L’idée de départ est simple : sauver les pollinisateurs sauvages, ces petites bêtes qui connaissent la destruction de leur habitat et une chute drastique de leur population. Pour qu’elles se nourrissent, s’installent et se reproduisent à nouveau, dans les Hautes-Alpes on a trouvé la parade.
La Butinerie du Buëch, à Montmaur (05), est la « petite sœur » d’une butinerie initiée dans les Alpes-de-Haute-Provence par France Nature Environnement 04. L’idée de butinerie dans les Hautes-Alpes a pu exister car membre de la SAPN (Société Alpine de Protection de la Nature) a confié à l’association un terrain de 1 ha sur la commune de Montmaur. Objectif : remettre en état une ancienne parcelle agricole où les insectes pourraient évoluer en toute liberté, sans pesticide ni dérangement.
Un projet qui séduit
D’un point de vue administratif, une convention a été signée entre la SAFER et le propriétaire, qui valide le projet environnemental. Le département des Hautes Alpes a apporté sa contribution financière en sélectionnant la Butinerie comme « projet innovant ». De son côté, la revue naturaliste « La Salamandre » a apporté son expertise dans la mise en œuvre du projet. Elle a également participé financièrement à son lancement. Le volet multigénérationnel et d’intégration sociale n’a pas été oublié : l’association de service civique Uni-cités est impliquée dans la démarche. Et c’est la SAPN qui est officiellement gestionnaire.
Plantation de haies, d’arbres fruitiers…
Grâce au soutien actif des adhérents bénévoles, les chantiers participatifs organisés ont permis de démarrer les travaux. Dans un premier temps, remettre en état la parcelle, puis amener l’eau d’un petit ruisseau à proximité, enfin sélectionner les essences pour la création de haies, plantations mellifères et fruitiers, sans oublier la création d’une mare. « Nous sommes bien entourés » nous raconte Eléonore, salariée de la SAPN 05. La Salamandre a mis à notre disposition tous ses manuels techniques, la FNE 04 nous a prodigué ses conseils… et nous faisons de l’auto-formation, rien de tel pour apprendre. Quand on sait que 75% de la population d’insectes a déjà disparu, on se dit qu’il est temps d’agir ! ».
Se retrousser collectivement les manches
Le chantier n’est pas terminé, les travaux vont bientôt cesser, pour cause de saison hivernale. Mais beaucoup reste à faire. Une fois l’aménagement terminé, il sera bien sûr temps d’animer le lieu. Sensibilisation des élus, des scolaires, du grand public. Les bénévoles et salariées de la SAPN ont encore de quoi faire ! Réaliser les travaux complémentaires, suivre les plantations, encadrer les chantiers participatifs, tout en poursuivant leurs actions militantes. Les sujets ne manquent pas, entre le projet de téléphérique sur la Grave ou celui d’une bassine à la Roche des Arnauds… sans oublier les JO 2030 en région Sud et AURA (Auvergne Rhône Alpes).
Une butinerie qui souhaite essaimer
Aujourd’hui la Butinerie du Buëch est sur les rails. Elle prévoit dès le printemps prochain d’évaluer scientifiquement les premiers résultats de son action. Des inventaires naturalistes sont d’ores et déjà programmés, tant pour les plantes que pour les insectes. Et là encore c’est un bénévole qui s’en chargera. Mais l’objectif est aussi de déployer ce modèle sur d’autres territoires. Un début de projet se profilerait à Rochebrune, sur la route du Lac de Serre-Ponçon. « Tout ce qui peut participer à lutter contre le changement climatique est une opportunité à saisir, insiste Eléonore. J’ai 26 ans et je suis capable de voir déjà les changements intervenus. Dans mon enfance, il m’est arrivé de ne pas pouvoir prendre le bus car il y avait trop de neige… ». Nous n’en sommes malheureusement déjà plus là…
La SAPN, une association sur le front
Le local de la SAPN 05 est installé en plein cœur de Gap et de nombreuses personnes poussent la porte pour s’informer sur les activités proposées. Eléonore fait partie des trois salariées que compte l’association. L’objectif de celle-ci : favoriser la connaissance naturaliste des Hautes-Alpes et protéger l’environnement de ce territoire. Elle fédère les associations de protection de la nature du département et participe activement à toutes les commissions départementales en lien avec les sujets aussi divers que la transition énergétique, l’agriculture et l’élevage, les espaces et milieux naturels, la faune et la flore et bien d’autres encore. Cet activisme protéiforme est rendu possible par la mobilisation sans faille de plus de 260 adhérents.