L’abattoir mobile du Luberon verra-t-il le jour bientôt ? Le projet est porté par une quinzaine d’éleveuses et éleveurs de chèvres et de brebis. Leur objectif ? Disposer d’un outil au service de l’élevage paysan local et durable, respectueux des animaux et de leur travail.
Bleu Tomate s’est déjà fait l’écho de cette initiative (lire nos articles ici et là). Intérêt ? Réduire le temps de transport et le stress des animaux en favorisant un environnement connu. Car les éleveurs à l’origine du projet, accompagneront leurs bêtes de la naissance à leur mort, puisqu’ils effectueront eux-mêmes l’abattage. Et pour les caprins, en développant l’engraissement des chevreaux à la ferme, les paysans valoriseront une viande qui ne l’est pas aujourd’hui.
Proposé par la Confédération Paysanne et soutenu par le Parc naturel régional du Luberon, le projet –prévu pour les petits ruminants- s’inscrit donc dans la relocalisation d’un outil de valorisation des productions locales.
Un projet dans un environnement favorable
En ce début d’année 2023, l’idée d’un abattoir mobile, -semi-remorque et tracteur- qui ira se poser au plus près des élevages, sur au moins deux aires dédiées, a fait son chemin. Notamment auprès des autorités publiques. La France défend désormais auprès de l’Europe l’abattage semi-mobile. « L’Etat voit d’un bon œil notre projet éthique à petite échelle, et les préfets du Vaucluse et des Alpes de Haute-Provence le soutiennent. Ils nous accompagnent et nous aident à rechercher des terrains sur les communes », expose Sébastien Félix, éleveur à Lauris (84) et membre de l’association « L’abattoir mobile du Luberon ».
Un projet à la recherche d’aires d’accueil
Car si le projet est prêt sur le papier, (il est chiffré, le constructeur choisi, les questions administratives et sanitaires en cours de règlement…), le problème aujourd’hui est de trouver des communes prêtes à proposer un terrain pour accueillir l’Abat’mobile. Une aire de 2000 m2, à clôturer, équipée d’un local technique, de l’assainissement et de l’électricité et d’auvents pour abriter les bêtes.
« Les maires semblent intéressés par le projet, mais hésitent à s’engager. Parfois, ils manquent de terrains, ou bien ceux-ci sont inondables, inconstructibles… » explique Aurélie Payan, chargée de projet. Cette jeune ingénieure agronome a été embauchée il y a quelques mois par l’association l’Abattoir mobile du Luberon–grâce à un financement participatif- pour faire avancer le projet.
La finalisation des aires d’accueil est aussi la difficulté que rencontrent des projets similaires d’abattoir mobile, dans d’autres régions.
Un projet qui grandit
Pas de quoi décourager les éleveurs et leurs soutiens, comme l’association Au Maquis de Lauris ou encore le Collectif Transition du Pays d’Apt. Car l’Abat’mobile ne concerne pas que les éleveurs, mais bien aussi les consommateurs et les citoyens. « Il s’agit d’un projet de société », argumente Sébastien Félix. « Il concerne le bien-être animal, celui des éleveuses et éleveurs, mais aussi l’environnement ».
Alors l’équipe continue à rencontrer élus et éleveurs. Le 9 février dernier, c’était ceux du Ventoux, sous l’égide du Parc naturel régional. Ce dernier –comme le Parc du Luberon– porte un Projet alimentaire territorial. La réussite de l’Abat’mobile, gage d’une production et d’une alimentation locale et saine et de soutien aux acteurs économiques du territoire semble cohérente avec les principes d’un PAT.
Les éleveurs présents se sont montrés intéressés. Car pour eux comme pour leurs collègues du Luberon, les conditions actuelles d’abattage posent de nombreux problèmes. Eloignement (vers Digne Sisteron ou Tarascon), voyages nombreux -les abattoirs acceptent d’abattre de moins en moins de cabris… Alors une aire d’accueil entre versant sud du Ventoux et versant Nord du Luberon pourrait recueillir les suffrages.
Un projet qui a du sens
Les éleveurs de brebis et de chèvres du territoire élèvent des animaux de race rustique et locale. Ceux-ci se nourrissent en collines ou en prairies naturelles, et du fourrage produit le plus souvent sur la ferme. Ce système préserve l’environnement et les paysages. La production de viande ovine et de fromage est valorisée sur les marchés, en AMAP, à la ferme ou dans des magasins de producteurs.
Aujourd’hui l’Abat’Mobile est prêt à rouler au plus près des élevages. Le projet prévoit en effet que chacun d’eux sera à petite distance d’une aire. Reste aux élus à sauter le pas. Le maintien et le développement de modes d’élevage durables sur le territoire est à ce prix.