Sportif fan de montagne, Bruno Gonnon complète dans les Alpes ses revenus d’accompagnateur par la vente de génépi, une plante délicate qu’il cultive à 2 300 mètres d’altitude.
La neige l’a toujours fait rêver. L’enfant de Normandie et d’Anjou a accompli son vœu. Vingt cinq ans qu’il vit dans les Hautes-Alpes, après des années au… bataillon des Sapeurs-Pompiers de Paris. « A cette époque, j’avais beaucoup de congés, je partais skier dans les Alpes où j’allais déjà, gamin, avec mes parents ». Cela lui plait tant qu’il plaque les pompiers pour un emploi de… barman à l’UCPA.
De soirées-cocktails en sorties nature, il devient moniteur de ski nordique, de VTT et accompagnateur en montagne, des jobs qui le font vivre désormais en free lance. Le génépi ? « J’ai toujours eu une sensibilité avec les plantes et les fleurs de montagne. Et puis l’aspect économique compte. La culture du génépi est rentable et assure un bon complément de revenus », reconnait Bruno Gonnon.
Rentable parce que la demande des transformateurs de la région est importante. Et que, dans la nature, le génépi est protégé : chacun n’a le droit de cueillir que l’équivalent d’une poignée de brins.
Récolte manuelle
C’est ainsi que notre homme s’est retrouvé à domestiquer cette plante sauvage. Un pari, partagé par une dizaine d’exploitants dans le département. Car si un plant de génépi produit dix ans dans la nature, en culture, il se fatigue et dépérit au bout de trois. Et puis, il a fallu trouver une parcelle.
« Je voulais qu’elle soit au-dessus de 2 000 mètres car le génépi donne là le maximum de sa puissance aromatique. Il fallait aussi une orientation sud, une pente légère, de l’eau à proximité et une bonne accessibilité ». Tous ces critères se trouvent réunis sur le plateau de Roche Rousse, au cœur du domaine de ski alpin d’Orcières-Merlette, à 2 300 mètres d’altitude.
Un site grandiose, entourée des aiguilles d’Orcières, de la Grande Autane et du Mourre Froid, un quasi « 3 000 ». La mairie et la Chambre d’agriculture voient d’un bon œil ce cultivateur des cimes prêt à valoriser les alpages. Et lui louent une parcelle de 1 500 m². « Je viens de mai à l’automne. Je plante, j’arrose, je désherbe et je cueille début juillet les brins des plants des années précédentes ».
La récolte s’effectue aux ciseaux, dos courbé, ou assis entre les rangs. En faisant bien attention à ne pas mélanger les brins de Mutellina (génépi jaune) de ceux de Spicata (génépi noir), « plus fin, avec moins d’amertume, un peu le Graal des planteurs », dit Bruno. Sa parcelle est entourée de grillages contre les prédateurs, les marmottes – qui sifflent joyeusement en juillet – et les campagnols, très gourmands.
15 jours de séchage
Le génépi une fois cueilli et séché – 15 jours environ – Bruno l’écoule en vrac auprès des transformateurs, à des revendeurs – des boutiques du coin – et en sachets de 5 g aux particuliers, via son site Internet. 5 g, c’est la quantité qu’il faut pour produire, par macération, un litre de génépi. Chacun peut le faire chez soi, des recettes sont disponibles sur son site. « J’aime la solitude en montagne, mes deux enfants viennent m’aider pour la récolte et se baignent dans les petits lacs du plateau. Tout cela correspond à la vie que je souhaitais », dit Bruno. Avec la neige en prime sur les sommets, dès le mois d’octobre…
Repères
4,5 à 6 €. C’est, selon la qualité, le prix d’un sachet de 5 g vendu aux particuliers sur le site Internet de Bruno Gonnon.
600 hectares. C’est la surface cultivée en France de plantes aromatiques sèches, parmi lesquelles se compte le génépi (source : FranceAgriMer).
Infos pratiques
Bruno Gonnon
05 La Bâtie Neuve
06 88 06 47 04 / 04 92 51 67 79
Le sujet me passionne et fera doreanavant figure de reference !
Nous aussi donc nous tenterons de vous tenir informé de l’actualité du génépi !