Pierre Rabhi discute avec les lycéens au Lycée d'Aix -Valabre

Des lycéens en formation par centaines, des paysans, des techniciens, des prof, des associatifs …et Pierre Rabhi ! La journée au lycée d’Aix-Valabre à Gardanne jeudi 31 mars a foisonné d’échanges, de partages d’expériences et de réflexions autour de l’agro-écologie.

Quelques exemples de ce qu’ils ont dit, ou de ce qu’ils font :

-Claude BALMELLE (DRAAF) :

15% des terres de Provence sont en bio (% pour la moyenne nationale)

-12 GIEE (Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental) ont été créés en Provence.

Chacun regroupe plusieurs agriculteurs autour d’un projet économique-écologique-social, qui peut recevoir des aides financières.

Exemple : Champsaur Lait et ses 6 éleveurs qui ont décidé de transformer leur lait et de vendre localement leurs fromages, ou encore l’Union des Vignerons des Dentelles RHONEA et ses 200 viticulteurs engagés dans la réduction des intrants, le traitement des effluents et la plantation de haies et bosquets.


 

Philippe POINTEREAU (agronome expert)

Il y a urgence à changer un modèle agricole qui perd toujours plus d’emplois, d’exploitations et de biodiversité, qui aggrave le changement climatique et la dégradation de la santé.

L’agro-écologie propose le maintien d’un bon niveau de production sans intrants chimiques, elle intègre la ferme dans son environnement, protége les écosystèmes tout en assurant une bonne couverture nutritionnelle. Autrement dit, le système agricole doit être au service du système alimentaire et environnemental.


 

Marie-Christine FAVE (vétérinaire)

Le sol est un monde vivant et la santé un équilibre auquel participe la biodiversité : mieux vaut faire « avec » plutôt que « contre. »


 

-Un exemple de ferme DEPHY, les Vignerons de la Sainte-Victoire.

9 fermes sont entrées dans ce dispositif lancé par le Ministère de l’Agriculture dans le cadre du plan Ecophyto. Un technicien est mis à leur disposition à mi-temps pour les aider dans leurs objectifs : réduire les intrants.

le programme de la journée sur l'agro-écologie

Une journée riche en échanges sur l’agro-écologie

Au bout de 4 ans, l’évolution est plutôt positive, notamment côté herbicides (grâce à l’enherbement des rangs de vignes et au travail du sol). Contre l’oïdium et le mildiou, le bilan est contrasté, certains ont bien réduit, d’autres moins, question de climat local et de surfaces…

Les acteurs vont travailler sur la biodiversité (plantation de haies, d’aromatiques, d’arbres, de fleurs en bout de rangs, bords de cours d’eau, nichoirs afin de retrouver les auxiliaires). Ils apprécient de travailler ensemble et de s’épauler mutuellement.  3 nouveaux  vont intégrer le groupe.


 

Les champs de  chanvre du Luberon…

L’association des producteurs de chanvre en Luberon, soutenue par le Parc Naturel Régional, forte d’une bonne douzaine d’adhérents, produit grâce à la culture du chanvre des matériaux isolants naturels (laine, laine fibrée ou granulat de chanvre).

Parmi tous les isolants, le chanvre fermier présente l’un des meilleurs bilans CO2 (la plante en absorbe tout au long de sa croissance) et une très faible quantité d’énergie « grise » (énergie nécessaire à la fabrication).

Cultivé sur une trentaine d’hectares, le chanvre participe à la rotation des cultures et représente un revenu d’appoint non négligeable pour les agriculteurs. Il est vendu dans la région aux particuliers et artisans.


Et la permaculture ?

Franck NATHIE (chercheur autodidacte)

C’est le professeur d’Université Bill Mollison qui en a parlé le premier en Australie. « Prendre soin de la terre, des humains, créer l’abondance et partager les surplus. »

La permaculture est une éthique. Elle a d’abord été développée dans les zones désertiques où il était nécessaire de régénérer les sols,  « après confrontation avec le système de production occidental »…

La permaculture est la recherche d’équilibre dynamique, elle fait avec tout le monde, il n’y a pas les bons et les mauvais (auxiliaires et prédateurs), chacun a sa place dans l’écosystème, et il faut faire avec.


 

Pierre Rabhi  (paysan penseur)

« Seule l’agro-écologie est capable de nourrir la planète »

Devant des centaines de lycéens, il fait le récit de son enfance en Algérie, sa venue en France, son travail comme ouvrier, puis le choix de l’Ardèche en 1960, dans un lieu quasi inaccessible et au sol jugé ingrat, mais « un lieu si beau ». Paysan bio, poète, auteur, Pierre Rabhi intervient en Afrique, crée un centre de formation à l’agro-écologie, des associations (« Les Colibris », puis « Terre et Humanisme

Extraits :

« Nous êtres humains, comment allons-nous nous organiser sur cette planète pour survivre ? Aujourd’hui l’argent est la puissance absolue, les ressources sont accaparées par quelques uns .Nous préconisons une autre façon d’engager la vie que le toujours plus, la croissance indéfinie est impossible… On ne pourra s’en sortir qu’avec la sobriété heureuse… La joie vient par la simplicité…

« Toutes les villes devraient produire pour elles-même,  et non dépendre des transports… Il faut une politique rurale ET urbaine, sous peine d’explosion. »

« Et quelle terre allons-nous laisser à nos enfants, et quels enfants à la terre ? L’éducation devrait éveiller chaque enfant à ses propres potentialités, plutôt qu’à la compétitivité… »