Jouques choisit de sanctuariser toutes ses terres agricoles

Sommaire

Jouques choisit de sanctuariser toutes ses terres agricoles Bleu Tomate le mag

Sur 8 000 hectares que couvre la commune de Jouques, les élus ont décidé d’en sanctuariser 1 600 pour l’agriculture. Soutenue par les agriculteurs du territoire, c’est donc une ZAP (Zone Agricole Protégée) qui a été créée.

Jouques choisit de sanctuariser toutes ses terres agricoles Bleu Tomate le mag
La base de travail de la future ZAP : bien connaître son territoire (source : Mairie de Jouques)

Préserver terrains exploités et friches

Ainsi que le définit la réglementation, « la Zone Agricole Protégée permet de préserver la vocation agricole des zones présentant un intérêt général en raison de la qualité de leur production, de leur situation géographique ou de leur qualité agronomique ». C’est au préfet que revient alors le pouvoir d’autoriser le changement d’affectation.

Dans le cas de Jouques, la ZAP correspond à toutes les terres agricoles existantes. Mais aux 1 100 ha exploités se rajoutent, et c’est tout l’intérêt de l’opération, 500 ha de friches, acquis par la commune, sur lesquels elle prévoit de favoriser l’installation de nouvelles exploitations.

Une trentaine d’agriculteurs

Sous forme de boutade, Eric Garcin, le maire de la commune et lui-même agriculteur, nous précise « On reconnaît les paysans de Jouques à ce qu’ils ont le sourire !! ». Ils sont à ce jour un peu moins d’une trentaine, tous engagés dans des pratiques respectueuses de l’environnement, même si très peu affichent  le logo AB. Vignes, oliviers, plantes aromatiques, plantes médicinales, grandes cultures. La variété des productions et la taille des exploitations permettent de commercialiser quasi exclusivement en vente directe. Les produits sont transformés sur place ou ailleurs mais revendus localement. Un moulin à huile et des caves particulières vinifient leur propre production, tandis que d’autres producteurs revendent légumineuses ou pâtes à base de farine locale. Pour Eric Garcin, c’est la clé de la rentabilité d’une structure.

Jouques choisit de sanctuariser toutes ses terres agricoles Bleu Tomate le mag
L’une des oliveraies de Jouques © OR

Une agriculture non productiviste

Pour mettre en oeuvre cette ZAP, la commune va être accompagnée par la Chambre d’Agriculture et l’association Terre de Lien . Il s’agit d’une part de déterminer le choix des prochaines productions, de rechercher d’autre part les candidats à l’installation. Ils devront s’intégrer à la vision partagée d’une agriculture non productiviste. Pas question de déséquilibrer le modèle existant qui convient à tous. C’est d’ailleurs ce qui motive en grande partie les exploitants agricoles, partie prenante active de ce projet. Le sujet du bâti disponible est également sur la table. Car comment attirer un agriculteur s’il n’est pas possible de lui fournir logement et bâtiments d’exploitation ? La discussion s’annonce ardue, mais les réponses apportées font partie de la réussite annoncée du projet de ZAP.

Accès à l’irrigation

D’autant que la ZAP va permettre d’améliorer leurs conditions de travail. En effet, compte tenu de l’envergure et du sérieux de ce projet, la Société du canal de Provence (SCP) démarre des travaux d’adduction d’eau. L’accès à l’irrigation va sécuriser les terres du plateau, et encourager l’installation des futurs candidats. Quant à ceux qui exploitent déjà, ils en bénéficieront également.

Jouques choisit de sanctuariser toutes ses terres agricoles Bleu Tomate le mag
Le plateau de Bèdes va pouvoir bénéficier d’un accès à l’irrigation © OR

Une cantine municipale et une conserverie-légumerie

Olivier Radakovitch, élu à l’environnement, nous détaille la cohérence de ces actions. «Compte tenu des différents programmes dans lesquels la commune est déjà engagée, les opportunités apportées par la ZAP nous permettent d’envisager d’autres projets. La plus avancée est la création d’une cuisine centrale, avec une ouverture annoncée pour janvier 2026. Nous respectons ainsi notre logique de consommer sur place la majorité de nos productions locales. Et avec l’aide de l’ADEME, nous allons réfléchir à l’opportunité de créer une légumerie-conserverie pour la transformation des produits qui ne seraient pas consommés dans nos cantines. » Le volet social est également abordé au travers d’un partenariat initié avec Aixmultiservices Environnement, plateforme d’aide à l’insertion autour d’activités agricoles et paysagères respectueuses de l’environnement. Une main d’œuvre complémentaire pourrait ainsi être proposée aux futurs agriculteurs.

Vers des exploitations à taille humaine

Le maire de Jouques est plutôt optimiste sur les chances de la commune de recruter des candidats partageant sa vision. «On constate en tout état de cause que les principaux candidats à l’installation sont aujourd’hui des personnes en reconversion. Et qui de ce fait ont une approche différente du métier ». Il aura le mot de la fin : « Si je devais m’installer aujourd’hui, je n’exploiterais pas plus de 2 hectares, et en permaculture. Je m’éviterai ainsi les plus gros postes de dépenses que sont le carburant, le matériel et les charges… tout en générant une rentabilité bien supérieure ! ». 

Jouques choisit de sanctuariser toutes ses terres agricoles Bleu Tomate le mag
Eric Garcin, maire, Olivier Radakovitch adjoint à l’environnement, et Elena Senante, conseillère municipale, lors de la remise du trophée Territoire Durable

L’essentiel

  • L’aménagement de Zones Agricoles Protégées est un outil majeur de sécurisation des terres agricoles. Ce dispositif permet aux communes de ne plus subir la pression foncière à laquelle elles sont de plus en plus fréquemment confrontées.

  • Sur la commune de Jouques, la mairie a elle-même investi dans l’acquisition de parcelles qui lui permettront de faciliter l’installation de nouveaux agriculteurs, enrichissant ainsi une offre locale de produits qualitatifs à destination de sa cantine municipale, voire sa conserverie-légumerie (encore en projet).

  • La réussite de ce type de programme tient également à la place donnée sur le travail des débouchés, en créant ou rejoignant une filière structurée.

Sommaire

Auteur / Autrice

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *