Créé il y a 20 ans autour du jardinage thérapeutique et de l’autoproduction de légumes pour des personnes à petits revenus, l’association Jardilien continue sa mission en s’étoffant de nouvelles compétences… Avec un succès grandissant.
C’est un petit champ à l’orée des pins et face au Garlaban. Bordé de petites serres, de baraques et de buttes permacoles, sur lesquels règne fièrement un bel épouvantail. D’abord implantée à Pont-de-l’Étoile puis à Lascours, Jardilien étale aujourd’hui son presqu’hectare à Saint-Pierre-les-Aubagne, où l’asso résiste tant bien que mal à la pression foncière. Depuis une dizaine de mois, François Plesnar, par ailleurs paysan bio et local, en assure avec bonheur l’animation. Mais c’est aussi grâce à une belle bande de bénévoles, dont Lorence, la présidente, que l’action se perpétue.
Officiellement, la première mission de Jardilien est d’accueillir le public et entretenir ses 8 000 m2 de jardin pour en partager les récoltes entre les adhérents. Parmi ceux-ci, on trouve des familles avec enfants, des adultes seuls, actifs ou chômeurs… Ou un peu plus anciens. Comme Bernard et Bruno, deux frais retraités devenus inséparables. Et histoire de montrer que la fréquentation du jardin ne se cantonne pas à des catégories sociales bien définies, François remarque en s’amusant que « le public de Jardilien n’est pas très différent de celui du 13h de Jean-Pierre Pernod »… Peut-être au delà tout de même, puisqu’il s’apprête à recevoir les « migrants » accueillis à l’ancien Formule 1 de Gémenos.
Un public de toutes provenances
Évidemment, le jardin voit aussi passer les scolaires ou les centres aérés. Le paysan-animateur constate à ce propos combien les jeunes sont de plus en plus éloignés de la nature. « J’ai aujourd’hui l’impression que le rapport d’un petit Français à la nature et à l’agriculture est le même que celui qui était auparavant réservé à un petit Parisien. Une abstraction totale. L’imprégnation du coup de fourche a disparu et les Aubagnais sont devenus des citadins à part entière ».
Après un tel constat, l’objet de la mission prend encore plus d’importance. « Que ce soit hors les murs ou dans l’enceinte du jardin, on cherche autant à apporter des techniques pratiques qu’à initier le public à des représentations sur le rapport à l’autre, au vivant et à l’environnement. En même temps qu’on apprend à l’enfant à semer et à s’occuper de la plante, on lui parle forcément d’un certain mode de vie. On lui insuffle le goût du coopératif. Et ça marche ! ».
Le jardin comme vecteur de soin
Mais l’une des activités fondamentales de Jardilien depuis sa création est le jardinage thérapeutique qui, dans les faits, anime les lieux au quotidien. Dans ce cadre, les pensionnaires du foyer pour personnes handicapées Poinso-Chapuis descendent chaque semaine de Belcodène. Ce beau jour d’hiver, après avoir trié quelques aromatiques, Linda, Antoine et les autres se retrouvent autour d’un repas partagé et d’un sirop de sauge qu’ils viennent de préparer.
Rien ne leur ferait manquer ce rendez-vous avec le grand air, les saisons et l’action collective dont ils sont les acteurs. « Ici, chacun apporte sa contribution à l’ensemble. Aucune action n’est négligeable », rappelle François. Ce que Myriam confirme : « On n’est pas là que pour passer le temps et voir du monde. Ici on travaille. Mais c’est du plaisir ». Et les animatrices qui les accompagnent y prennent le même plaisir.
Un engouement toujours renouvelé
Au printemps dernier, la fréquentation du jardin a fait un bond, passant de 45 à 60 adhérents hors groupes. « 15 personnes ou familles de plus à nourrir, pour un petit jardin comme le nôtre, ça fait beaucoup », explique François. L’espace commençant à se faire rare, François voudrait maintenant « externaliser » quelques cultures en convainquant le propriétaire du terrain situé de l’autre côte de la route. Un bon emplacement pour des plantations comme les courges ou les pommes de terre.
« En été, on a pu monter les paniers hebdomadaires à 12 kilos. Mais l’hiver il faut plus voir ça comme un apport dans la consommation des familles ». Dans le même temps, les gens se faisant plus rares aux jours froids, la demande est aussi moins forte. Finalement avec la nature, tout se régule.
Accompagner jusqu’à l’autonomie
Une autre mission affectée à l’association et de soutenir la métropole dans l’accompagnement des groupes citoyens désirant faire du compostage. Le dernier composteur de 3 m2 installé à Aubagne en juillet rencontre un franc succès et fonctionne parfaitement. Et enfin, depuis 2 ans, Jardilien a vocation à mettre en place avec les habitants volontaires des jardins de ville, dits jardins « pied d’immeuble ». Souvent au moyen de bacs fabriqués par l’association.
Dans cet axe, le projet le plus développé est actuellement celui de la cité du Charrel à Aubagne. Cette initiative est réalisée au travers du contrat de ville sous financements européens. Mais Jardilien répond aussi aux demandes de toutes institutions recevant du public, comme le centre aéré de Peypin, le centre de formation de la Cadenelle à Marseille, l’école de Beaudinard ou autres maisons de retraite… Dans tous les cas, l’association donne l’impulsion de départ pour amener les usagers à poursuivre en toute autonomie.