L’Ecolieu du Plan du Pont ? Une oasis féconde et durable. La remise en culture de zones abandonnées déploie son utilité agricole et solidaire. Ses atouts : la production d’une alimentation de qualité, la reconnexion à la nature et le renforcement du lien social.
Un jardin collectif plutôt que des jardins partagés
La nuance est importante, et c’est ce que nous explique Jean-Ronan Le Pen, coordinateur du projet. « Au-delà de la possibilité de mettre en œuvre un « design permacole » grâce à l’absence de morcellement des parcelles, ce projet collectif permet aussi un partage permanent et riche entre les adhérents qui travaillent le terrain ». L’aspect innovant de ce projet, c’est que l’association créée à l’occasion, et forte de 150 adhérents, demande à chacun de consacrer 2h par semaine aux tâches collectives. Chacun en contrepartie récupère 1 panier par semaine.
Quant à l’aspect social de ce projet atypique, c’est qu’il ambitionne également de donner accès à une alimentation saine et locale à la frange de population en précarité alimentaire identifiée sur Hyères, à savoir sans abris et habitants des quartiers prioritaires.
Une initiative récente mais résolument ambitieuse
« Grâce aux fonds débloqués dans le cadre du Plan France Relance, nous avons bénéficié en 2021 d’une aide financière qui nous a permis d’acquérir infrastructure et matériel pour nous lancer », poursuit Jean-Ronan. « La mise en culture a été une réalité en 2022. Nous sommes accompagnés par un responsable technique, salarié de l’association. Sa récente formation en agro-écologie lui permet d’avoir la vision d’une agriculture moderne et adaptée aux besoins locaux. Il détermine plan de culture et plan de semis, il encadre les adhérents pour 3 sessions par semaine. Et nous allons pouvoir enfin utiliser nos propres graines. »
Poursuivre l’extension des terres cultivées
Si la plaine du Plan du Pont était jusque dans les années 90 une importante zone de fruitiers et de production maraichère, les terres étaient depuis à l’abandon. Une zone de friches qui ne pouvait demeurer en l’état. La crise de la COVID-19 a mis en évidence la nécessaire résilience alimentaire sur les territoires. 10 ha sont disponibles. Si 1ha est depuis consacré au maraîchage en permaculture, la dotation du Prix du Patrimoine Naturel de la Fondation Etrillard va permettre le lancement d’un nouveau projet : le développement d’un verger collectif attenant au jardin. Les pratiques agricoles mises en œuvre seront identiques, et ce projet se destine à intégrer un nouveau public, les scolaires.
Avec la population locale, pour la population locale
Tout est fait pour que le projet réussisse : intervention d’un hydrogéologue pour confirmer la composition du sol, choix des espèces adaptées aux nouvelles conditions climatiques. Sur 3,3 hectares, ce verger accueillera, en plus de 1 000 arbres fruitiers plantés dans les 3 ans à venir, une bergerie, un rucher, un poulailler, une oliveraie et une cuisine-laboratoire reconstituant ainsi un écosystème vertueux et pédagogique pour la population locale.
Et en cadeau, le retour de la biodiversité
Jean-Ronan est catégorique. Depuis un an et demi que le projet se met en place, tous ont pu assister au retour de la biodiversité. Insectes, pollinisateurs, oiseaux, petits mammifères… Chacun trouve sa place dans cet écosystème bienfaisant. Les membres de l’association avancent ensemble, essaient, se trompent parfois. La meilleure preuve de la réussite de ce projet est la solidarité et le partage que vivent au quotidien toutes les acteurs de cette belle expérience.
Le Prix du Patrimoine Naturel de la Fondation Etrillard
Il est né de la volonté de préservation et de développement des espaces naturels existants. Il valorise l’idée que la nature, comme l’art, l’architecture ou le vivant, constitue une part entière de notre patrimoine collectif, qui doit être protégée, enrichie et léguée aux générations futures.
Au travers de ce prix, la Fondation Etrillard soutient ainsi financièrement des projets ambitieux et innovants, qui visent à réhabiliter des sites délaissés ou en voie de transition écologique. D’une dotation de 30 000 CHF (francs suisses), il permet ainsi au lauréat de poursuivre ou d’accélérer son projet au bénéfice de l’Homme et de la planète, dans un contexte d’urgence écologique.
La prochaine édition du Prix du Patrimoine Naturel est lancé. Les dossiers de candidatures peuvent être déposés du 17 septembre 2023 au 29 février 2024 sur le site de la fondation.