Le Festival Terre et Avenir bat son plein à Salon de Provence. Moment d’échanges autour de films et documentaires, il rallie un large public sensibilisé à la cause environnementale. Bleu Tomate a assisté jeudi soir à la projection du documentaire « Mission Régénération » de Josh et Rebecca Tickel.
« Les sols du monde pourraient emprisonner à temps le carbone nécessaire pour sauver notre espèce » – Joshua et Rebecca Tickell
Stabiliser le climat et restaurer les écosystème perdus, vaste chantier! C’est pourtant ce qui est présenté, démontré dans ce documentaire. Il s’agit de totalement repenser notre relation au sol. Non seulement il nous nourrit, mais surtout il est un spectaculaire puit de carbone… Ainsi que l’expliquent un agronome et des scientifiques américains tout au long du documentaire, revoir nos systèmes d’agriculture permettrait de résorber d’ici 2050 tout le carbone émis au cours du dernier siècle. Réduire notre consommation d’énergie fossile, c’est bien sûr une obligation, mais stocker ce qui est de toutes façons dans l’atmosphère serait encore plus rapide et efficace !!
« Il faut se battre »
C’est ce qu’a répété tout au long du débat qui a suivi Marc Dufumier (*), agronome spécialiste des systèmes agraires. Pour lui, tant que les agriculteurs ne seront pas correctement rémunérés, il sera difficile de leur demander de pratiquer une autre agriculture. Il confirme ce que présente le film, à savoir l’impasse dans laquelle le système alimentaire mondial est engagé. Du labour, qui libère le CO2 enfoui dans le sol, aux pesticides qui détruisent les écosystèmes, en passant par la désertification qui menace de nombreuses zones du monde. Plus près de nous, à ses yeux les dernières négociations autour de la PAC ont été une bataille à nouveau perdue, car elles n’ont pas abordé les vrais sujets. Mais une fois de plus les décisions à prendre sont du ressort des politiques. Il faut donc aider nos agriculteurs à se tourner vers une agriculture régénératrice.
Un festival à énergie positive, c’est quoi ??
Frédéric Bourgeois et Sylvie Castellane, membres du comité de pilotage qui organise le festival nous en expliquent la philosophie. « Notre objectif est de sensibiliser, interpeller, informer, encourager les spectateurs à agir. La finalité qui guide tous nos choix, c’est de prouver que des solutions existent. Tout au long de l’année qui précède nous recherchons des films et documentaires qui permettront de sortir de l’éco-anxiété ambiante. La vocation de PST (Pays Salonais en Transition), sensibiliser aux problématiques environnementales et mettre en place des alternatives concrètes trouve ici tout son sens. »
S’adresser de l’enfant à l’adulte
Mais tout ne se passe pas dans les salles du Cine Planet de Salon ! Dès le mois d’avril de l’année précédente, la recherche des films s’attache aussi à trouver des sujets pouvant s’adresser aux enfants. De la maternelle au lycée, une vraie réflexion est menée pour fournir au corps enseignant de multiples outils pédagogiques. Ceux qui s’engagent peuvent ainsi travailler tout au long du premier trimestre sur le sujet de l’environnement. Et ils se présenteront aux projections avec des enfants déjà au fait de ces sujets.
Le Festival propose un programme de 11 films. Ils peuvent alors se déplacer dans la semaine avec leurs classes, aux jours et horaires de leur choix.
Enfin pendant le festival, les séances dites « famille » offrent une sélection de 3 films également destinés à un public jeunesse.
Vive la démocratie participative !
Bien qu’organisé sous la forme associative, chez Pays Salonais en Transition (PST) on parle de « collectif ». Aucun salarié, les bénévoles sont à l’origine de toutes les actions menées. PST est donc l’affaire de personnes mobilisées et motivées, fidèles sur la durée à leur engagement. Chaque projet est mené par un groupe organisé en « comité de pilotage » qui a toute latitude dans ses choix et ses décisions. Et le lancement de nouvelles idées est toujours accueilli avec intérêt. Pendant la projection, Marjorie de PST a d’ailleurs proposé d’entamer une réflexion sur la récupération des déchets produits tant dans la restauration collective que chez les particuliers. Halte au gaspillage et vive le compostage !!! Les spectateurs présents ont apprécié.
En plus de donner l’envie d’agir pour la planète, le documentaire fait prendre conscience de l’exceptionnelle capacité de la nature à pouvoir guérir des maux actuels…à condition d’en prendre soin.
(*) Agronome, docteur en géographie, professeur honoraire en agriculture comparée à Agro Paris. Marc Dufumier est l’auteur de nombreux articles parus dans les principales revues d’agronomie. Ses publications : une dizaines d’ouvrages sur les politiques agraires, l’agriculture biologique, l’alimentation et la nutrition. Egalement expert auprès des Nations-Unies et de la Banque Mondiale sur les questions d’agro-écologie, il a en outre été membre du Conseil Stratégique de l’Agriculture et de l’Agro-industrie durable au Ministère de l’Agriculture. Son dernier livre « De la Terre à l’assiette – 2020 »