfils, sa directrice générale. Cheval de bataille en 2020, l’obtention du label « clef verte ». Sésame environnemental pour les hébergements touristiques et les restaurants, il atteste de l’engagement « vert » d’une entreprise au travers d’une centaine de critères.
Programme Natur’Act en faveur de la biodiversité
Eau, déchets, énergie, achats, cadre de vie… tout y passe. « Cela va du changement des draps et des serviettes à l’arrêt de la clim’ quand les fenêtres sont ouvertes ou à la production de compost avec nos déchets de cuisine », illustre la responsable.
L’hôtel manifeste aussi sa participation locale : partenaire de Maison Pépite, jeune société marseillaise d’upcycling (recyclage, en bon français) de tissus ménagers, il est associé à Natur’Act, programme en faveur de la biodiversité, animé notamment par l’association marseillaise Citoyens de la Terre. « Il y a un besoin de mettre l’offre de tourisme et de développement durable au cœur de l’expérience client », assure Leslie Cherfils, dans un élan de langage très corporate.
Ailes de saison
Au Comité Régional du Tourisme (CRT) Sud PACA, en charge de la promotion de la région en France et à l’international, on agit sur trois axes : la saisonnalité, la répartition des touristes sur le territoire et la régulation des flux en très haute saison.
« Une haute saison trop remplie est une saison qui dégrade [l’environnement, ndlr]. Depuis environ 5 ans, toute la croissance touristique en région Sud PACA s’opère sur les ailes de saison », indique Loïc Chovelon, directeur général du CRT. Pour inciter les visiteurs à se disperser, le CRT essaie de promouvoir « une dizaine de petites villes autour de Marseille, pour une cible comme celle des croisiéristes ».
Expérimentation avec Wase
Reste la régulation en juillet et en août. « Depuis cette année, nous testons avec Wase un système d’information des touristes en temps réel. Quand le site où les touristes doivent se rendent est saturé, ils reçoivent un message indiquant qu’ils ne vont pas vivre une grande expérience client. Wase les invite alors à choisir un site voisin moins surchargé ».
De là à ce qu’ils « échouent » dans un hébergement écotouristique intègre auquel ils n’auraient pas pensé, il n’y a qu’un pas que nous rêvons tous qu’ils franchissent…