Sa silhouette calcaire se détache dans le paysage, en réponse à la Sainte-Victoire voisine. Occupant une position carrefour entre Marseille, Aix-en-Provence et Toulon, cette enclave naturelle et spirituelle fascine et attire des publics variés. Mais sa fragilité reste grande.
Au commencement, il y avait une grotte (« baumo » en provençal). Dédiée à des pratiques cultuelles autour de la fécondité, c’est avec le christianisme que la légende se construit. Au 1er siècle, Sainte-Marie Madeleine y aurait vécu en ascète à la fin de sa vie, après avoir fui la Terre Sainte et évangélisé la Provence.
La montagne sacrée
La protection des moines fondateurs de l’Abbaye de Saint-Victor, à Marseille, l’a érigée en site sanctuaire depuis le 5ème siècle. Objet de nombreux pèlerinages (dont ceux de certains rois célèbres comme Saint-Louis ou Louis XIV), la Sainte-Baume est de tout temps un lieu de ressourcement et de spiritualité emblématique. En 1279, Charles II d’Anjou, comte de Provence, découvre à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume une crypte et des reliques de la Sainte. Depuis, la basilique érigée en cet endroit rassemble les foules de pèlerins, pour en faire le troisième tombeau de la chrétienté.
Une histoire rurale millénaire
Depuis la Préhistoire et l’Antiquité, la Sainte-Baume livre à ses habitants ses richesses naturelles. Loin d’être vide (même si elle est peu habitée), elle était le lieu d’activités rurales, comme en témoigne son patrimoine vernaculaire. Bergeries, drailles et moulins pour l’agriculture. Fours à chaux, charbonnières et glacières pour l’exploitation de ses ressources naturelles. Cette identité rurale témoigne d’un passé où les hommes vivaient de la montagne. En harmonie avec elle et dans le respect de sa symbolique.
Le château d’eau de la Basse Provence
Entité montagneuse unique de 12 km, elle abrite une biodiversité spécifique. Son adret, à la flore méditerranéenne, contraste avec son ubac, frais et humide, à la flore montagnarde. Elle offre des paysages variés de pelouses calcaires et de coteaux agricoles entre Saint-Maximin-la-Sainte-Baume et Brignoles. Elle abrite aussi et surtout une forêt relique peuplée de hêtres et de chênes pluri-centenaires.
Son massif karstique, composé de nombreux gouffres et avens, donne naissance à des rivières bien connues : l’Huveaune, le Camary, l’Issole et le Gapeau. Du haut de sa crête, on embrasse un paysage à 360 °, des Alpes à la Méditerranée.
Belle mais fragile …
La Sainte-Baume veille sur les villages installés à ses pieds. De Signes à l’est jusqu’à Cuges-les-Pins à l’ouest, elle constitue une enclave naturelle où l’on vit peu (80 habitants seulement sur le plateau jusqu’au milieu du 20ème siècle). Mais l’essor des villages proches guette et menace sa quiétude millénaire.
A la fois proche et lointaine, elle fascine toujours autant les amateurs d’activités de pleine nature comme les contemplatifs qui la pratiquent en toute saison. Elle représente cet éden tant recherché, à deux pas des grandes villes voisines. Mais cet engouement à un prix, celui d’une sur-fréquentation rapidement dommageable pour le site. En quête de rupture avec le monde moderne ou de sensationnels paysages « instagrammables », l’impact de l’homme fragilise des milieux jusque-là préservés.
Pour poursuivre sa préservation, comme depuis des millénaires, un Parc Naturel Régional a été créé en 2017, après 45 ans de débat ! Lourde tâche maintenant que de préserver sans interdire. Mais c’est à ce prix pourtant que cette montagne sacrée pourra le rester pour encore longtemps.
Pour en savoir plus
Carte d’identité du PNR de la Sainte-Baume.
Date de création : 21 Décembre 2017
- 52èmeN.R de France
- 8ème de la Région Sud
- 2 Départements : Bouches-du-Rhône et du Var
- 26 Communes
- 58500 habitants
- 82 000 hectares dont 80% en espaces naturels