C’est un festival un peu à part que nous avons découvert dans les Hautes Alpes… Entre Champsaur, Valgaudemar, Gapençais et Pays du Buech, il a fait un pari depuis sa création en 1995. Celui de ne pas disposer d’un espace fixe, mais d’aller à la rencontre des habitants de ces territoires.
Michaël DIAN, le fondateur nous raconte… « Cela nous paraissait une évidence. C’est à la culture d’aller vers les gens ! Comment voulez vous que les habitants de ces zones de montagne, avec les difficultés de déplacement qu’ils peuvent connaître, fassent des kilomètres pour aller au concert ??? C’est donc nous qui allons au-devant d’eux, avec des programmations musicales itinérantes ». Et ça marche !!!
Un fort ancrage territorial
Cette réussite à sa recette. Associer une programmation soigneusement élaborée avec la recherche, tout au long de l’année, de lieux pour accueillir chaque évènement. Michaël complète son propos, en nous expliquant que « à ma charge, la recherche des artistes, en éclusant tous les festivals, les évènements en France et à l’étranger. Mon équipe qui vit sur place quant à elle, proche des collectivités et acteurs locaux, saura dénicher l’église, la salle communale, le jardin partagé qui offrira les conditions idéales pour que se produisent ceux et celles que j’aurai découverts. Et le choix final sera un choix collectif ».
Concerts et rencontres font le plein
Cette philosophie qui mobilise l’équipe tout au long de l’année est l’essence même de ce festival. Il conserve un public fidèle et participe ainsi à la richesse de la vie culturelle dans ces montagnes. Le pari était osé, mais le constat est sans appel : du mois de janvier au mois d’août, les ateliers, les concerts, les conversations entre public et artistes font le plein pour la plupart d’entre eux. Les collectivités locales, communautés de communes et communes, participent à la mise à disposition de lieux, à la promotion des évènements organisés sur leur zone. La mobilisation de bénévoles eux aussi particulièrement fidèles, est une autre des clés de la réussite.
L’Espace Culturel Chaillol, labellisé d’intérêt national
Et pour lui donner encore plus de légitimité, l’ECC, organisateur de tous ces évènements, a reçu l’appellation Scène Conventionnée d’Intérêt National. Sa spécificité lui a permis d’être la première structure Art en Territoire, en itinérance. Quant à la programmation 2024 du festival, elle est éclectique : jazz, chants méditerranées, musique de chambre, afro-folk blues… Chacun peut y trouver son bonheur.
Une activité tout au long de l’année
Si le Festival occupe l’équipe une bonne partie de l’année, les activités de l’ECC ne s’arrêtent pas là. Toujours axées autour de la musique, elles sont pluri-dimensionnelles. Le public est aussi bien les adhérents d’un jardin associatif intergénérationnel, l’Ouort de Benevent, que des détenus de la Maison d’Arrêt de Gap ou les enfants des écoles. Bien implanté, légitime, l’ECC est ce qu’il a choisi d’être : partie prenante du territoire.
Rendre au territoire ce qu’il donne
Vivre et faire vivre le territoire est une constante. Juliette, la cuisinière du Festival, nous raconte son quotidien. « Je me suis reconvertie dans la cuisine il y a quatre ans. Et depuis deux ans, je prépare les repas des musiciens et des équipes. Tous mes choix de produits sont locaux, bien sûr. Je travaille avec des producteurs que je côtoie toute l’année dans une cuisine partagée sur Gap. Quant aux artistes, je m’attache à leur préparer des plats d’ici, en alternant avec des plats végétariens. Vous avez goûté le pain ????? Une tuerie, non ? » complète-t-elle avec un grand sourire…
Ovation debout
Le spectacle auquel nous avons eu la chance d’assister était une création du Festival qui en a porté la production. Avec les musiciens de son ensemble, Marine Goldwaser, une des solistes les plus en vue de la scène kezmer, a régalé les spectateurs présents. Rencontrés dans le public, Dorothée, Valentine, Jack et Alexis, bretons et parisiens, sont venus grâce à la presse et à l’office de Tourisme local. «Nous connaissions déjà cette formation, mais les voir dans le cadre de ce festival est quand même unique !! C’est une merveilleuse idée de déplacer les concertistes dans les villages. Et puis la programmation est tellement riche… ». Ces « Noces Yiddish » ont insufflé un grand vent de légèreté et de vitalité. Dans la chapelle St Michel, c’est debout que le public nombreux a applaudi les artistes en fin de concert.
Photo de 1 : Festival de Chaillol 2024_Les Noces Yiddish @Alexandre Chevillard