Jeune entreprise aixoise, Ipsago a obtenu samedi 3 juin le prix spécial du jury aux Trophées de l’Innovation du Salon des agricultures de Provence. Après les biscuits zéro gaspi, la société propose des farines constituées de co-produits. Pour se régaler sans rien jeter.
Transformez le o d’Ipsago en un zéro, lisez en verlan… vous avez trouvé ? Zéro gaspi, c’est bien le credo d’Ipsago. L’entreprise produit depuis janvier 2022 des biscuits « aussi bon pour le palais que pour la planète ». « Issu d’une famille d’herboristes, j’ai été sensibilisé très jeune à la nécessité de respecter l’environnement et de ne pas gaspiller. Après avoir fait carrière pendant quinze ans dans l’informatique de la santé, j’ai eu envie d’évoluer vers un métier porteur de sens », explique Thibault Venezia, co-fondateur d’Ipsago avec Renaud Alouche, son ami d’enfance. « Passionné de cuisine, j’ai découvert le potentiel immense de la valorisation des surproductions et des co-produits, résidus de fabrication, parties d’ingrédients non utilisés et bien souvent gaspillés ».
Fruits, légumes, drêches, tourteaux et okaras
Le potentiel est immense : notre monde jette en effet 23 tonnes de fruits et de légumes par seconde. Chaque année, en France, on produit un million de tonnes de drêches, résidus du brassage de céréales. Ipsago collecte donc des fruits et légumes hors calibres ou en surproduction auprès de producteurs régionaux en agriculture biologique ainsi que des coproduits tels que les drêches de brasseries artisanales provençales, les tourteaux d’huileries, les okaras de laits végétaux ou encore les pulpes de fabricants de jus de fruits. « Nous avons développé des techniques de séchage permettant de valoriser les fruits et les légumes ainsi que les coproduits pour en faire des poudres, des purées, des farines. L’intégralité des ingrédients récupérés est bio. »
Piment/châtaigne ou orange épices
En août 2022 commence la commercialisation des premières gammes de biscuits. Côté apéritif, avec les CracOmalt, vous pouvez choisir entre patate douce, noisette, romarin, piment/châtaigne et carottes, cumin, sésame toast. Côté sucré, les Origin’O, sont des pétales fruités, orange épices ou pomme, coco, gingembre. Chez Bleu Tomate, nous les avons tous testés et nous sommes convaincus – avec une mention spéciale pour piment/châtaigne qui arrache un peu !
« Nos biscuits ne comportent aucun ingrédient d’origine animale, aucun ajout de sucre ou de sel. Ils sont particulièrement digestes et riches en fibre ». Les produits sont commercialisés dans les magasins bio, dans les épiceries fines et chez des cavistes. En 2023, Ipsago souhaite promouvoir la vente de poudres et farines permettant d’inventer des recettes originales et saines. « Un restaurateur pourra ainsi utiliser de la poudre d’épinards pour obtenir une pâte à tarte verte. Les déclinaisons sont infinies ».
Des process d’upcycling pour les coproduits
L’entreprise innove en permanence pour « développer de nouveaux prototypes de machines, bâtir des process, accompagner nos clients dans l’utilisation de nos produits. La R&D est un volet essentiel de notre activité. Nous avons d’ailleurs obtenu récemment une subvention de Bpi et du ministère de l’Agriculture afin de construire les process d’upcycling -revalorisation ou surcyclage – des coproduits ».
Née dans un atelier installé dans une maison familiale, l’aventure Ipsago se poursuit dans un atelier tout neuf de 130 m² dans lequel l’équipe vient d’emménager à Celony, près d’Aix-en-Provence. L’entreprise est, depuis son origine, une société à mission. « Le volet environnemental est important, mais l’aspect sociétal est également fondamental. Ainsi, l’ensachage, l’étiquetage et le colisage sont réalisés dans un centre d’hébergement et de réinsertion sociale de Rognes, l’Etape ».
Bio, savoureuse, écolo et tournée vers les autres… Ipsago, une société qui a tout bon, que Bleu Tomate suivra avec bonheur… et gourmandise.
Palmarès des Trophées de l’Innovation 2023
Le verdict est tombé samedi soir au Salon des Agricultures de Provence. Au total, 6 Prix sont venus récompenser entreprises, associations ou particuliers parmi les 9 finalistes.
