La Maison de la Transhumance et Montpellier SupAgro ont inauguré le 30 août au Domaine du Merle, à Salon de Provence, le Centre Euro-Méditerranéen de Ressources sur la Transhumance. Composé d’un fonds de plusieurs milliers d’ouvrages, ce lieu unique en France veut protéger la mémoire de l’estivage et garantir son futur.
Les bergers n’ont pas souvent l’habitude de porter des gants blancs. Certains élèves du Domaine du Merle auraient donc été surpris de voir Patrick Fabre, directeur de la Maison de la Transhumance, revêtir une paire de mitaines lors de la présentation du tout nouveau Centre Euro-Méditerranéen de Ressources sur la Transhumance (appelons-le CEMRT).
C’était pour la bonne cause. Car vieille comme le monde, la transhumance a produit des documents anciens à manipuler avec précaution. « Ici sont réunies toutes les archives du Syndicat des Eleveurs du Mérinos d’Arles depuis 1921 et des milliers d’autres documents », glisse Patrick Fabre, entre les rayonnages flambant neufs de la bibliothèque aménagée au 1er étage de la grande bastide, sur 80 m².
Carnets de transhumance, livres, photos, objets pastoraux…
Au menu : des archives papiers, des affiches, des magazines, des carnets de transhumance, des livres… mais aussi des CD’s, des vinyles (chants de bergers !), des photos, des négatifs, des objets pastoraux. « J’en ai moi-même apporté beaucoup et nous comptons aussi sur des dons ». Le stock est dédié au pastoralisme transhumant méditerranéen – la présence d’une délégation d’éleveurs piémontais le 30 août le confirmait – mais aussi portugais, américain, asiatique…
L’ouverture de cet espace s’accompagne de la mise à disposition au public d’une interface web de recherche. Conçue par une salariée de l’association Collectif Prouvènço, à Grans, elle recense tous les documents et archives répertoriés au CEMRT. Des postes de travail avec écrans permettent de les consulter sur place. En attendant un site internet dont la mise en ligne est prévue « d’ici 6 mois maximum », promet Patrick Fabre.
Investissement de 237 000 €
Le CEMRT a nécessité un investissement de 237 000 €. Ce budget a été financé par la Région Provence Alpes Côte d’Azur, principal contributeur avec 100 000 €, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, la Métropole AMP, la Fondation du Crédit Agricole Alpes Provence et Montpellier SupAgro.
Créée en 1997 et installée au Domaine du Merle depuis 2012, dans le cadre d’une convention avec Montpellier SupAgro, propriétaire du site, la Maison de la Transhumance voit ainsi confirmée sa vocation de gardienne de la mémoire et de l’avenir de la grande transhumance ovine.
Parmi ses projets, elle porte celui d’ouvrir en 2020 La Routo, un itinéraire de randonnée de type GR, qui reliera Arles à Borgo San Dalmazzo, dans le Piémont italien. Certains, comme Jean-Marc Zulesi, député LREM de la 8ème circonscription des Bouches-du-Rhône, y voient déjà des signes favorables pour « s’engager sur le chemin d’un classement [de la transhumance] à l’UNESCO ».
L’Autriche, l’Italie et la Grèce, elles, n’ont pas attendu. Elles ont déposé un dossier au printemps 2018 pour demander son classement au titre du patrimoine immatériel. Il sera examiné par l’UNESCO d’ici la fin de l’année. La France pourra-t-elle se raccrocher au troupeau ?
Pour aller plus loin
Centre Euro-Méditerranéen de Ressources sur la Transhumance
Maison de la Transhumance
Domaine du Merle
13300 Salon de Provence
04 90 17 06 68 / 04 90 17 01 50