Ce magasin de producteurs accueille ses clients depuis le mois d’août mais il vient d’être inauguré. Il est installé à la limite de la ville, dans les bâtiments de la ferme Saint Joseph. Celle-ci renoue avec l’activité agricole grâce à son rachat par Terre de liens.
C’est une vraie fête à laquelle les acteurs du projet ont convié partenaires et clients. Décorations, visite du bâtiment et des champs, animations, dégustations et concerts… Agathe et Annabelle ont profité de l’invitation. En coloc dans le quartier, elles fréquentent le magasin depuis qu’il a ouvert.
Des consommateurs motivés
« Moi j’aime bien aller au marché, dit Agathe, ici c’est un peu la même démarche ». Même intérêt pour Annabelle. « Je viens de la campagne profonde, où on fait son petit jardin. C’est ma culture familiale. Avant, on allait sur l’île de la Barthelasse mais c’est un peu loin, alors le magasin tout près avec les mêmes produits, c’est une bonne surprise ! Et les prix sont corrects ».
Le Masss (beaucoup d’ « sss » pour rappeler malicieusement « aux parisiens » qu’il ne s’agit pas d’un « mâ ! »…), le Masss donc propose fruits et légumes, miel, vin, œufs jus et compotes, fromage de chèvre et de brebis… Et bientôt de la viande et du pain.
Une approche collective
Les 10 agriculteurs qui y vendent leurs produits se sont rassemblés au sein de l’association « Paysans d’Avignon ». Ils sont 10, à 95% bio, tous installés dans l’agglomération et autour. Ils ont embauché une salariée et travaillent chacun une journée tous les 10 jours au magasin, ouvert du mardi au samedi.
Anne et Olivier sont membres de « Paysans d’Avignon ». Maraîchers bio à Tarascon sur 6.5 ha, ils vendent à la ferme, en AMAP et aussi en demi-gros, à des épiceries parisiennes.
Vive la vente directe
« On avait envie de diversifier nos ventes et de réduire la part de demi-gros où on ne choisit pas les prix, précise Olivier… C’est plus satisfaisant de vendre ici en direct. L’avantage c’est de rencontrer les consommateurs, de parler de notre métier… On ne trouve ça nulle part ailleurs, sauf avec l’AMAP ».
Même s’il n’est pas sûr d’être gagnant sur le plan économique, car le magasin implique des frais et du temps de travail, le maraîcher est « satisfait sur le plan éthique ».
La renaissance d’une ferme
Parmi les membres de « Paysans d’Avignon », on trouve une SCOP, « Des pieds et des mains ». La Coopérative, forte de 4 producteurs installés à Barbentane –et qui cherchait de nouvelles terres à travailler- est aujourd’hui en fermage au Mas Saint Joseph. Au programme, maraîchage en agroforesterie, 400 mètres de haies plantées, des arbres fruitiers, avec le concours des scolaires du quartier.
« Le magasin, les travaux, c’est une réussite, se réjouit Matthieu Joyet-Gendrot, membre de la SCOP. On est très contents que tout ait été mené à bien. On cherche à développer une agriculture paysanne, en contact avec les consommateurs, avec des produits de qualité et frais. Ici la zone est très passante, on est entre le 84, le 30 et le 13… On fait des efforts sur les prix ». A côté du magasin, des chambres froides et une future plate-forme logistique ont été aménagées.
Un combat permanent
« Maintenant, poursuit l’agriculteur, on a plusieurs défis à relever. Que le magasin fonctionne bien, mais aussi trouver de nouveaux débouchés, notamment dans la restauration collective, grâce à la plate-forme ». Autres pistes, la vente de paniers, aux comités d’entreprise et le développement de la gamme du magasin.
En janvier dernier, Bleu Tomate avait présenté ce projet ambitieux (lire ici notre article). Le rachat de la ferme, située dans la ceinture verte d’Avignon, au Sud Ouest de la ville, par l’association Terre de liens, spécialisée dans la sauvegarde des terres agricoles. Une opération exemplaire à plus d’un titre.
« Faire pousser des fermes »
« Le mas St Joseph, c’est un projet un peu hors norme, explique Olivier Cadart, bénévole à Terre de liens. En effet, il associe une ferme et un magasin. Et d’autre part, nous n’avons pas affaire à un fermier, mais à une SCOP. En plus, on a dû réaliser de gros travaux sur le bâtiment. Et cela a été compliqué car nous sommes en zone inondable. Par exemple, il a fallu créer une pièce refuge à l’étage ».
Le projet a reçu le soutien de partenaires motivés, la Ville d’Avignon, l’agglomération et l’Etat. Des bureaux et un logement pour accueillir un fermier et sa famille ont également été aménagés dans le bâtiment de la ferme Saint-Joseph.
Financement citoyen, tous concernés
« Ce qui nous rassemble, c’est l’agriculture paysanne, qui veut dire aussi paysages, nous confie Olivier Nouguier… Ici on recrée de la biodiversité ». L’opération financée par la Foncière de Terre de liens et la campagne participative citoyenne en cours vise aussi l’installation d’agriculteurs bio et l’amélioration de l’autonomie alimentaire du territoire. Exceptionnelle par son ampleur et sa complexité, elle sert d’exemple pour d’autres dossiers de l’association.