A tout seigneur tout honneur, le jury a décerné le 1er Prix à la Routo de la Maison de la Transhumance. Ce projet de chemin de Grande Randonnée, désormais le GR 69, a abouti l’année dernière. Il relie Arles à Cuneo en Italie, en suivant les anciens itinéraires des troupeaux en transhumance.
Valoriser le pastoralisme
Mais pour Patrick Fabre, le directeur de la Maison de la transhumance, « tout commence aujourd’hui. Ce GR doit servir de support à tous les acteurs du territoire pour valoriser ce patrimoine encore très présent ».
Car la transhumance, fait économique mais aussi social, culturel et bien sûr patrimonial, a inscrit une empreinte profonde sur les territoires. Elle se donne à voir au long des chemins eux-mêmes, mais aussi dans tout le patrimoine pastoral, comme les fontaines encore présentes dans les villages.
L’élevage ovin toujours présent
« Nous allons travailler avec les hôtels, restaurants, offices de tourisme, les Parcs ou encore les collectivités ou bien les guides accompagnateurs, décline Claire Dallemagne, chargée de mission à la Maison de la transhumance. L’objectif est que les habitants tout comme les visiteurs renouent avec cette tradition ».
Une tradition toujours bien vivace, même si elle est moins visible. Aujourd’hui encore, 600 000 bêtes montent aux estives chaque année.
Un encouragement pour l’avenir
« Ce Prix nous rend très heureux, témoigne Patrick Fabre. Il vient reconnaître un travail de 15 ans et nous donne encore plus de crédibilité ! Il nous encourage à nous investir encore plus fortement, avec tous nos partenaires ».
Le 1er Prix s’accompagne d’un chèque de 5000 € que la Routo va sans doute investir dans des outils numériques pour mieux informer le public de ses animations et initiatives.
Un peu de jambon cru d’agneau ?
Le Jury en tout cas a apprécié ce produit tout nouveau en France. Il a attribué à son inventeur le 2e Prix des Trophées de l’innovation. Guillaume Ciancanelli est éleveur de brebis mérinos à Saint-Martin-de-Crau. Son idée ? Proposer un produit 100% agneau. Il a donc affiné pendant 3 mois son jambon –au foin de Crau, s’il-vous-plaît ! Résultat un jambon au goût très fin et légèrement parfumé, destiné aux grandes occasions. Car il a l’intention de le commercialiser, mais son jambon cru d’agneau restera un produit onéreux.
L’outil « tout en un »
Avec l’Hydroseeding traîné, la société Chabas a séduit le Jury qui lui a décerné le 3e Prix. Une machine capable de semer dans les inter-rangs de vigne des plantes qui pousseront mais resteront très basses. Avantage : elles ne concurrenceront pas la vigne, mais conserveront l’humidité, lutteront contre l’érosion et abriteront une biodiversité d’insectes. Un seul passage tous les 3 ans, au lieu de 4 chaque année. L’équivalent selon ses promoteurs, de deux mois de travail par an (pour une exploitation de 50 ha).
Les coups de cœur
Outre Ipsago, qui a obtenu le Prix Spécial du Jury, deux autres structures sont récompensées.
Shiso et Cie, qui invite à cultiver le shiso en Provence a reçu le Prix Transition et Biodiversité. Le climat s’y prête très bien. Cette plante originaire du Japon, riche en acides gras Omega 3 a des valeurs nutritionnelles, antiseptiques et antiallergènes. On peut consommer ses feuilles fraîches ou séchées ou encore sous forme d’huile essentielle. Les graines donnent de l’huile végétale. Autre avantage, le shiso, semé entre deux cultures restructure les sols et aide ainsi à nettoyer les parcelles.
Quant à l’association Ecomouv, elle reçoit le Prix Spécial de la Transition pour les cabas Tuyau. A partir des tuyaux d’arrosage au goutte-à-goutte en fin de vie, qui encombrent les fermes et sont difficilement recyclables, Stéphanie Dick a imaginé de fabriquer des cabas. Elle a aussi inventé tous les outils nécessaires pour transformer des déchets en objets robustes, très pratiques et anti-gaspi.