A 23 ans, cet étudiant en ostéopathie originaire d’Endoume, à Marseille, se passionne pour la Méditerranée. Sensibilisé à l’environnement depuis l’enfance, il participe avec l’association Clean my Calanques aux collectes de déchets, attentif à ce que sa génération devienne encore plus écolo-sensible.
Des canettes, des bouteilles en verre, en plastique, des objets divers… Depuis sa création en 2017, les collectes de déchets sur les plages de Marseille organisées par l’association Clean my Calanques ont montré combien le combat contre la pollution marine était hélas d’actualité. « La Méditerranée est la mer la plus polluée du monde. Beaucoup de déchets reviennent du large, sans compter les incivilités locales et les grèves d’éboueurs », constate le jeune homme.
Cours d’environnement au collège
Lui a fait sien depuis longtemps l’actvisme pour préserver la mer. Né à Endoume, il est depuis toujours attiré par Mare Nostrum et a été sensibilisé à l’écologie dès la classe de 5ème, après avoir suivi un cours optionnel d’environnement au collège Saint-Joseph les Maristes. Et puis, comme nombre de jeunes de sa génération, il a aussi pris son milieu familial à rebours « d’une éducation capitaliste et très consumériste », dit-il.
Fibre sociale avérée
Si l’on ajoute sa propension « à vouloir toujours aider les autres » – il a travaillé au Secours Populaire et s’implique dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles lors de soirées festives -, le jeune homme, qui aimerait travailler plus tard dans l’humanitaire, a logiquement rejoint les rangs de Clean my Calanques en 2020. « C’est une association très visible sur les réseaux sociaux. Le clip avec Bande Organisée a cartonné sur You Tube ».
Recycler les mégots, les bouchons…
Lui « cartonne » dans la sélection des déchets, au point qu’il a été surnommé « maître du tri » lors des opérations de ramassage ! « Avant, on mettait tout en vrac dans des sacs. Maintenant, nous étalons les déchets sur une bâche et les sélectionnons par type ». Cette évolution a permis de nouer des partenariats. Clean my Calanques s’est ainsi accoquiné avec Veolia, qui fournit des bennes de collecte. Recyclop récupère les mégots – une plaie sur les plages. Et Sauvage Méditerranée embarque les bouchons de plastique pour les recycler.
500 kg de déchets à chaque sortie
La quantité de détritus ramassés lors de chaque opération en dit toutefois long sur les efforts qui restent à fournir. « On ramasse une fois par mois minimum. Mais le plus souvent, c’est deux à trois fois. Une sortie, c’est 500 kg de déchets. A Callelongue, dans les calanques, on ramasse presque une tonne après l’été », constate, lucide, Joann Pellicci. Entre raisons d’espérer et scepticisme, il veut toutefois positiver.
Une question d’éducation, pas de classe sociale
« Je constate un début de changement chez les plus jeunes. Les primaires, les collégiens de 6ème et de 5ème sont sensibilisés à ces questions. Ils incitent leurs parents à participer aux opérations de ramassage. Tout est une question d’éducation, pas de classe sociale ni de géographie », assure le jeune adulte, qui observe aussi l’éco-anxiété qui taraude certains adolescents.
5 000 jeunes sensibilisés dans les écoles
Car Clean my Calanques ne se contente pas de récolter les détritus. L’association fait aussi œuvre d’éducation. Joann Pellicci anime ainsi des sorties avec des salariés d’entreprise, tandis que plus de 5 000 jeunes ont été sensibilisés dans les écoles du territoire. La com’ sur les réseaux sociaux est par ailleurs résolument « ado-compatible ». Dans le créneau générationnel de Joann, il y a « de plus en plus d’activistes », se félicite-t-il, à l’instar des leaders d’opinion Camille Etienne et Hugo Clément.
Mairie et Métropole, bords opposés
Reste que si de nombreux progrès sont constatés, rien n’est gagné d’avance. « Dans le Parc national des Calanques, la situation s’est améliorée. Mais cette année, nous sommes allés nettoyer le parc Corot, dans le 13ème arrondissement de Marseille. J’y ai vu des quantités inimaginables de déchets », s’attriste-t-il. Dans les calanques, Joann Pellicci attend avec fébrilité la fin de la saison estivale pour se faire une idée. « Je suis sceptique, en réalité ». Le combat contre la pollution des plages est une épreuve de fond. « La nouvelle municipalité à Marseille a pris quelques engagements. Le problème est qu’elle n’est pas du même bord politique que la Métropole ». Un syndrome « à la marseillaise » qui exige une volonté de fer pour changer de paradigme.
Pour aller plus loin
Voir les prochains événements de Clean my Calanques : cleanmycalanques.fr/evenements