tablée à la Cantine solidaire de Cavaillon

Une alimentation de qualité est un droit, pour tout le monde. Sur ce principe, l’association Au Maquis anime à Cavaillon une cantine solidaire. Produits locaux, bruts et bio, participation des convives à la cuisine et à tous les projets. Bleu Tomate s’est invité à la table de la Cantine.

Ce froid jeudi de décembre, on s’affaire dans la grande pièce de la Maison Commune de Cavaillon. Elle sert à la fois de cuisine et de salle à manger. Laurie et Dominique découpent les kakis qui finiront en dessert avec du fromage blanc, Caro les poivrons pour agrémenter le dal de lentilles et de riz. Abdallah cisèle la salade et les échalotes.

découpe et préparation de la salade

Chaque jeudi, entre trois et cinq personnes préparent le repas ©JB

Décisions collectives

Comme tous les jeudis depuis trois ans, bénévoles et personnes en situation de précarité sont au coude-à-coude pour préparer le repas du jour. Caro et Manon elles, sont salariées de l’association Au Maquis, installée à Lauris, qui porte la Cantine. La Maison Commune est une halte de jour, gérée par l’association cavaillonnaise Le Village et coanimée avec le Secours Populaire.

-« Je troupe ça sympa, c’est occupant et agréable » explique Laurie d’une voix douce. La jeune femme vient se poser et boire un café à la Maison Commune depuis peu de temps. « Les gens sont gentils, c’est ouvert à tout le monde. Moi j’ai toujours soigné mon alimentation avec des produits frais », poursuit-elle.

Cuisson du riz et des légumes pour le dal

Echange de conseils et de recettes autour des casseroles ©JB

A la Cantine solidaire, tout est discuté et décidé ensemble. Les approvisionnements ? Achats et dons des paysannes et paysans locaux, cueillettes et glanage réalisés en commun. Les menus ? Chacun peut proposer son idée, et la mettre en œuvre.

Justice alimentaire

Car ici, il ne s’agit pas de charité mais bien de justice alimentaire, avec ce projet global et ambitieux.  « Affirmer qu’une alimentation de qualité c’est un droit, voilà la porte d’entrée de la Cantine, affirme Manon. Les convives y participent pleinement et y exercent leur choix sur leur alimentation ».

on goûte les desserts à base de kakis

Jean-Pierre et Dominique goûtent les desserts qu’ils ont préparés ©JB

-« L’autre fois on a ramassé 240 kg d’olives chez une propriétaire, et elle nous a donné un bidon de 20 l d’huile » précise Jean-Pierre. Ce jeune retraité, ancien charpentier monteur voltigeur ne tient pas en place. Au Village, il répare des vélos, au Maquis, il cultive le jardin de l’association, et à la Cantine il s’active sur tous les fronts.

-« Ici tout le monde est accueillant, chaleureux, il y a beaucoup d’échanges, de convivialité, tout le monde écoute tout le monde, se réjouit-il. Et puis tous les produits sont locaux, beaux et bio ».

« Un espace où les cloisons s’effacent »

La convivialité, le partage, la rencontre, voilà ce qui a séduit Dominique. Cette ancienne traductrice vient tous les jeudis, et parfois le mardi, pour le brunch. « C’est une joie d’être ensemble et de faire ensemble avec des personnes qu’on n’a pas l’occasion de rencontrer facilement. C’est un espace où les cloisons s’effacent ». Depuis toujours préoccupée par la question d’une alimentation saine pour tous, elle poursuit : « On partage une nourriture de qualité, on sait d’où elle vient, comment elle est produite, on retrouve le lien avec la terre. »

l'équipe du jour de la cantine solidaire

Salariés, bénévoles, personnes en précarité, toutes et tous font vivre la cantine solidaire ©JB

Dans quelques mois, la Maison Commune va s’installer dans de nouveaux locaux, toujours au centre de Cavaillon. La Cantine y sera plus confortable et plus professionnelle. Alors les questions se multiplient. Passer à trois voire quatre repas par semaine. Poursuivre les réflexions sur les questions des approvisionnements, le matériel à trouver, les aménagements, les ateliers cuisine et le service traiteur à développer…

Au-delà de la Cantine, l’association Au Maquis poursuit ses initiatives sur la question alimentaire, avec notamment celle de la mise en place d’une sécurité sociale de l’alimentation. (Pour en savoir plus, lire ici et nos précédents articles sur le sujet).